MBAYE CHIMERE NDIAYE, SG DE LA  CCIAD

« On se positionne pour la gestion et l’exploitation du marché d’intérêt national .. . Et la gare des gros porteurs »

 C’est un vent de changement qui souffle à la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), avec l’arrivée à la tête l’Institution Consulaire du président Abdoulaye Sow et la nomination au poste de Secrétaire général, de l’économiste-financier, Mbaye Chimère Ndiaye.

Ce dernier nous explique dans cet entretien qu’il a bien voulu accorder challengeseconomiques.com, ce renouveau, avec la mise en œuvre du programme du président Sow.

  1. M.le Secrétaire général, quels sont les rôles et missions dévolus à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar ?

Le Chambre de Commerce en tant que établissement public, à caractère professionnel, a une mission de représentation des intérêts généraux de toutes les entreprises installées dans la région de Dakar, quelques soient leurs activités (commerciales, industrielles, agricoles ou de services). La Chambre de Commerce doit représenter ces entités au niveau des instances de décisions, tant au niveau national que sur le plan international. Nous avons un rôle de représentation, mais aussi un rôle d’information. Nous devons informer les chefs d’entreprises, sur tout sujet ayant une relation directe ou bien indirecte avec leurs activités. C’est la raison pour laquelle, au niveau du dispositif mis en place, je peux mentionner la création d’un nouveau Service Informations économiques, lequel a en charge de l’édition du BIE (Bulletin d’Information Economique).  Nous avons également, un projet de création d’une autre plateforme numérique, qui sera une continuité du travail fait au niveau du BIE, pour toujours jouer notre partition par rapport à la diffusion de l’information économique afin qu’elle soit accessible à nos ressortissants.

Une autre mission dévolue à la Chambre de Commerce est la formation. Nous disposons au sein  de l’Institution consulaire de Dakar, d’une école depuis 1924. Nous devons donc faire en sorte que le personnel qui travaille au niveau des entreprises, puisse avoir une formation de qualité. Former des jeunes pour leur faciliter l’insertion  mais également, former des chefs d’entreprises et le personnel des entreprises, à travers des séminaires de renforcements de capacités. Nous formons aussi nos ressortissants, les élus, les groupements et autres  associations.

Par ailleurs, nous avons une mission d’encadrement et d’accompagnement des entreprises. C’est pourquoi, quand j’ai pris service en tant que Secrétaire général, j’ai créé un département dédié spécifiquement à l’appui. Il s’agit du  Département Appui à la création d’entreprise. Les opérateurs économiques peuvent faire leur business plan, créer leurs entreprises mais aussi, être accompagnés. Il y a un projet d’encadrement des entreprises, en veille et intelligence économique. Tout cela participe à mieux accompagner nos entreprises, surtout aujourd’hui dans ce contexte de Covid 19, où elles ont souffert des effets néfastes de cette pandémie. La Chambre de Commerce de Dakar a aussi une mission de promotion et de développement des entreprises à l’international, pour leur permettre de consolider et de diversifier leur portefeuille de partenariat. C’est pourquoi, nous avons créé un département, Promotion et Développement des entreprises à l’international. Ce département s’occupe de tout ce qui est organisation de mission, de forum à l’international, au niveau national. Nous suivons également tout ce qui est convention, coopération avec les autres Chambre à l’international, pour mieux accompagner nos ressortissants.

Voilà en gros quelques missions qui sont aujourd’hui confiées  à l’Institution consulaire de Dakar pour mieux accompagner les entreprises.

On a senti comme une sorte de vent de changement depuis quelques mois. Quelles sont vos perspectives. Vous avez aussi de grands projets en vue pouvez-vous nous en parler ?

Le président Abdoulaye Sow qui a été élu  le 27 novembre 2019, à la tête de la Chambre de Commerce de Dakar, pour succéder à feu Mamadou Lamine Niang, est venu avec un programme. En tant que Secrétaire général, nous avons travaillé sur ce programme avec des projets qui ont été déjà ficelés, parce qu’on avait un plan de mandature. Nous avons essayé de voir comment finaliser les projets en cours, et mettre en musique les projets innovants qui ont été élaborés à travers ce programme du président Abdoulaye Sow. C’est la raison pour laquelle,  beaucoup de visites de travail ont été initiées avec les organisations patronales, afin de créer un cadre de concertation  où le secteur privé pourra parler d’une seule voix.

Nous avons un projet de construction d’un complexe immobilier  à la rue Jules Ferry. Nous y avons un site qui pourra abriter notre école de formation. Aujourd’hui, la demande en formation est supérieure à l’offre.

