C’est la première émission publique d’eurobonds par une institution financière en Afrique subsaharienne depuis 2021, souligné Ecobank. L’opération a été sursouscrite à plus de 2,1 fois pour un taux de 10,125%.
Ecobank Transnational Incorporated (ETI) a déclaré mercredi 9 octobre avoir levé 400 millions de dollars via une émission obligataire senior non garantie, d’une échéance de 5 ans, à un taux de 10,125% (échéance fixée au 15 octobre 2029). Il s’agit de la troisième émission d’ETI sur les marchés obligataires internationaux et de la première émission publique d’eurobonds par une institution financière en Afrique subsaharienne, depuis 2021.
Les obligations, dont les intérêts seront payables semestriellement à partir d’avril 2025, ont suscité une forte demande, avec un livre d’ordres sursouscrit à plus de 2,1 fois, a indiqué la banque panafricaine. L’opération a été menée par un consortium de banques, dont Absa, Africa Finance Corporation, Afreximbank, Mashreq, et Standard Chartered, agissant en tant que chefs de file. Renaissance Capital Africa a joué le rôle de conseiller financier, avec l’implication des institutions financières de développement, notamment Africa Finance Corporation, Proparco et la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe, « qui ont contribué à l’ancrage de cette transaction ».
L’institution financière basée à Lomé précise que les fonds « seront utilisés pour des besoins généraux de l’entreprise, y compris le refinancement du prêt relais à obligations senior de 350 millions de dollars contracté en mars 2024 », lequel avait lui-même servi à rembourser une obligation de 500 millions de dollars émise en 2019.
Des défis pour Ecobank Nigeria
Bien que l’emprunt obligataire de 400 millions $ renforce la position financière d’ETI, le groupe doit encore faire face à certains défis au sein de ses filiales, notamment en ce qui concerne Ecobank Nigeria. Celle-ci traverse actuellement une période difficile en raison de la non-conformité de son ratio de fonds propres. Selon une analyse récente de Moody’s, la filiale nigériane a sollicité un moratoire de six mois auprès de ses créanciers pour reporter l’échéance d’une obligation de 300 millions $, arrivant à maturité en 2026.
Ce moratoire permettrait à Ecobank Nigeria de mobiliser 200 millions $ pour renforcer son capital de base et ainsi ramener son ratio de fonds propres à plus de 10 %, un seuil minimum nécessaire pour respecter ses engagements contractuels et maintenir sa crédibilité sur le marché.
Moody’s a cependant averti qu’une intervention directe d’ETI pour soutenir sa filiale nigériane pourrait exercer une pression supplémentaire sur la liquidité du groupe, dans un contexte global de financement tendu. Néanmoins, avec un ratio de capital total de 14,1 % au 30 juin 2024, supérieur aux exigences minimales de 8 %, ETI semble bien positionnée pour surmonter ces défis, surtout requinquée par le nouveau financement obtenu auprès des investisseurs.
Un plafond de 600 millions $
L’opération de sortie sur le marché international de la dette a été décidée en juin. Lors de l’Assemblée générale extraordinaire tenue à Lomé, l’ancien président du conseil d’administration, Alain Nkontchou, avait évoqué la possibilité pour la banque de lever jusqu’à 600 millions de dollars par le biais de nouvelles euro-obligations. Cette résolution avait reçu l’approbation des actionnaires.
Depuis le 30 septembre, Ecobank a entamé une tournée auprès des investisseurs institutionnels afin de convaincre les plus grands portefeuilles de participer à cette nouvelle levée de fonds.
(Agence Ecofin)