FORMATION/EMPLOI DES JEUNES ET LUTTE CONTRE L EMIGRATION

La contribution de la Chambre de Commerce de Dakar

Les jeunes sénégalais reprennent la mer, destination l’eldorado européen. La majorité d‘entre eux sont durement frappés par les conditions de vie difficiles au Sénégal. Soit, ils n’ont pas d’emploi ou bien ils sont sous-employés. Pour rappel, le taux d’emploi au Sénégal, en 2017 était de 35.9%. Le pourcentage d’hommes qui ont un emploi est de 47%. Pour les femmes, le taux est de 27%. C’est très faible, pour un pays qui aspire à l’émergence économique, à l’horizon 2035.

C‘est justement cet horizon sombre et incertain qui se dresse  comme un mur infranchissable devant ces millions de jeunes sénégalais, qui les pousse à les en croire à   entreprendre cette périlleuse aventure de la traversée de la méditerranée, au prix de leur vie. Les comptes rendus macabres des médias, ces dernières semaines, concernant ce phénomène de l’émigration clandestine font froid dans le dos.

Des centaines de morts sont dénombrés.  Donc, tout gouvernement responsable et soucieux du bien-être de ses administrés, doit essayer de trouver des solutions à cette situation qui décime beaucoup de familles sénégalaises. La création d’emploi, le financement des activités génératrices de revenus, la formation orientée vers les besoins des entreprises sont entre autres des solutions qui peuvent encourager ces candidats à l’émigration à rester chez eux.

Le projet DEFI ARCHIPELAGO : une solution pour réussir chez soi

Le gouvernement du Sénégal n’a sans doute pas assez de moyens,  pour lutter seul contre le chômage  et le sous-emploi des jeunes. Toutefois, avec l’appui des bailleurs et les initiatives de structures comme les Chambres Consulaires,  des solutions de sorties de crises sont possibles. C’est dans ce cadre qu’il faut intégrer l’initiative de la Chambre de Commerce, d’Industrie  et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), laquelle a pris les devants en proposant le projet Défi-Archipélago, avec le soutien de partenaires, comme l’Union européenne. Un projet pertinent et innovant qui a été  retenu par l’Union européenne, dont l’une des préoccupations majeures en ce moment est, d’aider les terroirs où il y a une forte émigration de pouvoir retenir leurs enfants et  les convaincre qu’ils peuvent réussir chez eux, par le biais d’initiatives comme le projet Défi-ARCHIPELAGO.

L’objectif global de ce projet étant d’augmenter les opportunités d’emplois et d’auto-emplois pour les jeunes chômeurs, les femmes et les migrants de retour au Sénégal. Ce projet touchera, selon ses initiateurs  quatre régions du Sénégal. Il s’agit de Dakar, Diourbel, Louga et Kolda. Sa mise en œuvre permettra de renforcer les compétences techniques et l’employabilité des jeunes bénéficiaires dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, de l’eau para-agricole et de la transformation des produits agroalimentaires, en vue d’améliorer leur insertion sur le marché du travail. Pour la cible, c’est 450 jeunes âgés entre 16 et 40 ans qui seront ainsi  formés, 300 d’entre eux subiront une formation duale, c’est-à-dire alliant l’école et l’entreprise. Le projet va durer 28 mois et bénéficiera d’un financement de 400 millions de France CFA,  tirés du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne, en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière.

Lancement du projet DEFI ARCHIPELAGO

Cet important projet pour la formation et l’emploi des jeunes sénégalais a été lancé, le lundi 10 novembre 2020, à la Chambre de Commerce de Dakar, par le ministre du Commerce et des Pme, Mme  Assome Aminata  Diatta. Cette dernière a salué cette initiative, qui entre selon elle dans les objectifs du gouvernement de former les jeunes et de leur trouver un emploi. Il a en outre invité le partenaire financier du projet, en l’occurrence l’Union européenne à encore mobiliser des financements beaucoup plus conséquents, afin  que cette belle initiative puisse toucher les autres régions du Sénégal.

Le président de la Chambre de Commerce,  Abdoulaye Sow, pour sa part, a expliqué que cette initiative vise à atteindre les résultats suivants : une sensibilisation du secteur privé et des jeunes qui seront conscients des opportunités offertes par la formation professionnelle et une formation dispensée aux jeunes qui leur permettra d’acquérir des compétences correspondant aux besoins du secteur privé et aux potentiels économiques identifiés. En outre, le développement économique local sera encouragé, ainsi que  l’entreprenariat et le dialogue public-privé facilité. Enfin, les performances et services fournis par les organisations intermédiaires du secteur privé seront améliorés, liste le président de la CCIAD.

Mme Cécile Tessin-Pelzer, Cheffe de coopération de la Délégation de l’Union européenne au Sénégal  s’est réjoui quant à elle, du fait que 4 projets sénégalais soient retenus dans le cadre du programme, à l’issue d’un appel à candidature très sélectif. Elle a indiqué que l’Union européenne souhaitait développer et mettre en avant les opportunités de formation pour aider à lutter  contre l’émigration clandestine, car elle est persuadée qu’il est possible de réussir sur place dans son pays.

Aliou Kane Ndiaye