L’« avenir prometteur » de l’Afrique dans le pétrole

Tandis que la demande mondiale devrait continuer de progresser, l’Afrique imprime sa marque dans l’industrie pétrolière et gazière. Le Sénégal devrait lancer un projet majeur en 2025.

 

La demande mondiale de pétrole devrait atteindre 120,1 millions de barils par jour (bpi) d’ici à 2050, tandis que la demande d’énergie augmentera de 24 % au cours de la même période, prévoit le secrétaire général de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Haitham Al Ghais a émis ce pronostic lors de la Semaine africaine de l’énergie, « Investir dans les énergies africaines ». Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, les producteurs africains joueront un rôle central dans la satisfaction de la demande croissante.

Au-delà du Sénégal et de la Mauritanie, les pays voisins encouragent les opportunités de blocs offshore. La Guinée, par exemple, finalise les termes d’un appel d’offres portant sur 22 blocs, ce qui devrait amener de nouveaux acteurs sur le marché.

« La demande sera alimentée par une économie mondiale qui devrait plus que doubler pour atteindre plus de 360 000 milliards de dollars d’ici à 2050. Le moteur de cette croissance économique est l’augmentation rapide de la population mondiale, qui devrait atteindre 9,7 milliards de personnes, contre 8 milliards actuellement. L’urbanisation mondiale va continuer à s’intensifier. Plus de 600 millions de personnes devraient s’installer dans de nouvelles villes à travers le monde, y compris en Afrique », a-t-il détaillé.

Pour l’Afrique, qui est confrontée à une crise énergétique avec plus de 600 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité et plus de 900 millions de personnes n’ayant pas accès à des solutions de cuisson propres, l’augmentation de la production de pétrole et de gaz constitue une exigence fondamentale. Tel est du moins l’avis des professionnels du secteur, réunis par la Chambre africaine de l’énergie (AEC).

« Le pétrole et le gaz resteront les combustibles prédominants dans le bouquet énergétique. Afin d’assurer la sécurité de l’approvisionnement pour répondre à cette demande, nos industries doivent investir et augmenter les niveaux d’investissement de manière significative dans les années à venir », a d’ailleurs déclaré le secrétaire général de l’OPEP.

Yakaar-Teranga bientôt opérationnel ?

Qui a estimé que pour l’Afrique, l’« avenir est prometteur ». En effet, le continent possède des réserves prouvées de pétrole estimées à 125 milliards de barils. « Il est essentiel que les pays africains développent ces ressources en ayant accès au financement et à la technologie nécessaires. C’est essentiel pour le développement économique et social du continent et de ses habitants. »

De cet événement du Cap, plusieurs informations ont filtré sur l’avenir des secteurs pétroliers et gaziers. Ainsi, on a appris que le projet Yakaar-Teranga, situé au large du Sénégal, devrait faire l’objet d’une décision finale d’investissement en 2025, avec un démarrage de la production entre 2028 et 2029. Selon le directeur général de Petrosen, Thierno Ly. Yakaar-Teranga constitue « un projet de grande envergure ». Il se concentre sur la production de gaz pour le marché intérieur. « Nous travaillons avec notre partenaire Kosmos Energy. Nous en sommes aux dernières étapes du projet et nous cherchons un partenaire qui nous rejoindrait pour apporter une valeur ajoutée à ce projet. D’ici la fin de l’année, nous prévoyons qu’un tiers nous rejoindra », a déclaré Thierno Ly.

Le projet Yakaar-Teranga n’est qu’un des nombreux projets en cours dans la région. Le Sénégal a franchi une étape importante en 2024 avec le début de la production du champ pétrolifère de Sangomar. Premier projet pétrolier offshore du pays, ce projet de 5,2 milliards $ a une capacité de 100 000 bpi. Le Sénégal a également 16 blocs offshore disponibles pour des appels d’offres et s’attend à ce que la première phase du développement du GNL Greater Tortue Ahmeyim (GTA) commence ses opérations sous peu.

« Sangomar a été une étape importante pour le pays », a déclaré Papa Samba Ba, du ministère sénégalais du Pétrole et de l’énergie. « Ce projet signifie que nous pouvons fournir une énergie abordable, accessible et durable à la population. Il s’agit d’une priorité absolue et d’une vision du gouvernement. »

Pour la Mauritanie, GTA ne représente que le début de ses ambitions énergétiques. Le pays abrite également le projet BirAllah de 13 billions de pieds cubes, offre quinze blocs offshore pour l’exploration en 2024 et encourage les investissements dans les énergies renouvelables et l’exploitation minière.

 

Des verrous à faire sauter en Afrique centrale

« En nous appuyant sur trois éléments, à savoir le gaz, l’exploitation minière et les énergies renouvelables, nous avons mis en place une vision énergétique intégrée qui vise à positionner le pays comme un exportateur majeur. Notre vision est d’avoir un accès universel à l’électricité d’ici 2030 et nous avons besoin de toutes ces énergies pour y parvenir », a déclaré Moustapha Bechir, conseiller auprès du ministère mauritanien du Pétrole et de l’énergie.

Au-delà du Sénégal et de la Mauritanie, les pays voisins encouragent les opportunités de blocs offshore. La Guinée, par exemple, finalise les termes d’un appel d’offres portant sur 22 blocs, ce qui devrait amener de nouveaux acteurs sur le marché. Le pays vise à intégrer non seulement sa seule industrie énergétique avec d’autres secteurs tels que l’exploitation minière, mais aussi ceux des voisins régionaux. De même, la Gambie présente également un potentiel de découvertes majeures au large de ses côtes.

NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l'énergie.
NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie.

L’Afrique centrale n’est pas en reste. De nombreux projets pourraient être débloqués, à condition de mieux encourager le climat des affaires. En effet, les subventions, les taxes et les conditions fiscales peu attrayantes ont dissuadé les investissements étrangers, déplore l’AEC. Qui s’élève par exemple contre la réglementation des changes imposée par la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale). Elle constituerait « un obstacle majeur pour les projets énergétiques dans la région, à un moment où les capitaux étrangers sont les plus nécessaires », a déclaré le lobbyiste NJ Ayuk (AEC) lors d’une réunion au Gabon, fin octobre.

On a enfin appris que la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), la compagnie pétrolière nationale de la République du Congo, s’est associée à la State Oil Company of the Republic of Azerbaijan (SOCAR) pour moderniser la raffinerie CORAF, un actif clé du secteur énergétique congolais.

Le Magazine de l’Afrique