Loi sur les partenariats publics-privés (PPP) Mieux appuyer le secteur privé national

Mor Talla Kane, Directeur exécutif de la CNES

L’Etat du Sénégal par la loi  n°2021-23 du 02 mars 2021 portant nouveau cadre des PPP, accorde un certain nombre d’avantages au secteur privé national et communautaire.

Il s’agit entre autres, de la réservation des projets en-dessous d’un certain seuil aux entreprises nationales et communautaires (UEMOA). Dans la même veine, l’augmentation de la part de l’actionnariat de la société de projet de PPP réservée aux opérateurs économiques nationaux et communautaires, informe  la Direction des financements Extérieurs et des PPP du  Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération.

 

Saluant l’initiative de l’Etat du Sénégal, instituant un nouveau cadre des PPP,  Mor Talla Kane, Directeur Exécutif de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), est d’avis que, « C’est déjà une bonne avancée de déclarer qu’on veut donner un certain taux des projets de l’Etat au secteur privé national ». Toutefois, il poursuit pour dire qu’il faut « s’interroger sur les conditions d’impliquer le secteur privé national ». D’après lui, il ne faut pas se voiler la face, aujourd’hui, il ne s’agit pas juste de dire, j’attends de vous secteur privé national, que vous réalisiez tel pourcentage de la commande publique, sans mettre sur la table, les conditions permissives, de réalisation de cette participation. De l’avis du Directeur Exécutif de la CNES, « Si aujourd’hui, les entreprises n’ont pas de ressources financières, malmenées par la pandémie, avec une baisse drastique ces dix  dernières de la commande publique, alors leur demander de s’impliquer dans les projets de l’Etat, reste complexe ». Dans le financement, l’Etat doit appuyer le secteur privé national, en termes d’arrangements d’ordre fiscal, l’Etat doit pouvoir faire un geste. Il y a un effort qui doit être fait de la part de l’Etat pour  accompagner les entreprises sénégalaises à mieux s’impliquer, à mieux prendre part à la commande publique. Il faudrait aussi inviter les banques à s’investir, même si elles sont des banques commerciales. Il faut une grande alliance pour permettre au secteur privé d’entrer dans le jeu, soutient Mor Talla Kane.

Par ailleurs, il invite l’Etat du Sénégal aussi à  faire dans le minimum de partage avec le secteur privé dans l’élaboration de la loi des finances et des différentes politiques économiques.  On découvre certaines décisions dans les médias ou après arbitrage, ce qui fait, qu’on a des difficultés à croire à la sincérité de cet engagement, pour le partenariat public-privé, déplore-t-il. Selon lui,  il faut que l’Etat du Sénégal construise avec le secteur privé les grands schémas des projets et l’associe dans toutes les orientations économiques. Les projets de l’Etat doivent être les projets du secteur privé, parce que le point de convergence est le développement économique et social du Sénégal. Les grands projets de l’Etat sont une excellente chose, mais les opérateurs économiques ne sont pas convaincus et ils ne  peuvent pas plonger comme ça dans l’incertitude, prévient Mor Talla Kane. Néanmoins, ce dernier pense qu’en  ces moments de pandémie où l’on constate autant de concertations publiques-privées à travers le monde, le Sénégal ne devrait pas être en reste. Selon le Directeur Exécutif de la CNES, «  personne n’a une lecture claire de l’avenir et  de ce qui va advenir avec cette pandémie. Quand l’horizon est assombrie, mieux vaut partager ses informations, ses appréhensions et ses espoirs. Si on ne le fait pas, on risque de se retrouver dans des situations difficiles ».

Construire de grands blocs du secteur privé et éviter l’émiettement

Pour l’avènement d’un secteur privé fort au Sénégal, Mor Talla Kane estime qu’il faut une posture responsable des acteurs du privé. Selon lui, « tant que le secteur privé sénégalais sera dispersé, émietté, il sera très difficile d’atteindre des niveaux conséquents sur la commande publique ». Il faut une masse critique pour pouvoir intervenir sur certains grands chantiers. Cela est de la responsabilité des chefs d’entreprises, renchérit-il. Il faut que les gens comprennent que, c’est dans les alliances qu’on peut réussir. Il faut qu’il ait des consortiums, que les gens acceptent de se mettre ensemble pour agréger leurs moyens et avoir une possibilité d’accéder aux marchés de la commande publique, en termes de capacités techniques, en termes de moyens financiers et de lobbying, plaide le Directeur Exécutif de la CNES.  Ceci est la grande bataille du secteur privé national, se séparer de nos démons d’individualité et  mutualiser les forces à tout point de vue. Une partie du problème est à régler par le secteur privé national, lui-même, déclare Mor Talla Kane.

(Source BIE)

 

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