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Cette mise en commun des efforts est annoncée, alors que le gouvernement Sonko doit rassurer les créanciers et investisseurs tout en répondant aux attentes sociales de la jeunesse.
Alors qu’au Sénégal, on reste dans l’attente du rapport de la Cour des comptes sur les dettes publiques dissimulées, qui devrait être publié avant la fin de ce mois de février, les responsables du Fonds monétaire international (FMI) ont indiqué qu’ils travaillent avec les autorités pour comprendre les causes ayant conduit à cette situation.
« Les équipes du FMI travaillent en étroite collaboration avec les autorités pour identifier leurs besoins en développement des capacités et mettre en œuvre les mesures correctives nécessaires afin de remédier aux causes profondes des déclarations erronées. Ces efforts visent à renforcer la transparence, consolider la responsabilité et prévenir la récurrence de telles erreurs à l’avenir », a fait savoir Julie Kozack, directrice du département de la communication du FMI, lors du récent échange régulier avec la presse.
L’approche ainsi annoncée se veut plus positive et dynamique, car elle permettra aux créanciers du Sénégal, qu’ils soient issus de l’UEMOA ou d’ailleurs, d’avoir une vision plus précise de l’encours réel de la dette du pays. Surtout, le processus vise à mettre en place des mécanismes pour empêcher qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir. Dans tous les cas, les chiffres de la dette sénégalaise devraient être revus à la hausse après la publication du rapport.
Dans ce contexte, la collaboration avec le FMI est cruciale, car elle devrait permettre d’aboutir à la poursuite du double programme d’un montant global de 1,8 milliard de dollars, approuvé le 26 juin 2024, mais dont le processus de décaissement a été suspendu après la révélation d’un rapport de l’Inspection générale du ministère des Finances. Celui-ci évoquait une dette et un déficit public pour la période 2019-2024 bien plus élevés que ceux initialement annoncés.
Ainsi, au-delà de clarifier la situation, les différents acteurs impliqués dans le processus devront également démontrer comment le pays peut continuer à honorer ses engagements, dans un contexte où les finances publiques sont déjà sous pression. A ce stade, le gouvernement doit trouver des fonds pour financer un déficit budgétaire estimé à 7,1% du PIB, ainsi qu’un montant record de 2900 milliards FCFA (4,6 milliards $), soit 12,7% du PIB, pour rembourser sa dette, dont 932 milliards FCFA (4,1% du PIB) d’intérêts en 2025, soit l’équivalent de 19,4% des recettes budgétisées.
Ces contraintes surviennent alors que le gouvernement fait face à de fortes attentes. La croissance des dernières années n’a pas profité à l’ensemble des Sénégalais, et la demande en infrastructures sociales, notamment dans la santé publique, l’éducation et le logement, reste particulièrement élevée pour de nombreux ménages.
Le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko doit désormais trouver des solutions pour répondre aux attentes d’une jeunesse qui l’a fortement soutenu. Plusieurs mesures ont été annoncées, notamment en matière fiscale et de gestion des finances publiques. Toutefois, il reste à voir comment le secteur public sénégalais pourra poursuivre son agenda tout en rassurant les partenaires extérieurs, le secteur privé local et le secteur financier de l’UEMOA. Sur ce point, le FMI pourrait jouer un rôle capital.
(Agence Ecofin)