Après avoir renoué avec le marché des titres publics il y a juste trois mois, Bamako accélère ses incursions pour atteindre tout au moins la moitié de ses objectifs d’avant-sanctions. Mais, échaudés, les investisseurs semblent encore frileux.
Après sa sortie manquée du 21 septembre dernier, le Mali vient de rater à nouveau le coche sur le marché financier régional. A la recherche de 40 milliards FCFA (59,6 millions $) pour couvrir son budget, Bamako, qui s’est engagé dans une course contre la montre pour rattraper son retard engendré par les sanctions économiques infligées par la CEDEAO, n’a réussi à mobiliser que 21 milliards FCFA dans une double opération bouclée mercredi 02 novembre.
Une opération pour laquelle se sont pourtant mobilisés des investisseurs venus de l’ensemble des pays de l’UEMOA, à l’exception du Togo et du Sénégal. Les soumissionnaires basés à Abidjan étaient en tête.
Depuis son retour sur le marché financier régional, le 09 août, où il a mobilisé plus de 277 milliards FCFA en trois opérations simultanées, le Trésor malien a multiplié ses incursions. En trois mois, le pays sahélien a levé plus de 425 milliards FCFA, dont 83 milliards FCFA en bons assimilables du trésor (BAT), et 342 en obligations assimilables du trésor (OAT).
Frappé de plein fouet par la crise sécuritaire depuis 2012, dont les effets sont intensifiés par les chocs exogènes de ces deux dernières années, la Covid-19 et le conflit russo-ukrainien, le Mali a vu sa note souveraine se dégrader, avec les sanctions infligées au pays par la CEDEAO à l’avènement de la junte dirigée par Assimi Goita.
Échaudés par les arriérés de remboursement accumulés de janvier à fin juillet, les investisseurs régionaux jouent la carte de la prudence face au papier malien. Et cela se ressent sur les taux.
Sur les deux titres émis, deux obligations de trois ans et sept ans, les taux de rendement, qui sont les taux auxquels les investisseurs seraient prêts à acheter de nouveaux titres maliens ou les titres maliens de même maturité sur le marché secondaire, ont connu une légère augmentation. Ce relèvement traduit bien la frilosité du marché face au Mali.
Le taux de rendement moyen de l’OAT de sept ans est passé de 6,59 % à 6,61 %. C’est nettement supérieur à celui du Sénégal (6,01 %) lors de sa sortie de la semaine d’avant sur la même maturité. Même la Guinée-Bissau, qui est une économie modeste par rapport au Mali, fait mieux sur la maturité trois ans. Le rendement de ses titres tourne dans le sillage de 6,03 %, contre 6,20 % pour le Mali.
D’après le calendrier indicatif d’UMOA-titres, le Mali devrait lancer encore 4 OAT d’une valeur totale de 70 milliards FCFA d’ici la fin de cette année, pour toucher un montant total cumulé de 500 milliards FCFA sur l’année, soit près de la moitié de ses ambitions en début d’année avant les sanctions de la CEDEAO.
(Agence Ecofin)