Pour des raisons étrangères à sa politique, conforme aux attentes, la Mauritanie pourrait, à court et moyen termes, enregistrer une croissance moindre que ces dernières années.
En dépit de la résilience de l’économie mauritanienne, la croissance devrait marquer un ralentissement en 2024 et à moyen terme, prévient le FMI (Fonds monétaire international). L’institution de Washington redoute la persistance des tensions géopolitiques dans la région, des retards dans le démarrage de l’exploitation du projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), et de nouveaux « chocs météorologiques ».
Par ailleurs, la Mauritanie et l’Algérie viennent de conclure un accord de coopération militaire, dans le domaine d’échange de renseignements.
Pour autant, le FMI prend acte d’une politique budgétaire « prudente » des autorités mauritaniennes, avec lesquelles il s’est entendu sur les programmes de soutien en cours. La Mauritanie recevra prochainement un décaissement de 36,16 millions de DTS (environ 44,6 millions d’euros).
En 2024, la croissance du pays devrait ressortir à 4,6 %, contre 6,5 % en 2023, en raison du ralentissement du secteur extractif. En 2025, le PIB pourrait progresser de 4,2 %, reflétant cette fois un ralentissement du secteur minier, modéré par le démarrage anticipé du projet GTA.
L’« ancrage de la politique budgétaire au solde primaire non extractif réduirait l’impact des fluctuations des prix des matières premières sur l’économie et maintiendrait la soutenabilité de la dette », résume Félix Fischer, représentant du FMI à l’issue d’une mission effectuée dans le pays.
Après un resserrement depuis 2022, juge le FMI, les conditions sont favorables pour un assouplissement de la politique monétaire. L’institution « encourage » les réformes en cours visant le développement et la stabilité du secteur financier, ce qui devrait renforcer à terme sa contribution au développement économique. « L’adoption du nouveau Code des investissements dans les délais devrait assurer des règles de jeu équitables pour tous les acteurs économiques et favoriser une croissance inclusive tirée par le secteur privé. »
Une politique crédible
Évoquant le soutien actuel du FMI, le représentant Félix Ficher considère que les performances au titre du programme sont robustes : « Tous les objectifs quantitatifs pour fin juin 2024 ont été atteints. » La consolidation budgétaire se poursuit, en vue de converger à moyen terme vers l’ancre budgétaire de 3,5 % du PIB. « Capitalisant sur le potentiel fiscal substantiel de la Mauritanie, l’amélioration de la mobilisation des recettes intérieures, contribuera à créer des espaces budgétaires pour faire face aux besoins importants de développement de la Mauritanie, tout en préservant la crédibilité du cadre budgétaire à moyen terme. »
De son côté, le programme de réformes structurelles, intégrant les considérations climatiques, « avance positivement ». Le FMI note les progrès réalisés dans la finalisation des projets de loi portant sur les entreprises publiques, la déclaration du patrimoine, et les conflits d’intérêts.
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