La diplomatie sénégalaise a été toujours en avance sur celle des autres pays, de la sous-région Afrique de l’Ouest et même au-delà. Cependant, les choix opérés par le régime libéral, ont été très néfastes sur le positionnement du Sénégal, au sein des différentes organisations internationales. Ce retour du Sénégal à la tête de la présidence de la Commission de l’Uemoa devra sonner un nouveau départ dans les instances de décisions des organisations africaines.
Dans le communiqué final du dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (Uemoa), il est mentionné que le Sénégal va retrouver la présidence de la Commission de l’Organisation sous régionale. C’est une bonne nouvelle pour le Sénégal, et c’est peu de dire que, la traversée du désert va prendre fin.
Le Sénégal va revenir au-devant de la scène diplomatique sous régionale. Une sphère qu’il n’aurait jamais dû quitter. Le Sénégal a en effet, joué et a perdu. Et dans cet échec, notre pays y a laissé des plumes. Dans les faits, des ‘’poids plumes’’ de la zone se sont permis, de le toiser à cause d’une monumentale erreur du gouvernement de l’ex président Abdoulaye Wade. En voulant faire bouger les lignes, avec sa théorie de la rotation au niveau des postes de responsabilité, dans les différentes institutions de la sous-région, Abdoulaye Wade a fait perdre au Sénégal, le poste de président de la Commission de l’Uemoa, en refusant de présenter la candidature de Moussa Touré, en 2004. Le pire, c’est qu’il n’a pas réussi à faire plier la Côte d’Ivoire, sur sa position consistant à ne jamais laisser à un autre ressortissant de la sous-région Afrique de l’Ouest, le soin d’occuper le poste de gouverneur de la Bceao. Le dirigeant de la Côte d’Ivoire d’alors, le président Laurent Gbagbo était resté ferme sur sa position. Après deux mandats du Mali, avec le défunt président Soumaila Cissé, un retour éclair du Sénégal au poste avec Cheikh Hadjibou Soumaré et un mandat du Niger, le Sénégal retrouvera la présidence de la Commission de l’UEMOA, en Mai 2021.
Une redistribution des rôles
Ce retour au-devant de la scène ne sera pas sans conséquences. Il y aura sans doute une redistribution des rôles. Si la Côte d’Ivoire reste solidement accroché au gouvernorat de la Bceao et que le Sénégal retrouve la présidence de la Commission de l’Uemoa, les deux postes majeurs au sein de l’Union, il faudra que les autres pays soient servis. Le poste de vice-gouverneur qui a avait été octroyé au Sénégal, pour palier la perte de la présidence de la Commission au profit du Niger, devra sans doute être l’apanage d’un autre Etat. L’ancien ministre de l’Economie, sous Abdoulaye Wade, Abdoulaye Diop en l’occurrence devra certainement quitter le poste, au profit d’un ressortissant d’un autre pays, de la sous-région. En effet, avant ces bouleversements, la vice-présidence de la BCEAO était occupée par un ressortissant du Burkina Faso.
Qui sera le prochain président de la Commission de l’Uemoa ?
La question qui se pose maintenant est celle de savoir qui sera la personnalité que le Sénégal choisira, pour occuper le poste de président de la Commission de l’Uemoa ? Jusqu’à présent, les deux Sénégalais qui ont eu à occuper ce poste ont été soit ministre de l’Economie, avec Moussa Touré ou ministre délégué au budget, puis Premier ministre avec Cheikh Hadjibou Soumaré. Les deux autres, présidents de la Commission non Sénégalais, avaient tous les deux occupés dans leur pays respectifs, le poste de ministre de l’Economie. Il apparait au vu de tout cela que, les personnalités qui ont eu à occuper la fonction de ministre de l’économie au Sénégal auront certainement la faveur des pronostics. Surtout ceux-là qui sont proches du régime de Macky Sall. Sur cette liste les noms des personnalités suivantes apparaîtront certainement : Amadou Kane, le premier ministre de l’Economie sous l’ère Macky Sall, son successeur, Amadou Ba, les deux inspecteurs d’Etat et anciens ministres du budget, Mamadou Makhtar Cissé et Birima Mangara, Amadou Hott, l’actuel ministre de l’économie, Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre des Finances et pourquoi pas Abdoulaye Diop, vice-gouverneur de la Bceao.
Dans tous les cas, le choix du président Macky Sall devra porter sur une personnalité qui saura redonner au poste son lustre d’antan et permettre aussi au Sénégal d’opérer un vrai retour au-devant de la scène économique sous régionale, en tant que seconde locomotive économique de l’Union.
Aliou Kane Ndiaye