Grand spécialiste des PPP, Marc Teyssier D’Orfeuil est le Président de COMPUBLICS en France. Challenges économiques s’est entretenu avec lui, à l’issue du panel sur « Infrastructures, Télécoms et PPP : Les gisements de relance et de (re) croissance ? » auquel il a pris part, à la 14ème édition des Medays, de Tanger, au Maroc.
Est-ce que le modèle partenariat public privé peut aider l’Afrique à se développer ?
Ce n’est pas un modèle unique, il y a d’autres sujets. Mais très clairement, dans les sujets énergétiques, dans les sujets de mobilité, le PPP peut être un accélérateur de croissance. Parce que simplement, des investisseurs verront l’intérêt de pouvoir aider des infrastructures à se développer plus rapidement dès lors qu’elles seraient amorties sur un certain nombre d’années.
Est-ce qu’il y a lieu avec ce modèle PPP de préparer des lois adaptées afin de permettre au privé national de compêtir ?
Ce qui est extrêmement intéressant dans l’intervention de Abdoulaye Ly (Directeur exécutif du club des investisseurs du Sénégal), c’était de montrer que la dernière loi PPP qui avait mis un plafond notamment sur les offres spontanées extrêmement élevé a fait que la loi n’a pas marché. Vous savez pour moi qui suis par ailleurs lobbyiste en France, la loi est une matière vivante. Il faut la faire évoluer. Si on voit que cela ne fonctionne pas, on reprend à zéro pour essayer de voir comment avoir une loi plus adaptée. Parce que bien sûr, il faut un cadre juridique stable, un cadre juridique qui permet de trouver l’équilibre entre le public et le prive, les intérêts des deux parties. Mais aujourd’hui, je pense qu’avec l’évolution législative que vous avez connu au Sénégal, en 2021, vous avez tous les outils pour pouvoir redémarrer les PPP , que ce soit dans les infrastructures , bien sûr énergétiques, de mobilité, de transport qui sont très souvent capitalistiques. Mais je l’espéré aussi commencer à envisager des PPP plutôt sociaux.
Comment analysez-vous la concurrence entre les entreprises dites nationales et considérées comme telle du point de vue de la loi mais appartenant à un étranger et les entreprises appartenant effectivement à des nationaux dans le cadre des projets PPP ?
D’abord, on est dans des marchés qui sont à priori ouverts. Mais très clairement, il faut dire que quand on est dans un PPP, on est dans un marché public. L’acceptabilité de la construction quelle qu’elle soit, doit aussi passer par celle qui vont la construire. Donc oui je trouve qu’il faut aller chercher tous les astuces qui permettent d’abord de créer l’emploi local. Nous avons le même problème en France. On dit que les grands PPP, c’est pour les grandes entreprises, les petits PPP pour les petites entreprises. On râle parce que les trois grands majors ont les plus grands marchés. Mais au-dessous d’un milliard d’Euros, il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui peuvent répondre. J’ai entendu notre ami dire pourquoi, on n’aiderait pas sur des très grands chantiers les entreprises à démarrer. Je crois que ces prises de risques existent peu dans la fonction publique d’Etat. Après imaginer sur des plus petits chantiers, on accompagne des entreprises à grandir grâce à des PPP. Mais derrière, il peut y avoir le contraire aussi. Il peut y avoir des entreprises internationales qui ont racheté une boîte dont les capitaux sont étrangers et où, l’ensemble des salariés sauf éventuellement le président, sont sénégalais. L’objectif d’abord est d’essayer de trouver des infrastructures qui vont faire travailler les emplois locaux et les populations locales.