Souveraineté économique : Faire de l’investissement domestique notre nouveau baromètre et vers une agence de notation sous régionale de référence

Par: Dr Ibra MBAYE, Economiste

Et si la véritable mesure de notre dynamique économique ne se trouvait pas dans les classements internationaux, mais dans notre capacité à mobiliser et à valoriser notre propre épargne ? Cette question cruciale est soulevée par une analyse récente qui invite à interroger la prééminence des agences de notation internationales telles que Moody’s, Standard & Poor, Mo Ibrahim ou le Doing Business (devenu B ready), dans l’évaluation de notre environnement des affaires. Si ces indicateurs offrent une perspective utile, leur grille de lecture semble souvent trop exclusivement calibrée pour attirer les investisseurs étrangers. Or, sans négliger ces capitaux, il est crucial de reconnaître que le premier levier de notre croissance réside dans l’investissement domestique. Celui-ci est, par nature, plus ancré dans notre tissu économique, générant une valeur ajoutée mieux redistribuée, créant des emplois durables et, in fine, nourrissant une croissance véritablement inclusive. Le Sénégal possède ainsi tous les atouts pour concrétiser cette vision d’un développement souverain et endogène déclinée dans l’Agenda de transformation Sénégal 2050 en améliorant davantage son climat des affaires, en valorisant le potentiel de ses territoires et en renforçant la compétitivité de son entreprise domestique, notamment la PME-PMI.

Dans cette dynamique stratégique, une perspective s’offre à la sous-région : se doter d’un baromètre et d’une agence de notation sous régionales de référence dédiés à la mesure et à la stimulation de l’investissement ouest-africain par les ouest-africains prenant en compte nos réalités économiques, nos cadrages macroéconomiques et les efforts entrepris en termes de réformes pour améliorer le climat des affaires en faveur des entreprises locales. Cette transformation peut s’articuler autour de plusieurs axes. Premièrement, il s’agira de redéfinir la mesure en créant des indicateurs sur le volume, l’impact qualitatif et la dynamique entrepreneuriale des investissements locaux. Deuxièmement, ce baromètre devra s’appuyer sur une plateforme technologique robuste pour collecter et visualiser les données en temps réel.

La finalité de cet outil est de devenir un levier d’influence et d’aide à la décision, grâce à la publication d’un rapport annuel de référence et de notes de politique économique ciblées. Enfin, pour asseoir sa crédibilité et son impact, le baromètre devra s’imposer par une communication active, en créant par exemple un label « Investisseur Régional » et en forgeant des partenariats stratégiques à l’échelle de la CEDEAO et africaine. Ainsi, ce futur baromètre sous-régional, en endossant le rôle « d’agence de notation ouest-africain pour l’investissement domestique », passerait du statut d’outil de mesure à celui d’acteur central de la souveraineté économique régionale, en parfaite adéquation avec l’impératif d’un développement endogène.

Author: admin