La zone franc CFA est souvent présentée comme l’une des plus faibles en termes de performances économiques. Les deux leaders de cette zone monétaire démentent cette façon de voir, si on s’en tient aux perspectives économiques du Fonds monétaire international.
La Côte d’Ivoire et le Cameroun, les deux leaders économiques respectifs de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) figurent dans le top 6 des pays d’Afrique subsaharienne, susceptibles de réaliser le plus d’augmentation de valeur ajoutée à leurs économies au cours de cette année 2021 de relance post-covid-19.
Selon des calculs de l’Agence Ecofin s’appuyant sur les données publiées le 7 avril 2021 par le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre des perspectives économiques révisées pour le monde, la Côte d’Ivoire devrait ajouter 9,6 milliards $ de produit intérieur brut (PIB) supplémentaires en 2021, comparativement à l’année 2020. Elle se classe troisième derrière le Nigeria (84,6 milliards $) et l’Afrique du Sud (27,41 milliards $).
Le Cameroun vient pour sa part en sixième position avec un ajout estimé de 5,87 milliards $ de PIB supplémentaires à son économie. Il devance ainsi le Ghana (7e) qui devrait ajouter 5 milliards $ de richesse créée à son économie.
Si on compare cette performance à celle de l’année 2010, de reprise post-crise financière de 2008-2009, la Côte d’Ivoire se classe deuxième derrière le Nigeria avec un écart de performance de 8,9 milliards $ et le Cameroun, troisième avec un écart de performance positif de 5,7 milliards $.
Cette performance est d’autant plus notable qu’elle repose sur des prévisions d’inflation (hausse des prix) modérée. Elle est prévue à +1,2% pour le Cameroun et + 2% pour la Côte d’Ivoire. Au Nigeria, cette inflation est attendue en hausse de 16%, avec des pics à 19% de moyenne pour les produits alimentaires.
La Côte d’Ivoire et le Cameroun réalisent cette performance en raison de la nature diversifiée de leurs économies. Même si le pétrole constitue une composante essentielle des revenus du Cameroun, le pays a pu compenser avec d’autres produits comme ceux de l’agriculture. La Côte d’Ivoire a des ressources pour rebondir, malgré les restrictions imposées par la covid-19, une élection présidentielle sensible et la disparition de deux premiers ministres.
Divers analystes estiment aussi que les deux pays bénéficient largement de la stabilité que leur confère le franc CFA. Rattaché à l’euro par une parité fixe, il représente un coussin de sécurité durant les périodes de grands chocs extérieurs. Ces indicateurs diluent aussi l’idée selon laquelle, les économies d’Afrique francophone sont les pires en termes de performances en Afrique subsaharienne.
Mis ensemble, la Côte d’Ivoire et le Cameroun cumulent un PIB estimé à 115,17 milliards $ pour l’année 2021. C’est mieux que le Kenya qui compte 49 millions d’habitants, pour un PIB attendu à 106 milliards $.
(Agence Ecofin)