Production de lait au Sénégal

Le PRADELAIT dans une perspective d’autosuffisance

 Dans le cadre de la relance économique avec le PAP 2A (Plan d’Actions prioritaires Accéléré et Ajusté),  l’Etat du Sénégal mise à exploiter toutes les potentialités de la production de lait à l’échelle nationale à travers le Projet de valorisation du lait et des produits dérivés (PRADELAIT). Pour Ousmane Ndiaye, Président du Comité Ad Hoc de l’Interprofession laitière du Sénégal, l’idéal est d’arriver à une production de 27.000 litres de lait par jour avec le modèle des fermes de 1000 vaches à travers le Sénégal.

Une autosuffisance en lait au Sénégal est en marche et il faudra relever certains défis. Le gouvernement sénégalais planifie déjà avec le PRADELAIT les nouvelles orientations pour faire du lait un produit disponible à l’échelle nationale. Dans une réflexion sur le secteur laitier,  Ousmane Ndiaye Président du Comité Ad Hoc de l’Interprofession laitière du Sénégal, indique la voie à suivre pour l’impulsion d’une véritable dynamique de changement de la filière laitière du Sénégal. Il soutient que la problématique pour les pays voulant s’industrialiser est que leur économie est « dépendante des importations des produits manufacturés, provenant de l’étranger et il leur faut donc substituer à ces importations une production nationale, pour atteindre leur souveraineté alimentaire ». Cette assertion énoncée, Ousmane Ndiaye explique que  « les cours et fluctuations des prix du lait à l’international (que nous ne maîtrisons pas), doivent permettre de pousser la réflexion, aux différentes pistes qui mènent vers une alternative locale par des projets structurants aux innombrables potentialités ». Ainsi, il en appelle les acteurs au parachèvement rapide du processus de mise en place de l’interprofession laitière du Sénégal regroupant l’ensemble des acteurs de la filière (lait local, lait importé).

Ces préalables fixés, Ousmane Ndiaye pense qu’il s’avère « nécessaire de s’arrêter sur notre Taux de Dépendance aux Importations (TDI), qui couvre plus de la moitié des besoins de consommation du Sénégal en produits laitiers et dérivés ». En effet, il estime que la réduction significative du TDI , est  un « indicateur d’évaluation de nos projets et programmes réalistes, et une approche objective des possibilités que nous pouvons mettre en œuvre (secteur privé laitier national), au côté de L’État dans une approche PPP, pour inverser cette tendance de dépendance aux importations, et aller vers la transformation structurelle, en passant par la promotion du capital humain souhaitée par le biais du Plan Sénégal Emergent (PSE),  unique cadre révérenciel des politiques publiques du Sénégal. Comme autre alternative, il précise qu’il urge ainsi de « baisser le taux de dépendance aux importations (TDI) par la mise en place de fermes de 1 000 vaches chacune avec 06 associés pour aboutir à une production de 27 000 litres par jour dans des zones adaptées telles que celle des Niayes (proche bourgade de Dakar) et certaines contrées  du bassin arachidier ».

Inverser la courbe d’importations du lait en poudre

Le lait en poudre venant de l’étranger règne en maître au Sénégal. D’après Ousmane Ndiaye, si nous prenons le cas du lait en poudre, c’est près de « 60 milliards que nous perdons en devises, chaque année, pour approvisionner un marché local en besoin en lait en poudre et autres produits laitiers ». Comment dès lors inverser cette tendance dans notre quête d’aller vers l’autosuffisance en produits laitiers et dérivés, se demande le président Comité Ad Hoc de l’Interprofession laitière du Sénégal.

Selon Ousmane Ndiaye, « le système pastoral extensif, qui a prévalu jusqu’ici, a montré ses limites quant à ses prétentions et objectifs d’aller vers l’autosuffisance en lait ». En effet, le système extensif est une solution familiale, pour des besoins en termes de sécurité alimentaire, de besoins primaires et d’apports en nutriments et vitamines essentiels qu’il nous faut préserver, décrit Ousmane Ndiaye. Ce dernier ajoute que dans le cas de divers pays émergents, « l’autosuffisance en lait n’a été possible que dans une vision solidaire impliquant les acteurs concernés autour d’un cadre fédérateur ». Il déclare qu’à ce niveau, il  « faut rapidement achever le processus de mise en place de l’interprofession laitière du Sénégal regroupant l’ensemble des acteurs de la filière (lait local, lait importé) ».

