Les efforts importants consentis (renoncement à plus de 53 milliards FCFA) par le gouvernement n’auront apparemment pas suffi pour réussir le pari de baisser les prix de certaines denrées de grande consommation comme le pain. En effet, l’association des meuniers industriels du Sénégal (AMIS), composée de sept membres a décidé d’arrêter sa production au prétexte qu’elle ne trouve pas son compte dans les mesures prises par le gouvernement, pour accompagner les différents acteurs de la filière dans la baisse du prix du pain de 190 grammes. D’après les calculs de cette association, avec la baisse du sac de farine qui passe de 19200 à 15200 FCFA, le gouvernement ne prend en charge que 1355 FCFA sur le prix du sac de farine à travers le renoncement sur les droits de douane et autres taxes sur la valeur ajoutée. Les 2645 FCFA restants demeurent incertains, selon eux. Face à cette situation, ils annoncent un retrait dans la production de la farine de blé, principal élément dans la fabrication du pain. Cela signifie que les boulangers, qui malgré tout avaient accepté de vendre le pain de 190 grammes à 150 FCFA, ne pourront plus le faire d’ici quelques jours car, ils n’auront plus de farine à disposition. A quoi joue alors l’AMIS ?
Dans leur communiqué, ils expliquent qu’ils ne peuvent pas vendre à perte conformément à la loi. Ils avancent également qu’ils risquent de procéder à des licenciements. Ces affirmations ressemblent fort à des menaces face à un gouvernement qui vient juste de s’installer. Un gouvernement qui n’a à la vérité comme seul tort de vouloir améliorer les conditions de vie des millions de sénégalais gravement éprouvés par un coût de la vie intenable et qu’ils ont pourtant dignement supporté au cours de ces dernières années. Une période marquée par les effets néfastes de la crise russo-ukrainienne.
L’état doit-il être le seul à consentir des sacrifices pour faire avancer la situation ? Assurément non. Tous les acteurs économiques doivent participer à cet effort national dans lequel s’est engagé le nouveau gouvernement et dont le but principal n’est rien d’autre que l’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables. L’Association des meuniers se doit d’accompagner le gouvernement dans cette entreprise. Ils ont plusieurs fois bénéficié de situations favorables. Les cours mondiaux du blé ont connu plusieurs fois des baisses qui n’ont pas été répercutées sur les prix du pain. Combien de fois les boulangers ont réclamé une baisse sur le prix du sac de farine sans que l’état ne les suive.
Cette mesure de baisse du prix du pain de 190 grammes doit être appliquée. Elle doit rencontrer un succès. Elle ne doit pas échouer à cause des intérêts égoïstes de certains milieux d’affaires. L’Etat se doit de prendre dès lors toutes ses responsabilités.