En face de la gare de Dakar, le président de la République nous a donné un bail sur lequel, nous comptons construire notre siège. Nous sommes en train de travailler là-dessus, pour transformer le bail en titre foncier et répondre ainsi,  aux attentes de nos partenaires qui souhaitent aujourd’hui, nous accompagner pour mettre sur pied cette infrastructure. Elle sera composée de 27 tours. Elle pourra ainsi héberger les organisations du secteur privé, mais également développer le business, parce qu’elle sera un centre d’affaires au cœur de Dakar. Cette infrastructure aura aussi en son sein un parking de mille places. On sait qu’à Dakar se pose le problème du stationnement des véhicules. On se positionne pour la gestion et l’exploitation du Marché d’Intérêt National Mamadou Lamine Niang, mais également de la Gare des Gros porteurs. Voilà quelques projets qui sont aujourd’hui, sur la table du président et nous travaillons matin et soir pour leur concrétisation.

Comment se positionne la Chambre de Commerce par rapport à la relance économique suite à cette pandémie de la Covid 19 qui a affecté le secteur privé ?

Dès l’apparition de la Covid-19, nous avons créé une adresse mail que nous avons partagé à travers le fichier consulaire, avec toutes les entreprises de la région de Dakar qui sont inscrites sur notre répertoire, pour recueillir leurs besoins, leurs attentes et leurs problèmes. C’était pour nous permettre de voir quelle solution au niveau interne, mais aussi quelle proposition, nous pouvons donner aux autorités étatiques pour prendre en charge les problèmes des entreprises. Nous avons donc travaillé en parfaite synergie, avec la Direction des Petites et moyennes entreprises, qui pilotait aussi un cadre de réflexion pouvant aboutir à un guide, parce qu’à l’époque, on travaillait sur un programme de résilience économique et social. Donc, la Chambre de Commerce a contribué à l’élaboration de ce programme. Récemment aussi dans cette même dynamique, lors du Conseil présidentiel à Diamniadio , le président de la Chambre de commerce ,M. Abdoulaye Sow a participé activement et a partagé avec le chef de l’Etat et les acteurs du monde économique, nos propositions pour permettre au secteur privé sénégalais et les entreprises en particulier, de pouvoir bénéficier des retombées de ce programme de relance de l’activité économique avec des mesures fortes , incitatives qui pourront leur permettre de dépasser cette phase très difficile occasionnée par la pandémie de la Covid 19. Nous avons donc fait beaucoup de propositions, à travers une politique fiscale incitative et différentiée selon les secteurs d’activités. Nous savons que la crise n’a pas touché de la même manière, tous les secteurs d’activités de l’économie. Inciter aussi à travers les organisations patronales et professionnelles, voir comment travailler ensemble, comme le président de la République l’a rappelé l’autre jour, sous forme de consortium, afin de pouvoir soumissionner ensemble et gagner des marchés ensemble. Cela fait partie des solutions, qui permettront aux entreprises de pouvoir se positionner sur des projets de l’Etat. Il faut dire que, pris individuellement les moyens dont disposent les entreprises ne sont pas énormes, face à  la compétition internationale. C’est la raison pour laquelle, nous militons pour des consortiums, des coopérations pour pouvoir prendre notre part dans l’attribution des marchés publics.

L’actualité, c’est l’émigration clandestine. Est-ce que la Chambre de Commerce a entrepris des initiatives pour proposer des solutions afin de faire face à ce phénomène ?

Au niveau de la Chambre de Commerce, nous avons anticipé. Depuis 2019, nous avons travaillé sur un projet que l’Union européenne avait lancé, à travers un programme dénommé Archipélago. La Chambre de Commerce de Dakar avait élaboré un projet Archipélago et il a été retenu par l’Union européenne. Nous avons comme partenaires pour ce projet APEFE (Association pour la Promotion de l’Education et de la Formation à l’Etranger),  une structure belge et la Chambre de Commerce de Wallonie. Au niveau national, nous avons l’ONFP (Office National de la formation professionnelle), en tant que établissement spécialisé dans la formation professionnelle et trois Chambres de Commerce sœurs, notamment la Chambre de Commerce de Diourbel, de Louga et de Kolda. En outre, tous les centres de formation professionnelle , pour contribuer à l’amélioration de la formation et de l’employabilité des jeunes, des migrants de retour et des aspirants pour pouvoir  leur doter d’une formation  alliant pratique et théorie. Environ 450 jeunes seront formés au cours des 28 mois du projet. Il y aura aussi une approche entrepreneuriale dans la formation, et pour donner les outils nécéssaires à ceux qui n’auront pas les moyens de trouver un emploi, au niveau du marché du travail, de pouvoir créer leur propre entreprise. Ce projet sera lancé le mardi 10 novembre 2020, par Mme le ministre du Commerce et des Pme, en compagnie du ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Insertion, avec la présence effective de son Excellence l’ambassadrice chef de la délégation de l’Union européenne à Dakar.

 

Entretien réalisé par Aliou Kane Ndiaye