Medays 2022 : l’ intégration économique et politique du continent africain au menu des discussions de la table ronde inaugurale

Si pour certains, c’est par l’intégration économique que le continent africain pourra se développer, pour d’autres  c’est tout le contraire. Pour eux un changement de paradigme s’impose. Et le financement de l’union africaine, vecteur de cette politique d’intégration pose encore problème, à cause de la mauvaise volonté de certains Etats membres.

L’intégration africaine doit être repensée pour être en conformité avec les enjeux actuels qui caractérisent le monde. C’est en tout cas l’idée qui semble s’être dégagée, au cours des discussions, lors  de la table ronde inaugurale, autour du panel sur « Comment simplifier l’architecture d’intégration politique et économique du Continent ».

Le rôle que doit jouer l’Union africaine comme étant la seule organisation continentale dans le monde doit amener ses dirigeants  à pousser pour avoir un siège permanent aux nations unies. C‘est là une conviction forte de Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali. M. Mara a expliqué à l’assistance  que ce siège pourra être occupé par le président de l’union africaine en exercice. Toutefois, Moussa Mara a déploré le fait que l’Union africaine ne fait que refléter les insuffisances des Etats qui la compose. C’est pourquoi M. Mara est convaincu que l’organisation d’intégration africaine a  des challenges à relever parmi lesquels, figure une plus grande visibilité auprès des populations et la nécessité d’un passeport africain.

Financement de l’Union africaine

Une autre question soulevée lors de cette table ronde de très haut niveau et qui  empêche  l’Union africaine de fonctionner correctement est celle de son financement.

Tordeta Ratebaye, le directeur de cabinet du président de la Commission de l’Union africaine a déploré le fait que certains Etats ne s’acquittent pas à temps de leurs cotisations. Il a indiqué que ces Etats attendent le dernier moment, pour se mettre à jour, afin de ne pas perdre le droit de prendre à l’occasion de la rencontre des chefs d’Etats. Une attitude qui ne permet pas  à l’organisation panafricaine de gérer certains de ses projets.

Remise en question du processus d’intégration

L’ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio a fortement critiqué la manière dont est conduit le processus d’intégration par l’Union africaine. Pour lui, il y a une incohérence dans la démarche et une confusion sur la question de l’intégration africaine. Il s’agit pour M. Gadio de réfléchir plutôt à la mise en place d’une force africaine pour combattre le terrorisme qui secoue certaines parties du continent et d’assurer la libre circulation des hommes.

Il a déploré le fait que l’Afrique n’ait pas de stratégie pour se développer. M. Gadio s’est posé des questions comme celle de savoir où on en est avec la zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Pour ensuite déplorer le manque de leadership de son point de vue en Afrique. Ce qui à l’en croire aboutit à un éternel recommencement avec des programmes comme les ajustements structurels, les plans émergent adoptés par des pays comme le Sénégal, le Gabon, la Côte d’ivoire etc. C’est pourquoi, il considère que l’Agenda 2063 de l’Ua pose problème. Car selon M. Gadio, l’Afrique est sous le coup de l’urgence.  L’ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal a aussi déploré ce qu’il appelle le processus d’hyper balkanisation du continent, avec tous ces petits Etats qui veulent accéder à la souveraineté nationale. M. Gadio a terminé son intervention en déclarant qu’il était temps de rompre avec le paradigme de l’intégration de l’Afrique par l’économie. Une grosse pierre jetée dans le jardin des chantres de l’intégration économique africaine comme la voie pour le développement du continent.