Débats autour du rapport de la Cour des comptes : une controverse ”naturelle” dans un État démocratique (président)

Le président de la Cour des comptes du Sénégal, a réagi, mercredi, aux commentaires nés de la publication du rapport de l’institution de contrôle des finances publiques portant sur la gestion des deniers publics de 2019 à mars 2024, affirmant qu’il s’agissait d’un débat sain et légitime dans un État démocratique.

”Il est tout à fait normal qu’il y ait eu cette controverse, car c’est une première. Une première en Afrique, et elle a naturellement suscité des débats‘’, a déclaré Mamadou Faye, qui souligne que la Cour a agi dans le strict respect de ses missions.

Il intervenait devant des journalistes en marge de l’ouverture officielle de la 10e Assemblée générale de l’Association des institutions supérieures de contrôle ayant en commun l’usage du français (AISCCUF), en présence de la secrétaire générale adjointe de la Cour des comptes française, Gwladys De Castries.

La rencontre, qui réunit des institutions supérieures de contrôle (ISC) issues de l’espace francophone, porte sur le thème : ‘’Enjeux des changements climatiques au sein des Institutions Supérieures de Contrôle francophones : Quelle adaptabilité pour les ISC ? ‘’

Selon Mamadou Faye, les rapports de la Cour des comptes constituent un moyen de communication à part entière, et ‘’ces documents parlent d’eux-mêmes‘’.

Il a ajouté que l’institution travaille ‘’au nom des citoyens ‘’, et que leur réaction, même critique, est une expression de la démocratie.

Estimant que la Cour est ‘’mal connue‘’ du grand public, le président de la Cour des comptes appelle à une meilleure vulgarisation des procédures de l’organe de contrôle.

”Il nous appartient de mieux communiquer. Les débats doivent nous pousser à faire en sorte que les journalistes, les rapporteurs et les citoyens comprennent les procédures de la Cour ‘’, a insisté Mamadou Faye.

Revenant sur le rapport, il a souligné que ‘’toutes les règles ont été respectées’’, notamment la procédure ‘’contradictoire, écrite et secrète ‘’, précisant que le rapport provisoire a été transmis au ministère des Finances, qui a pu faire valoir ses observations.

‘’La contradiction entre la Cour et le ministère a bien eu lieu. La suite, entre le ministère et les autres entités impliquées, ne relève pas de notre compétence‘’, a lancé le premier président de la Cour des comptes.

La Cour des comptes a confirmé, dans un rapport publié au mois de février, les allégations faites par le gouvernement en septembre dernier, selon lesquelles des ‘’données erronées’’ ont été publiées entre 2019 et 2023, concernant la dette et le déficit publics du Sénégal.

Elle a rendu public le ‘’Rapport définitif sur la situation des finances publiques – Gestions de 2019 à mars 2024’’.

‘’Les travaux de la Cour [des comptes] ont permis de relever les constatations ci-après : des discordances sur les données de l’amortissement, de l’encours de la dette publique et des disponibilités bancaires ; des anomalies constatées dans les surfinancements ; des pratiques impactant la trésorerie de l’État ; des manquements dans la gestion des dépôts à terme’’, lit-on dans ce document de 57 pages.

L’institution exerçant une mission de contrôle des finances publiques signale l’existence d’‘’un reliquat de l’emprunt obligataire de 2022 non versé au Trésor public’’, d’‘’une dette garantie non exhaustive’’, d’‘’une dette bancaire importante, contractée hors circuit budgétaire’’, de ‘’déficits budgétaires supérieurs à ceux affichés dans les documents de reddition’’, et d’‘’un encours de la dette supérieur au montant figurant dans les documents de reddition’’.

Les auteurs de l’audit relèvent ‘’des discordances sur les données de l’amortissement, de l’encours de la dette publique et des disponibilités bancaires’’.

Dans la foulée, l’ex président de la République, Macky Sall, et son partisans ont rejeté les conclusions de la Cour.

(APS) –

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