Un « dialogue présidentiel » sur l’agence africaine de notation

À l’occasion du Sommet de l’Union africaine, le 14 février, les dirigeants africains auront l’occasion de renforcer leur attachement à la création d’une agence africaine de ratings.

 

Alors que le continent poursuit sa marche vers l’intégration et la résilience économiques, la création de l’Agence africaine de notation de crédit (AfCRA, selon son acronyme anglais) représente une étape cruciale pour affirmer la position de l’Afrique en matière de gouvernance financière mondiale.

Selon l’Union africaine, la création d’une agence africaine dédiée vise à fournir des notations de crédit équitables, transparentes et axées sur le développement, qui reflètent les réalités et le potentiel des économies africaines. L’AfCRA devrait être officiellement lancée en juin 2025 dans le cadre du programme plus large de l’Union africaine pour l’intégration et l’indépendance financières. Le processus de création est en cours, y compris les consultations des parties prenantes et les initiatives de renforcement des capacités.

Cet événement, qui se tiendra en marge du 37e Sommet ordinaire de l’Union africaine en son siège, « souligne l’engagement de l’Afrique à renforcer la souveraineté financière du continent et à relever les défis de longue date liés aux trois agences internationales de notation de crédit », explique l’UA.

Il s’agit, rappelle l’UA dans un document de présentation, d’une initiative continentale visant à fournir des notations de crédit indépendantes, crédibles et africaines pour les États souverains, les entités sous-souveraines et les entreprises. « Son objectif principal est d’améliorer la transparence, de réduire la dépendance vis-à-vis des trois agences internationales de notation de crédit et de répondre aux besoins spécifiques des pays, des institutions et des contextes africains. »

L’AfCRA a été créée pour répondre aux préoccupations concernant les biais perçus, les inexactitudes et les coûts élevés associés aux agences internationales de notation de crédit lors de l’évaluation des pays africains. Elle permettra au continent de disposer d’un système de notation de crédit qui reflète les réalités sociales et économiques uniques de l’Afrique et favorise une représentation plus juste de sa solvabilité.

Contrairement aux agences de notation traditionnelles, celle-ci se concentrera exclusivement sur les économies africaines, en intégrant des données et des indicateurs spécifiques à la région. Elle aura pour mandat de renforcer les marchés financiers africains tout en promouvant la transparence, l’équité et l’inclusivité. Elle mettra également l’accent sur des cadres d’évaluation du crédit axés sur le développement et adaptés aux divers contextes du continent.

Un agenda serré

De son côté, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) « continuera de jouer un rôle crucial en tant que soutien et partenaire stratégique dans le développement et les opérations » de la nouvelle agence, promet l’UA. Il fournira des informations sur la gouvernance, des cadres institutionnels et une expertise technique qui éclaireront les méthodologies de l’agence de notation. Le MAEP veillera également à ce que l’agence s’aligne sur les objectifs plus larges de l’Union africaine en matière de développement durable et d’intégration.

Logos des trois grandes agences américaines.
Une agence africaine de crédit pourra-t-elle rivaliser avec les grands noms du secteur ?

Dans l’esprit de ses concepteurs, l’objectif de l’AfCRA n’est pas de concurrencer ou de remplacer les trois agences de notation internationales, mais plutôt de les compléter en apportant une perspective alternative. Elle s’attachera à combler les lacunes en matière de données et d’analyse, à prendre en compte les nuances régionales et à promouvoir l’intégration financière africaine. « Cela permettra d’avoir une vision diversifiée de la solvabilité et favorisera la collaboration dans l’intérêt de tous. »

Empiriquement, l’agence réduira le coût des notations de crédit pour les pays et les entreprises africains, améliorera leur accès aux marchés des capitaux et garantira une représentation plus juste de leur solvabilité. Elle fournira également une plateforme pour promouvoir les projets et les investissements africains, stimuler la croissance économique et la stabilité financière régionale.

Dans cette perspective, les chefs d’État et de gouvernement se réuniront pour un « dialogue présidentiel » consacré à la future agence africaine de notation de crédit, le 14 février 2025. Organisé sous les auspices du MAEP, cet événement conviera des décideurs politiques, des experts financiers et des partenaires de développement pour discuter de la création de cette nouvelle structure.

Les principaux objectifs de la réunion seront de réaffirmer la volonté politique et l’engagement collectif en faveur de la création de l’AfCRA ; de discuter de l’avancement des travaux techniques en cours ; de définir le rôle de l’agence dans le soutien à la stabilité financière et à la croissance de l’Afrique ; d’explorer les possibilités de partenariats de collaboration avec les partenaires de développement et les institutions financières internationales.

Le Sommet de l’Union africaine se déroulera les 15 et 16 février à Addis-Abeba (Éthiopie).

Le Magazine de l’Afrique

Author: admin