Le Sénégal veut franchir un nouveau cap numérique. La première édition du Dakar Digital Africa Summit, organisée ce 5 décembre 2025 à Dakar, a mis en lumière les opportunités et défis de l’inclusion digitale. Autour du rapport de la GSMA, organisation mondiale qui unifie l’écosystème mobile, les acteurs publics et privés ont appelé à des réformes fiscales et réglementaires pour transformer la connectivité en véritable levier de développement économique et social.
Présenté lors du sommet numérique africain, le rapport intitulé Accélérer la transformation numérique de l’économie au Sénégal révèle que le pays pourrait connecter 2,6 millions de personnes supplémentaires à Internet d’ici 2030, générer 1 100 milliards FCFA de croissance économique et créer 280 000 emplois. Au-delà des chiffres, l’impact le plus significatif serait l’amélioration des conditions de vie des populations et le soutien aux ambitions du Sénégal dans le cadre du New Deal Technologique 2034. Angela Wamola, Directrice Afrique de la GSMA, a déclaré : « Le Sénégal dispose de tous les ingrédients pour devenir l’une des économies numériques les plus dynamiques d’Afrique, avec des stratégies nationales solides et une population jeune et ambitieuse. Mais des millions de personnes restent freinées par le coût des appareils, les lacunes en compétences et les barrières d’accès. » La GSMA identifie cinq leviers majeurs pour réduire l’écart d’usage (54 % de la population vit dans des zones couvertes mais n’utilise pas Internet mobile) :
- la Suppression des taxes sur les smartphones d’entrée de gamme et la réduction des prélèvements sur les données ;
- le Renforcement des infrastructures avec des licences de spectre plus longues et moins coûteuses ;
- la Coordination accrue entre énergie et télécommunications pour fiabiliser les réseaux ruraux ;
- la Modernisation de la réglementation pour soutenir l’innovation et garantir l’équité entre prestataires ;
- et l’Accélération des services publics numériques (e-gouvernement, santé digitale, paiements électroniques).
Les dirigeants des principaux opérateurs ont profité du sommet pour exposer leurs initiatives :
- Expresso Sénégal, par la voix de sa DG Fatou Sow Kane, a mis en avant son Innovation Hub et son département ICT Innovation, qui accompagnent les start-ups et promeuvent l’éducation digitale, notamment auprès du secteur informel.
- Sonatel, représenté par Brelotte Ba, a rappelé ses investissements annuels de plus de 114 milliards FCFA, sa couverture 4G de 97 % et le lancement de la 5G, tout en plaidant pour une meilleure équité dans la régulation des fréquences.
- Yass Télécom, dirigé par Hannafi Cissé, a insisté sur l’importance de l’innovation et de la connectivité universelle, rappelant que le numérique représente déjà 8 % du PIB du Sénégal.
Une ambition nationale : le New Deal Technologique 2034
Malang Faty, représentant du ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Alioune Sall, et le directeur général de l’ARTP, Dahirou Thiam, ont rappelé que le New Deal Technologique 2034, ainsi que les programmes Digital Senegal 2025 et PAENS, constituent des cadres stratégiques pour faire du numérique un bien public. Le régulateur sénégalais, salué pour son rôle de référence sur le continent, est appelé à poursuivre ses efforts afin de consolider la place du pays parmi les champions africains du digital. Le Dakar Digital Africa Summit a confirmé que le numérique est désormais au cœur du développement économique et social du Sénégal. Les réformes proposées par la GSMA, combinées aux investissements des opérateurs et à l’engagement des autorités, pourraient transformer l’accès au digital en un levier concret de croissance inclusive et durable. L’ambition est claire : faire passer le Sénégal du 4e rang africain actuel au statut de leader continental du numérique.
Mamadou SY



