Les dernières sorties sur le marché de la dette de l’Uemoa révèlent des fortunes diverses. Alors que le Mali a réussi à attirer les investisseurs avec une émission largement couverte, le Niger a rencontré plus de difficultés à placer ses titres.
Alors qu’il recherchait 25 milliards FCFA, le Mali a réussi à lever 22,6 milliards FCFA (38,2 millions $), lors de son émission obligataire du mercredi 4 septembre 2024, le montant total des soumissions ayant atteint 26,24 milliards FCFA.
Avec un taux de couverture de 104,96 % pour ses bons assimilables du Trésor (BAT) à 364 jours et de 90,62 % pour ses obligations assimilables du Trésor (OAT) à trois ans, Bamako semble avoir regagné la confiance des investisseurs, après des sorties précédentes mitigées. Pourtant, derrière ce chiffre, la réalité est plus nuancée : la demande pour les obligations à long terme reste limitée.
Le pays a certes attiré les investisseurs avec des taux fixes compétitifs de 6,15 % pour ses BAT et de 6,35 % pour ses OAT, mais les rendements moyens pondérés, culminant à 9,73 % pour les BAT et 9,78 % pour les obligations à trois ans, montrent bien un besoin de proposer des primes de risque élevées pour capter l’attention des prêteurs. Le succès relatif de cette opération pourrait ainsi s’expliquer en partie par la quête de rendements dans un environnement où les investisseurs sont de plus en plus sélectifs.
Si l’opération du Mali est saluée pour sa capacité à lever des fonds substantiels dans un contexte économique tendu, elle n’en reste pas moins un succès relatif. Le marché a manifesté une certaine réticence vis-à-vis des maturités plus longues, ce qui suggère que les investisseurs restent prudents quant aux perspectives économiques à moyen terme.
A l’inverse, le Niger a rencontré des difficultés lors de son émission du 5 septembre. Sur les 20 milliards FCFA recherchés, 10,125 milliards ont été retenus, soit une couverture décevante de 57 % pour ses BAT à 182 jours et une absence totale de soumissions retenues pour ses OAT à trois ans. Pour les BAT à 182 jours, le rendement moyen pondéré était de 9,34 %.
La difficulté à placer ces titres de moyen terme est un signal d’alarme pour Niamey qui peine toujours à convaincre les investisseurs de sa stabilité à long terme. Les perspectives économiques incertaines, attribuées à la montée des tensions régionales continuent de refroidir les investisseurs. Il faut dans ce sens noté la crise avec son voisin, le Bénin – dont les relations commerciales sont à l’arrêt, malgré l’importance du port béninois comme débouché naturel pour le Niger – ainsi que le manque de visibilité sur la gestion de la dette nigérienne. Cela force le pays à se contenter d’un financement limité, majoritairement à court terme.
En début d’année, il avait déjà mobilisé un financement de 400 millions de dollars auprès d’une entreprise chinoise chargée de l’exploitation de son pétrole. Ce financement, étalé sur 12 mois, était pourtant « adossé à la garantie de l’or noir » et assorti d’un taux d’intérêt supérieur à 7 %.
Plusieurs analystes notent que les rendements exigés par les marchés ne sont donc pas décollés de la réalité, surtout que depuis, d’autres incertitudes liées au blocage du pétrole nigérien se sont pointées.
(Agence Ecofin)