Production de riz au Sénégal: Encore des efforts à faire pour atteindre l’autosuffisance

Macky Sall, veut faire du Sénégal, un pays autosuffisant en riz

La filière riz figure en bonne place dans la relance de l’économie sénégalaise, notamment le PAP2A (Plan d’Actions prioritaires). Aujourd’hui, la production de riz dans la vallée du fleuve Sénégal est passée de 300.000 tonnes de riz de paddy à 480.000 tonnes, informe le BIE (Bulletin d’Information Economique) de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD).

Pour le DGA de la SAED (Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta), Amadou Thiam,  « on peut dire que le Sénégal est sur la bonne voie pour atteindre l’autosuffisance en riz ». Dans le Spécial  du BIE consacré à la riziculture au Sénégal, il soutient qu’avec le Programme National d’autosuffisance en riz (PNAR), il y a eu une augmentation de la production. Nous sommes passés de 300.000 tonnes à 480.000 tonnes aujourd’hui de riz paddy rien que dans la vallée du fleuve Sénégal, déclare Amadou Thiam. Toutefois, il reconnaît  que l’objectif est d’atteindre les 600.000 tonnes, et qu’il a eu des contraintes, notamment  la difficulté  d’arriver à faire la double culture dans une année. Il n’y a que deux mois de décalage entre les deux saisons de culture du riz dans la vallée. Ce qui veut dire, qu’il faut récolter à temps, rembourser le crédit et pouvoir démarrer l’autre campagne, ce qui n’est pas évident, rapporte le DGA de la SAED.

Selon ce dernier, pour la campagne de contre-saison chaude, « nous faisons le maximum en termes de production, mais en hivernage il y a souvent des difficultés. Ces difficultés, nous sommes en train d’y travailler pour combler l’insuffisance du matériel agricole et faire face au changement climatique qui perturbe directement  le calendrier cultural ».  Il ajoute que le PNAR (programme national d’autosuffisance en riz) lancé en 2011, a fait que le taux en besoin de matériels du sol est passé de 30% à plus de 80% aujourd’hui. Il en est de même pour le matériel en récolte, avec les moissonneuses batteuses, dont le taux est passé de 15% à 52%. Il est vrai, qu’il reste des choses à faire, mais l’Etat a fait énormément d’efforts. Ces efforts ont contribué à l’augmentation de la production de riz et par ricochet à l’augmentation du volume de financement avec La Banque Agricole (LBA), argumente le DGA de la SAED. D’après lui, si ces efforts continuent, tant au niveau matériel, que sur les financements avec la LBA, on pourra valablement atteindre l’objectif de cultiver dans la vallée à l’horizon 2023, 700.000 tonnes de riz paddy.

Combler le déficit en matériels et éviter les pertes post-récoltes

Selon Ousseynou Ndiaye,  le président du CIRIZ (Comité interprofessionnel riz), la volonté de l’Etat du Sénégal était d’atteindre l’autosuffisance en riz en 2017 avec un tonnage de 1,6 millions de tonne de riz de paddy  dont 900.000 tonnes dans la production irriguée. On n’a pas atteint les objectifs, parce qu’il y a beaucoup de contraintes.  D’après Ousseynou Ndiaye, dans la zone irriguée, le Programme National d’Autosuffisance en riz (PNAR) est centré autour de la double culture intégrale. Ceci a été une problématique jamais résolue, déclare le président du CIRIZ. Il faut suffisamment de matériels, mécaniser la production et  respecter le calendrier cultural, énumère Ousseynou Ndiaye. Dans la vallée, la double culture intégrale n’est pas ou n’a pas été une réalité dans la zone du fleuve, conclut le président du CIRIZ.

Faisant le tableau de la zone Nord, le président du CIRIZ  souligne que dans la vallée du fleuve, pour la plus grande campagne (contre-saison chaude), les superficies cultivées  se chiffrent entre 45 à 50.000 hectares et que pour l’année 2020, on a à peine frôlé les 50.000 hectares. Ainsi, d’après lui,  si on arrive à réaliser la double culture intégrale (contre-saison chaude et hivernage), la production tournerait autour des 600.000 tonnes, alors qu’il est attendu 900.000 tonnes de paddy dans la zone irriguée.   A son avis, pour atteindre l’autosuffisance en riz, il faudrait cultiver 150.000 hectares de terres en pratiquant la double culture intégrale, alors que dans les faits les superficies cultivées tournent autour des 80 à 85.000 hectares dans la vallée.

Par ailleurs, parlant des pertes enregistrées dans la riziculture sénégalaise, Ousseynou Ndiaye regrette que la DPV (Direction de protection des végétaux) ne puisse pas intervenir pour protéger les cultures à cause de moyens très limités.  Il décrit que l’Etat subventionne les machines, les intrants agricoles, mais si on n’arrive pas à protéger les cultures, cela ne sert à rien de cultiver. Donc, il faut des moyens conséquents à une structure comme la DPV, recommande le président du CIRIZ.  Rien qu’avec les oiseaux, on perd entre 20 à 25 % de la production de riz chaque année, cela représente quelques 22 milliards de FCFA. Dans les faits, on perd 100.000 tonnes de riz chaque année à cause des oiseaux, alors qu’un avion équipé pour les combattre ne coûte pas 500 millions de FCFA, regrette Ousseynou Ndiaye.

Moustapha DIA

Author: Moustapha DIA