Les premiers balbutiements de structuration de la filière avicole sénégalaise ont commencé en 2005. A en croire, le président de la FAFA (Fédération des Acteurs de la filière avicole), Serge Sadio, les acteurs sénégalais ont l’expertise pour développer encore davantage la filière avicole, mais il faut toutefois une convergence entre les producteurs, les industriels de l’aliment volaille, des poussins et surtout l’accompagnement de l’Etat.
L’émergence de la grippe aviaire et la décision prise par l’Etat du Sénégal d’interdire toute importation de volaille, a permis la filière avicole sénégalaise de bien se structurer et d’enregistrer une production beaucoup plus conséquente à l’échelle nationale. Toutefois, malgré ce contexte favorable, la filière avicole avec son lot de petits producteurs, a encore des marges de progression à réaliser. Ainsi, le président du FAFA pense qu’au Sénégal, on pourrait avoir un poulet compétitif. Si aujourd’hui, le Maroc a pu avoir une filière avicole huppée, cela se reflète sur le fait qu’au Royaume chérifien, la plus petite ferme de volaille est à 22 mille sujets minimum. Il n’y a pas au Maroc, une exploitation qui fait dans les 1500 à 2000 sujets, détaille Serge Sadio. Mais pour cela, les aviculteurs marocains ont bénéficié de l’accompagnement de leur Etat. Selon le président de la FAFA, la filière avicole marocaine a commencé à être structurée depuis les années 70, alors qu’au Sénégal, ce n’est qu’en 2005 qu’on peut parler d’une certaine structuration de la filière avicole. La filière avicole sénégalaise est « assez jeune », et il y a du travail à faire en plus de l’accompagnement de l’Etat, estime le président de la FAFA. Il soutient qu’il est temps qu’au Sénégal que l’on fasse de sorte que les acteurs y gagnent dans la filière avicole. Par exemple, pour l’aliment de volaille, avant de décréter une augmentation, qu’il ait des échanges, que l’industriel évoque ses charges (importation d’intrants, fret, taxes douanes…) et discute avec les acteurs de la filière. Mais, ce n’est pas toujours le cas, on se lève pour décider d’une hausse de manière unilatérale du sac d’aliment et les producteurs de la filière sont lésés, déplore le président de la FAFA. Une telle pratique ne participe pas à rendre compétitive la volaille sénégalaise, analyse Serge Sadio.
Parlant des poussins, il indique que les acteurs déplorent la qualité des offres du marché. Il peut arriver qu’un producteur démarre avec des poussins, qui au bout de 30 jours n’arrivent pas à atteindre les 2kg. L’aviculteur respecte le protocole de vaccination, le protocole sanitaire, le timing dans l’alimentation, mais le poids ne suit pas, cela veut qu’il y a problème quelque part, argumente le président de la FAFA. Il reconnaît que les producteurs aussi ne parviennent pas à se fédérer pour faire des analyses sur l’aliment de volaille, pour vérifier si tous les intrants mentionnés dans l’emballage du sac d’aliment sont bien de mise dans le produit en vente. Si vous faites une sortie pour épingler une société sur l’aliment volaille ou les poussins, il s’en suivra un procès contre vous, alors dans un pays comme le Maroc l’offre est de qualité dans la filière. Dans ce pays, l’éleveur a des contrats avec le vétérinaire, un laboratoire, parce que sa capacité de production le lui permet, témoigne Serge Sadio. D’après lui, la filière avicole peut créer énormément d’emplois. Aujourd’hui, on en est à 55 mille emplois directs et la filière avicole peut en faire beaucoup plus, renchérit Serge Sadio. Il souligne que dans la filière avicole, il n’y a pas que le poulet de chair, il y a plusieurs maillons comme la dinde, le pigeon et la pintade entre autres.
Les privés ont consenti des investissements, à l’Etat de pérenniser les activités par plus d’accompagnement
Les acteurs de la filière avicole ont cheminé tout seul pour bâtir l’existant dans la volaille sénégalaise. Selon Serge Sadio, tous les investissements dans la filière avicole sénégalaise ont été réalisés par des privés, qui ont mis en place des entreprises. C’est après, que l’Etat du Sénégal a suivi les privés dans leur élan de développer la filière avicole, soutient le président de la FAFA. Il poursuit pour dire que « nous aimerions que l’Etat prenne les devants, qu’il anticipe en terme de prospectives pour orienter les acteurs ». Selon le président de la FAFA, pour créer des champions, il faut que l’Etat appuie les acteurs de la filière. En outre, ajoute Serge Sadio, il est important aussi que l’Etat du Sénégal aide nos champions de la filière avicole à s’exporter dans la sous-région. Il estime que le savoir-faire de la SEDIMA doit essaimer dans la sous-région, pour permettre aux acteurs locaux de souffler. Maintenant, il faut dire que l’Etat ces cinq dernières années, a fait beaucoup d’efforts pour l’aviculture et le sous-secteur de l’élevage d’une manière générale. « Nous sommes des entrepreneurs, et on souhaite que l’Etat aille beaucoup plus loin et beaucoup plus vite », assène le président de la FAFA. De l’avis de Serge Sadio, si un aviculteur a besoin de transformer son poulet et que l’équipement coûte excessivement chère, il va continuer à faire son travail dans des conditions déplorables et cela ne participe au développement de son business et à épargner la santé du consommateur. Les abattoirs modernes ne sont de mise que ces dernières années et avant le poulet se transformait et se transforme encore des endroits appelés communément ‘’tuerie’’ où travaillent des jeunes. Que l’Etat appuie ces jeunes à acquérir des équipements leur permettent de plumer le poulet sans beaucoup de manipulation avec les mains, suggère le président de la FAFA. L’Etat doit appuyer la filière avicole à relever le niveau d’équipement et le niveau d’hygiène, résume Serge Sadio.
Source BIE