S&P maintient ses perspectives à l’égard du Sénégal

En dépit d’un climat politique « volatil », les perspectives économiques du Sénégal restent intactes, juge l’agence américaine S&P Global Ratings, sauf si les élections sont programmées bien après le 2 avril.

Sans être tout à fait insensibles aux incertitudes politiques actuelles, les analystes de S&P Ratings ont maintenu leur notation sur la dette du Sénégal (« B+/B ») avec une perspective « stable ».

Cette dernière se justifie par l’« équilibre entre les solides perspectives de croissance et budgétaires à moyen terme du Sénégal et les retombées économiques et budgétaires potentielles en cas d’impasse politique prolongée ».

S&P considère que la croissance du PIB réel s’accélérera cette année, grâce au démarrage attendu de la production de pétrole et de gaz vers le milieu de l’année, pour atteindre une moyenne de 9 % par an sur la période 2024-2025, puis 5% en 2026 et 2027.

Bien sûr, l’agence pourrait revoir défavorablement sa position si « des tensions politiques persistantes entravaient de manière significative la capacité des autorités à mettre en œuvre des réformes, limitaient l’accès au financement et pesaient durablement sur l’activité économique et les résultats budgétaires ». À l’inverse, rien n’interdit d’anticiper une amélioration rapide des indicateurs budgétaires et extérieurs, et un apaisement rapide des tensions politiques.

Entre autres avancées économiques attendues l’élargissement de l’assiette fiscale par le gouvernement pourrait se traduire par une baisse plus significative des besoins d’emprunt nets du gouvernement et de la dette publique par rapport au PIB, soutenue par une forte croissance économique à moyen terme.

En vertu de la loi constitutionnelle actuelle, rappelle S&P, le mandat présidentiel en cours se termine le 2 avril 2024. Si les élections devaient avoir lieu après cette date, un gouvernement intérimaire dirigé par le président de l’Assemblée nationale prendrait le relais. « Bien que ce retard reflète en partie les considérations politiques du parti au pouvoir et les désaccords sur l’éligibilité des candidats de l’opposition à participer au processus politique, la décision du Conseil constitutionnel du 15 février est la preuve que les mécanismes de contrôle et d’équilibre restent relativement forts dans le pays », observent les analystes.

Qui rappelle que le Sénégal a une longue histoire de transitions démocratiques pacifiques et d’absence de conflits civils. Et que les trois branches du gouvernement (exécutif, législatif et judiciaire) « continuent de fonctionner de manière relativement indépendante ». Le parlement est paritaire et les médias sont relativement libres. Bref, « la situation reste fluide ».

Une économie résiliente

Toutefois, après les tensions, puis le relatif retour au calme, « la situation reste volatile », préviennent les analystes. « Si les élections sont reportées bien au-delà de la date de transition du 2 avril, les manifestations pourraient se poursuivre, voire s’intensifier, ce qui pèserait sur la croissance et les perspectives budgétaires du Sénégal. »

En effet, une période prolongée de troubles sociaux graves et d’incertitude politique pourrait entraver l’exécution du Plan Sénégal émergent, qui vise à soutenir l’investissement, la croissance du secteur privé et l’assainissement des finances publiques, notamment en augmentant les recettes fiscales et autres recettes de l’État.

Des tensions politiques persistantes pourraient également réduire ou retarder les flux touristiques, les investissements internationaux et le commerce intérieur, pesant ainsi sur la croissance – S&P est d’ailleurs plus optimiste que ses consœurs au sujet de la croissance.

En dépit des risques, les experts confirment leurs prévisions macroéconomiques, y compris celle relative au déficit budgétaire, qui diminuera progressivement pour atteindre 3 % du PIB en 2026, contre 5 % du PIB en 2023.

« À court terme, l’activité économique restera résiliente, grâce au démarrage de la production d’hydrocarbures. » S&P considère donc que la croissance du PIB réel s’accélérera cette année, grâce au démarrage attendu de la production de pétrole et de gaz vers le milieu de l’année, pour atteindre une moyenne de 9 % par an sur la période 2024-2025, puis 5% en 2026 et 2027. Le champ de Grand Tortue, un projet commun avec la Mauritanie, contient 100 billions de pieds cubes de réserves confirmées de gaz naturel. La production initiale du projet, d’environ 2 millions de tonnes métriques (mt) par an à partir de 2024, atteindra 10 millions de mt par an une fois que toutes les phases seront achevées. Le seul champ pétrolier de Sangomar devrait produire plus de 32 millions de barils en 2025. De son côté, le secteur minier devrait enregistrer de bonnes performances grâce à l’entrée en service de nouvelles mines.

Au plan financier, les relations étroites avec les bailleurs de fonds continuent à fournir un ancrage politique solide, juge S&P qui rappelle qu’en décembre 2023, le FMI a approuvé la première revue des programmes du Sénégal, provoquant le décaissement immédiat d’environ 280 millions de dollars.

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