Le travail de la future Interprofession laitière du Sénégal

Pour Ousmane Ndiaye, la concrétisation de l’Interprofession laitière du Sénégal est une nécessité. Cette plateforme travaillera en étroite collaborations avec les ministères techniques (agriculture, élevage, industrie, commerce économie et finance etc. …), les partenaires au développement, les institutions de recherche et prestataires de services pour une bonne prise en charge de la santé animale, de l’alimentation du bétail et de l’amélioration génétique de nos races locales, argumente Ousmane Ndiaye. Il est d’avis aussi que cette future Interprofession va s’atteler aux contraintes qui empêchent la valorisation du lait local.

Revenant sur les contraintes du lait local, il souligne que trois contraintes majeures se posent à notre autosuffisance en lait. Il s’agit  de  l’amélioration de la productivité de nos races locales, la transformation de notre potentiel laitier et  la mise en marchés des produits finis pour atteindre la grande consommation, liste Ousmane Ndiaye. Par ailleurs, pour lui, l’Interprofession  laitière du Sénégal, sera le « cadre d’intégration et de valorisation du lait local dans une vision durable et solidaire ». En addition, Ousmane Ndiaye mentionne que « quoi de mieux que de maîtriser notre chaîne de valeur ! Avoir à sa portée, et maîtriser la qualité des processus industriels, fait partie des stratégies de développement qu’il nous faut nous approprier ».

Financement dans l’augmentation de la production laitière au Sénégal

Le président du Comité Ad Hoc de l’Interprofession laitière du Sénégal est conscient du fait que qu’il faudra d’énormes ressources financières pour accompagner la professionnalisation des acteurs du lait local. Il confie que pour  le financement « le Fond Souverain pour les Investissements Stratégiques (FONSIS), est la structure habilité pour prendre en charge ces genres de financements innovants. Apres récupération du capital, le FONSIS se désengage de la ferme. Les associés participeront au financement à des taux soutenables et assurent la globalité de la gestion de la ferme ».

Reparlant du TBI, Ousmane Ndiaye donne une autre analyse sur cette alternative. « Baisser le TDI voulait simplement dire travailler sur la chaîne de valeur en intensifiant la production locale pour réduire les importations. Autrement dit, substituer les importations par une production locale, comme dans le cas de la ferme de 1000 vaches avec 27 000 litres par jour,  qui sera calculée sur la base du chiffre d’affaire net réel produit durant l’année en comparaison avec la lait en poudre importé ». D’après lui, en vue de réussir l’opération, une compensions de la fiscalité due à l’Etat au profit du secteur privé serait obligatoire.

Il reviendra au ministère  des Finances et du Budget  d’apprécier et de proposer un calcul sur le TDI, comme compensation fiscale attribuée aux entreprises, dont le TDI s’est fortement améliorée. L’objectif étant d’aller vers cette transformation structurelle de notre économie, portée par le secteur privé, car sensible et intéressé par une rétribution substantielle du TDI, à la fin de l’année de son exercice comptable, conseille Ousmane Ndiaye. Pour lui, la « compensation induite par l’effet du TDI, devrait pouvoir alimenter à long terme l’idée de création d’un projet bancaire sous l’appellation ” Banque commerciale et d’investissement »

La BCI, “Banque commerciale et d’investissement” dont l’objectif est d’être un partenaire privilégié des entreprises locales devrait, dans une vision globale, aider et soutenir les projets structurants, qui ont un impact véritable sur le TDI ».

Sur un autre registre, le président du  Comité Ad Hoc de l’Interprofession laitière du Sénégal qu’il faut « encourager le secteur privé à aller dans ce genre de pratique et de gestion au niveau local, régional et sous-régional (EXPORT) porté par le leadership du PSE pour impulser ce changement. Des séminaires d’appui et de formation pourraient être délivrés, par un Cabinet spécialisé, aux cadres dirigeants des entreprises et autres acteurs de la filière lait, afin de les amener à mieux comprendre et mieux appréhender l’importance de cet outil de soutien au développement de leur activité ».

Moustapha DIA & Journal Agropasteur

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