D’après la BAD, l’empire du Milieu est de loin le créancier le plus important de l’Afrique « hors Club de Paris ». Ils sont pointés du doigt pour le manque de transparence d’une grande partie de leurs prêts, en plein débat sur l’annulation ou le report de la dette africaine.
Au cours des dernières années, les prêts chinois en faveur des pays africains ont connu la plus forte augmentation parmi les créanciers du continent non membres du Club de Paris. C’est ce que révèle le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques de l’Afrique en 2021.
Selon l’institution, entre 2000 et 2018, les prêts de Pékin en faveur de l’Afrique ont augmenté en se maintenant au-dessus des 10 milliards $ par an entre 2012 et 2017, avec un pic à près de 30 milliards $ en 2016. Ils ont ciblé des secteurs importants pour le développement du continent tels que celui des infrastructures ; l’empire du Milieu s’étant positionné sur de nombreux grands projets de construction de routes, ports, et aéroports au cours de la décennie passée.
Cependant, la BAD indique que la croissance de ces prêts a eu lieu dans un contexte marqué par une certaine opacité.
« Le nombre de créanciers non membres du Club de Paris dans le paysage des créanciers africains a augmenté, le plus important étant de loin la Chine. Une grande partie des prêts ne sont pas transparents sur les conditions de prêt et les garanties », affirme l’institution panafricaine. De plus, elle estime que « la plupart des pays actuellement en situation de surendettement ou jugés à haut risque de surendettement sont fortement exposés aux prêts chinois ». C’est le cas notamment de Djibouti dont 57% de la dette totale est détenue par Pékin, de l’Angola (49%), ou encore du Congo (45%).
Ce rapport est publié dans un contexte marqué par un retour de la question de la dette dans l’actualité des pays africains qui recherchent actuellement des financements pour se sortir de la crise économique engendrée par le coronavirus. Depuis plusieurs années, les pays occidentaux accusent Pékin, premier partenaire commercial du continent noir, d’enfermer les économies africaines dans un piège de la dette.
Alors que des négociations pour un report voire une annulation des dettes africaines sont toujours au menu des discussions, le rôle de la Chine dans ce processus continue de faire débat. Lors d’une conférence de presse organisée en février 2021, le président français Emmanuel Macron avait ainsi déclaré : « rien ne sert de restructurer les dettes africaines à l’égard de l’Europe et des Etats-Unis si c’est pour contracter plus de dettes à l’égard de la Chine […] Ce qu’on a quand même très souvent vu faire, ces dernières années », faisant ainsi référence aux résultats de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) lancée entre la fin des années 90 et le début des années 2000 pour annuler la dette de plusieurs pays africains, et qui avait conduit à un nouveau cycle d’endettement massif auprès de la Chine.
Au vu de cette situation, Paris et la BAD semblent convenir du fait que toute restructuration ou résolution significative de la dette des pays africains « nécessiterait de négocier avec les prêteurs officiels du Club de Paris et d’autres pays, tels que la Chine ». Cependant la coordination entre les deux parties n’étant pas des plus saines, encore moins sur ce sujet, obtenir un tel accord s’annonce difficile.
Notons néanmoins que ces dernières années, le volume des prêts décaissés par la Chine chaque année semble en recul. D’après la BAD qui se base sur l’Initiative de recherche Chine-Afrique de la SAIS de l’Université Johns-Hopkins, depuis le pic de 2016, les prêts chinois sont redescendus à près de 15 milliards $ en 2017, puis en dessous des 10 milliards $ en 2018.
(Agence Ecofin)