À l’initiative d’Emmanuel Macron, dirigeants africains, européens et institutions multilatérales aborderont la question de la dette de l’Afrique et les enjeux de développement du continent
Emmanuel Macron réunit mardi 18 mai 2021, une trentaine de dirigeants africains et européens, ainsi que des institutions multilatérales, pour tenter de trouver des solutions inédites à la crise de financement d’une Afrique qui aspire à maîtriser son développement et à s’extraire du piège de la dette.
La réunion sera précédée lundi d’une conférence de soutien à la transition au Soudan. Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok avait indiqué dans un récent entretien vouloir discuter à cette occasion d’une «remise de dette avec le Club de Paris», le «plus important créancier» du pays avec environ 38% de ses 60 milliards de dollars de dette extérieure. L’idée de ce «Sommet sur le financement des économies africaines» a germé à l’automne, quand le Fonds monétaire international a calculé que l’Afrique risquait de se heurter à un déficit de financement («financial gap») de 290 milliards de dollars d’ici 2023.
“En train d’abandonner l’Afrique”
Certes, la croissance du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l’an passé (-2,1%), devrait rebondir de 3,4% en 2021 et de 4% en 2022.Le moratoire sur le service de la dette publique mis en place dès avril 2020 à l’initiative du Club de Paris et du G20 a également permis de donner un peu d’air, en suspendant le paiement de 5,7 milliards d’euros d’intérêt au bénéfice d’une cinquantaine de pays.
Et le G20 a réussi à convaincre la Chine, de loin le plus gros créancier bilatéral du continent, et les créanciers privés, de prendre part aux futures renégociations de dette. Mais cela ne suffira pas. «Nous ne pouvons pas faire avec les recettes d’hier» alors que «nous sommes collectivement en train d’abandonner l’Afrique à des solutions qui datent des années 60», a estimé Emmanuel Macron fin avril, appelant à un «New Deal du financement de l’Afrique». Il a mis en garde contre le risque d’un effet boomerang, entre «réduction des opportunités économiques», «migration subie» et «expansion du terrorisme».
«Dialogue exigeant»
Si le principe d’une émission de DTS de 650 milliards de dollars, dont 34 seront alloués à l’Afrique, est acquis, son montant est jugé insuffisant, selon la présidence française, qui suggère une vente de l’or du FMI pour alimenter des prêts à taux zéro aux pays africains.Les conditions posées par le FMI en échange de son soutien continuent aussi de faire débat. De son côté, Oxfam réclame que le FMI et la Banque mondiale renoncent aux «conditionnalités fiscales injustes ou régressives dans le cadre de leurs prêts et programmes». Selon l’ONG, l’institution basée à Washington a par exemple exigé du Nigeria une hausse de la TVA pénalisante pour les ménages les plus pauvres.Mais l’investissement privé devra aussi être mobilisé pour financer le développement d’un continent qui aspire à sortir de la logique de l’assistance. Un entretien bilatéral entre le président français et celui du Mozambique est par ailleurs prévu en marge du sommet mardi matin, pour aborder notamment la situation dans le nord du pays, aux prises avec une guérilla jihadiste.
(Source AFP)