
Le rapport NACE 2024 de l’ANSD met en lumière la contribution dynamique des secteurs secondaire et primaire notamment le raffinage et l’extraction à la croissance. Toutefois, malgré des performances sectorielles notables, le commerce extérieur reste marqué par un déséquilibre structurel, traduisant la nécessité d’un changement de paradigme économique.
Une dynamique portée par le pétrole, l’or et l’agroalimentaire*
En 2024, les exportations sénégalaises ont atteint 3 909 milliards FCFA, en hausse de 21,3 %. Cette performance exceptionnelle est portée par une forte progression de plusieurs produits clés : les produits pétroliers raffinés ont généré près de 792 milliards FCFA, en hausse de 17 %, l’or non monétaire a atteint 588,5 milliards FCFA, et les premières exportations de pétrole brut du champ Sangomar ont rapporté 464,6 milliards FCFA. L’agroalimentaire transformé, notamment les conserves de poisson, a également connu une progression remarquable. Malgré cette embellie, le déficit commercial reste élevé, atteignant 3 252 milliards FCFA, signe d’un déséquilibre structurel persistant.
Le taux de couverture reste préoccupant*
Le taux de couverture des importations par les exportations s’élève à 54,6 % en 2024. Même si le Sénégal cessait totalement d’importer riz et blé, deux produits majeurs, le déficit ne baisserait que de 626 milliards FCFA, et le taux de couverture ne dépasserait pas 60 %. Cela montre que les déséquilibres sont structurels, et non conjoncturels.
SAR 2 et Gas to Power : des leviers décisifs*
Les projets SAR 2 (extension de la capacité de raffinage) et Gas to Power (production d’électricité à partir du gaz naturel) constituent des outils stratégiques. Ils permettront à terme de réduire les importations énergétiques, d’abaisser les coûts de production, et de stimuler l’industrialisation locale. Ce sont des investissements clés pour améliorer substantiellement la balance commerciale.
Miser sur un développement endogène et productif*
Le commerce extérieur reflète la structure de l’économie nationale. Pour corriger durablement son déficit, le Sénégal doit accroître sa capacité de production locale, notamment dans l’agriculture, l’agroalimentaire, l’industrie et les services exportables. Cela nécessite des investissements structurants dans les infrastructures, l’énergie, la logistique, mais aussi — et surtout — dans la formation technique et professionnelle. Former une main-d’œuvre qualifiée, adaptable et productive est indispensable pour bâtir une économie compétitive, capable de générer des produits de qualité, à coût maîtrisé. C’est en misant sur l’élévation continue de la productivité, que le pays pourra espérer élargir sa base exportatrice et tendre vers un équilibre structurel de son commerce extérieur, fondé sur un véritable développement endogène.
Pr Amath NDIAYE
FASEG-UCAD