L’association des meuniers industriels du Sénégal (AMIS) a fait part de son désaccord par rapport à la mesure annoncée par le gouvernement du Sénégal de procéder à une baisse des prix de la farine boulangère, afin de baisser les prix du pain. Pour marquer son désaccord, les meuniers ont annoncé à travers un communiqué un arrêt provisoire de la production de farine.
Cette mesure évoquée le dimanche 23 juin, est motivée par la hausse continue des coûts du blé et l’absence de clarté sur les modalités de compensation financière. Pour rappel, le conseil national de la consommation (CNC) du 21 juin 2024 avait décidé de réduire le prix de la farine boulangère de 19 200 à 15 200 F CFA.
Les meuniers dénoncent une pression insoutenable sur leur viabilité économique et appellent à une réponse urgente des autorités, pour éviter une crise de la filière.
Dans leur communiqué, les meuniers ont rappelé les difficultés auxquelles avait face leur secteur, notamment, en 2021, une situation dont la gravité avait mobilisé selon eux, tous les acteurs de la filière dans la recherche de solutions.
« Comme tous les Sénégalais, les meuniers ont pris connaissance de la décision de l’État résultant du CNC du 21 juin 2024, de baisser le prix de la farine boulangère de 19 200 à 15 200 F CFA, soit une réduction de 4 000 F CFA. Cette mesure intervient au moment où le coût moyen du blé est en hausse constante et dépasse 300 euros. Cette réalité ne permet pas d’apporter une réponse basée sur la baisse de l’essentiel des facteurs de production de farine », soulignent les meuniers.
Ils soutiennent que les travaux menés en réunion technique avec les services de l’État ont permis de relever que la renonciation aux droits de douanes et taxes sur la valeur ajoutée (TVA) représenterait 1 355 F CFA sur le prix du sac.
« Dans ces conditions, le financement de l’écart de 2 645 F CFA sur le prix de la farine demeure incertain pour les entreprises meunières et pour l’ensemble des acteurs de la filière. La baisse de 4 000 F CFA n’est pas financée à ce jour », déplorent-ils.
Ils ont précisé que c’est avec regret que les 7 membres affiliés à l’AMIS vont observer une mesure de retrait par rapport à la production de la farine boulangère. Ils soutiennent, pour se justifier que les meuniers ne peuvent pas s’engager dans un dispositif de vente à perte et déclare officiellement un arrêt provisoire de production.
Ils ont par ailleurs rappelé leurs attentes d’éclaircissements sur les 4 points qui suivent : 1)Le régime de compensation de la baisse est flou. La prise en charge intégrale des 2 645 F CFA restant de compensation sur le prix du sac de farine boulangère est sans réponse à ce jour. Il est nécessaire d’identifier la partie qui finance et d’en savoir sur les modalités de paiement. 2)Le régime de renonciation sur les droits de douane et la TVA ainsi que la date d’entrée en vigueur manquent de clarté. Il est essentiel de clarifier les modalités de prise en compte des stocks de blé déjà taxés en attente chez les meuniers du fait de la révision de prix sur décision unilatérale de l’État. 3)Le régime de compensation des volumes en vente chez les distributeurs et grossistes de farine boulangère est méconnu. Pourtant ces acteurs de la filière sont contraints eux aussi de vendre à perte. 4)Le régime de prix applicable en région et Dakar tenant compte du transport fait défaut. De sorte que toute la filière s’expose à des sanctions à la date d’entrée en vigueur annoncée.
Idrissa GUEYE