Tiémoko Meyliet Koné,gouverneur de la BCEAO
La BCEAO a maintenu sa politique monétaire visant à soutenir la reprise économique en Afrique de l’Ouest. Certes, l’inflation est un peu supérieure aux objectifs, mais pour des motifs conjoncturels qui disparaîtront bientôt, rassure la Banque centrale.
Un message plutôt rassurant ressort du dernier bulletin de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). L’institution a tenu son Comité de politique monétaire (CPM), par visioconférence, le 8 septembre 2021, sous la présidence du gouverneur Tiémoko Meyliet Koné.Cette réunion vise à passer en revue les principales évolutions de la conjoncture économique ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives d’inflation et de croissance économique dans l’Union.
Et à en tirer les conséquences sur la politique en matière de taux d’intérêt. Sur ce point, nul suspens : le CPM a décidé de maintenir inchangés ses taux directeurs – inchangés depuis le 24 juin 2020 – ainsi que le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité a noté une forte progression de l’activité économique mondiale au deuxième trimestre 2021, sous l’effet de la poursuite des mesures de soutien budgétaire et monétaire et de l’assouplissement des mesures de restriction.
Celles-ci découlent des avancées enregistrées dans les campagnes de vaccination. Bien sûr, le dynamisme apparent est à relativiser : il fait suite à la contraction significative de l’activité enregistrée à la même période de l’année précédente. D’où un « effet de base » favorable. La BCEAO retient néanmoins l’hypothèse d’une reprise mondiale de 6% en 2021 après une contraction de 3,2% l’an dernier.
Hausse des prix à l’exportation
Sur les marchés internationaux, note le CPM, les cours des matières premières ont, pour le quatrième trimestre consécutif, poursuivi leur raffermissement sous l’effet de la reprise de la demande à l’échelle mondiale, de l’amélioration des perspectives économiques, ainsi que de la persistance de contraintes pesant sur l’offre.
Ainsi, les prix des produits énergétiques ont connu une hausse de 12,8% au deuxième trimestre 2021, après avoir déjà rebondi de 35,2% au trimestre précédent. Parallèlement, les cours des produits de base non énergétiques ont enregistré une progression de 8,6%, après + 11,8% un trimestre auparavant. Du point de vue de l’UEMOA, cela se traduit par une hausse de 2,7% des matières premières exportées, hors énergies, au deuxième trimestre (après +5,7%).Dans le même temps, l’indice des prix des principaux produits alimentaires importés par les pays de l’Union a connu une croissance de 4,2% en trois mois, après une augmentation de 6,9% au premier trimestre, fait observer la BCEAO, qui se refuse à y voir un signe inflationniste.
Il est vrai que la conjoncture interne incite plutôt à l’optimisme : la croissance ressort à 7,7%, en rythme annuel, au deuxième trimestre 2021, contre une croissance de 3,4% au trimestre précédent. « Cette évolution a été portée par l’accélération de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs d’activité, note la Banque centrale qui attribue également ce regain de dynamisme de la croissance à la vigueur de la demande intérieure. »
De solides réserves de change
Voilà qui permet aux gouverneurs de la BCEAO de considérer que la croissance économique retrouverait sa tendance d’avant le choc sanitaire en se situant à 5,4% en 2021 puis à 6,4% en 2022. Ce, à la faveur de la consolidation de la reprise de l’activité économique dans l’Union consécutive à la bonne exécution des plans de relance et au maintien des mesures de soutien budgétaire et monétaire.
D’autant qu’au cours du premier semestre, l’exécution des opérations financières des États ouest-africains s’est soldée par une atténuation du déficit budgétaire global, 4,6% du PIB contre 5,4% un an plus tôt. Les indicateurs monétaires ne montrent pas de signes d’inquiétudes. À fin juin 2021, la masse monétaire avait progressé, en rythme annuel, de 19,5%, mais cette évolution reflète «la consolidation des réserves de change et l’augmentation des créances des banques ». Les réserves de change assurent à l’Union 6,2 mois d’importations de biens et services à fin juin 2021.
Certes, le CPM a relevé une accélération de l’inflation, qui ressort à 3,3% au deuxième trimestre 2021 contre 2,2% un trimestre plus tôt. « Cet accroissement est imputable essentiellement au renchérissement des produits alimentaires, du fait de la baisse de la production céréalière dans certains pays et des difficultés d’approvisionnement des marchés induites par les crises sanitaire et sécuritaire, dans d’autres pays. »
Et si l’inflation « sous-jacente » est aussi en hausse (2,7% contre 1,9%), « l’inflation à horizon 24 mois se situerait à 2,2% », soit dans la zone cible de 1% – 3% définie pour la politique monétaire dans l’UMOA. En particulier, grâce aux résultats favorables de la campagne agricole 2021-2022, les prix des produits alimentaires locaux devraient diminuer. Nul besoin, donc, de modifier la politique monétaire, conclut la Banque centrale.
(Source: Le magazine de l’Afrique)