Des résultats annuels « encourageants » pour Ecobank

Le groupe bancaire panafricain affiche une hausse de ses principaux postes comptables pour 2023, en dépit de conditions de marché difficile. L’inscription de certaines provisions témoigne de sa prudence pour l’exercice en cours.

« 2023 a été une année difficile pour de nombreux ménages, entreprises et gouvernements à travers l’Afrique, en raison de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, de l’affaiblissement des monnaies et de l’incertitude des perspectives économiques. » Ainsi le directeur général d’Ecobank a-t-il commenté la publication – tardive – des résultats annuels du groupe bancaire panafricain. Jeremy Awori juge que les équipes de Ecobank ont travaillé «  en étroite collaboration » avec leurs clients et nos parties prenantes tout au long de cette période, « et nous avons réussi à faire des progrès dans notre nouvel agenda stratégique et à développer nos activités ».

Les charges de dépréciation sur les actifs financiers autres que les prêts et avances se sont élevées à 159 millions $ pour l’année en cours, soit une baisse par rapport aux 188 millions $ de l’année précédente.

Voilà pourquoi, poursuit-il, Ecobank a généré un rendement des capitaux propres tangibles de 24,9 % malgré l’environnement opérationnel difficile en 2023. Et le DG de se féliciter d’une hausse de 34 % (à changes constants) du bénéfice avant impôt, à 581 millions $. Les revenus nets ont dépassé la barre des 2 milliards $ pour la première fois depuis 2015, augmentant de 31 % à taux de change constant, pour atteindre 2,1 milliards $. « Cette performance témoigne des premiers succès de la stratégie quinquennale de croissance, de transformation et de rendement (GTR) de la banque. »

Dans ce contexte, l’amélioration de l’accès aux marchés mondiaux du crédit en 2024 constitue « un signal encourageant » : la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya ont réussi à lever environ 4,8 milliards $ de financement « qui devraient contribuer à renforcer leurs réserves de change et à dynamiser l’économie ».

Selon Jeremy Awori, « nos résultats encourageants reflètent notre engagement renouvelé à donner la priorité à nos clients et le travail que nous avons entrepris en matière de diversification des revenus, de croissance et de mobilisation des dépôts à faible coût ». Par exemple, les activités de banque de consommation et de banque commerciale ont augmenté leur part des revenus et des bénéfices à l’échelle du groupe.

Une hausse des dépenses, compensée par celle des revenus

En outre, « Ecobank a poursuivi son approche proactive de la gestion disciplinée des coûts, visant à éliminer les coûts improductifs et les gaspillages et à réorienter les économies vers des investissements dans le marketing et la stratégie de marque, les capacités de vente et la technologie, qui devraient générer des bénéfices à l’avenir », ajoute Jeremy Awori.

Revenons sur les résultats 2023 : le bénéfice du groupe attribuable aux actionnaires d’ETI en 2023 s’élève à 288 millions $, soit une stabilité par rapport aux 286 millions $ dégagés en 2022. Cette performance est due à une solide croissance sous-jacente des revenus financés (revenus nets d’intérêts) et non financés (revenus autres que d’intérêts), à une gestion disciplinée des coûts et à des coûts de crédit stables dans tous les secteurs d’activité. Toutefois, l’augmentation des bénéfices disponibles pour les actionnaires minoritaires a partiellement compensé cette hausse.

Quant au résultat opérationnel, plus significatif, son augmentation est principalement due à une croissance des revenus supérieure à celle des dépenses, ce qui a entraîné un effet de levier opérationnel positif. D’autres facteurs ont eu un impact sur le bénéfice avant impôt, notamment la baisse des recouvrements de prêts.

Les activités de la banque des consommateurs et de la Banque commerciale ont augmenté leur part des revenus et des bénéfices à l’échelle du groupe. La hausse des taux d’intérêt a favorisé la croissance des revenus nets, en particulier en Afrique de l’Ouest anglophone et au Nigeria, où les marges d’intérêt nettes ont augmenté et où les commissions provenant des services de trésorerie, des solutions et de la gestion de trésorerie ont connu une hausse significative.

Dans l’ensemble des secteurs d’activité, la banque commerciale a tiré la croissance du revenu net. Les revenus nets des services bancaires aux consommateurs ont augmenté, grâce aux marges sur les dépôts et aux paiements. Les revenus nets de la banque de financement et d’investissement  ont bénéficié de taux plus élevés et d’une croissance modeste des actifs productifs.

 

Les produits d’intérêts nets pour 2023 se sont élevés à 1,169 milliard $ (+ 36 % à changes constants) et la marge nette d’intérêts s’est établie à 5,4 %, contre 4,9 % en 2022.

Des charges accrues sur les prêts et avances, en baisse sur les autres actifs

Les charges d’exploitation du groupe pour 2023 s’élèvent à 1 113 millions $, en hausse de 22 % à taux de change constant. « Cette augmentation est principalement due à une combinaison de coûts liés à l’inflation, de coûts liés au personnel et de coûts associés à la croissance des activités, à la distribution et à la technologie », commente la direction financière.

Enfin, les charges de dépréciation brutes du groupe sur les prêts et avances pour 2023 se sont élevées à 288 millions $, soit une augmentation de 12 % à taux de change constant si l’on compare avec les charges de dépréciation brutes de 270 millions $ en 2022. « L’augmentation des charges de dépréciation est due à une augmentation progressive des réserves pour les pertes de crédit attendues dans un environnement macroéconomique incertain. »

Les charges de dépréciation sur les actifs financiers autres que les prêts et avances se sont élevées à 159 millions $ pour l’année en cours, soit une baisse par rapport aux 188 millions $ de l’année précédente.

Sur le plan régional, notons que le bénéfice avant impôt de la zone UEMOA (hors Nigeria) s’élève à 318 millions $, en hausse de 29 % à taux de change constant, les filiales ayant bénéficié d’une croissance des revenus supérieure à la croissance des dépenses d’exploitation.

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