Pape Thialy Faye,Président CN ITIE
Le Comité National de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (CN-ITIE) a officiellement publié son rapport annuel 2024. Dans un contexte de mutation profonde de l’économie nationale, les revenus générés par les mines et les hydrocarbures atteignent des sommets historiques, confirmant le nouveau statut du Sénégal sur l’échiquier énergétique mondial.
Une performance financière sans précédent
L’exercice 2024 marque un tournant définitif. Selon les données consolidées, le secteur extractif a injecté 455 milliards de FCFA dans les caisses de l’État. Si le secteur minier demeure le socle des revenus (avec l’or et les phosphates en tête), l’année 2024 restera celle de la « première goutte » de pétrole du champ de Sangomar, dont l’impact fiscal commence à transformer les équilibres budgétaires du pays.
À titre de comparaison, les revenus du seul premier semestre 2024 s’élevaient déjà à 236 milliards de FCFA, portés par une production minière dynamique et les prémices de l’exploitation pétrolière.
Transparence et “Bénéficiaires Effectifs” : La fin de l’opacité
L’une des grandes annonces de ce rapport concerne la gouvernance. Conformément aux standards de l’ITIE, le Sénégal a franchi une étape majeure dans la lutte contre les flux financiers illicites. Le rapport souligne l’entrée en vigueur effective de l’accès public au registre des bénéficiaires effectifs.
Désormais, l’identité des véritables propriétaires des compagnies opérant sur le sol sénégalais est accessible, un signal fort envoyé aux investisseurs internationaux et aux institutions de financement pour garantir l’éthique des affaires dans les secteurs à haute valeur ajoutée.
Le “Contenu Local” au cœur de la stratégie
Au-delà des recettes fiscales, le rapport 2024 met en lumière l’impact direct sur le tissu économique national. La loi sur le contenu local commence à porter ses fruits : Les entreprises sénégalaises ont capté une part croissante des marchés de sous-traitance, notamment dans la logistique et les services pétroliers ; Les investissements sociaux (RSE) et les dépenses environnementales ont atteint des niveaux records, visant à apaiser les tensions dans les zones de production minière et gazière.
Perspectives : Vers une croissance dopée par le gaz en 2025
Le rapport ITIE 2024 ne se contente pas de dresser un bilan ; il ouvre la voie à un exercice 2025 encore plus prometteur. Avec la montée en puissance de la production de gaz naturel liquéfié (GNL) via le projet GTA, les experts prévoient une accélération de la part du secteur extractif dans le PIB national.
Pour les analystes financiers, le défi reste désormais la gestion de cette manne via le Fonds Intergénérationnel et le respect strict des mécanismes de stabilisation budgétaire pour éviter toute surchauffe de l’économie.
