
Avec 5 200 contrats à annuler et 1 000 autres à gérer par le Département d’État, l’impact sur l’Afrique sera considérable.
Selon le secrétaire d’État américain Marco Rubio, 83 % des programmes gérés par l’USAID seront annulés, ce qui signifie pour l’Afrique une réduction importante de l’aide américaine au développement.
L’annulation de 5 200 contrats fait suite à un examen rapide des dépenses d’aide des États-Unis par l’administration du président Donald Trump, avec la participation du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) d’Elon Musk, qui a été chargé d’éliminer les dépenses gouvernementales jugées inutiles.
« Après un examen de six semaines, nous annulons officiellement 83 % des programmes de l’USAID. Les 5 200 contrats qui sont désormais annulés ont dépensé des dizaines de milliards de dollars de manière à ne pas servir (et dans certains cas même à nuire) aux intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis », écrit Marco Rubio sur le réseau X.
Une enquête lancée peu après l’ordre de gel indique que 80 % à 90 % des enfants et des familles africains avec lesquels les membres de leurs organisations travaillent devraient être directement touchés.
Le ministre a affirmé que les programmes restants, environ un millier, doivent être administrés « plus efficacement » sous son département d’État « en consultation avec le Congrès ». Marco Rubio a remercié « DOGE et notre personnel dévoué » pour ce qu’il a qualifié de « réforme historique et attendue depuis longtemps ».
Au cours du mois dernier, des milliers d’employés de l’USAID ont été mis en congé administratif tandis que ceux qui travaillent sur des programmes à l’étranger ont été invités à se préparer à retourner aux États-Unis.
L’Afrique, qui a longtemps bénéficié d’importants flux d’aide américaine au développement, risque d’être fortement touchée par l’élimination de l’USAID.
Selon les données de Semafor, qui cite le département d’État américain, l’Afrique subsaharienne représentait 12 milliards $ des obligations de dépenses de l’USAID pour 2024 ; les cinq principaux bénéficiaires attendus étaient la RD Congo (1,3 milliard $), l’Éthiopie (1,2 milliard $), le Soudan (770 millions $), le Nigeria (760 millions $) et le Soudan du Sud (730 millions $).
Beaucoup de dégâts pour un résultat politique faible
Dans une analyse de février, qui examinait l’impact d’une prolongation d’un an du gel temporaire de l’aide, Ian Mitchell et Sam Hughes du Center for Global Development calculaient que sur les 26 pays les plus pauvres du monde, huit reçoivent plus d’un cinquième de leur aide de l’USAID.
Tous les huit sauf un, l’Afghanistan, se trouvent en Afrique. Il s’agit du Soudan du Sud, de la Somalie, de la RD Congo, du Liberia, du Soudan, de l’Ouganda et de l’Éthiopie.
« Les économies de ces huit pays à faible revenu sont si petites que l’aide représente en moyenne 11 % de leur revenu total (sur la base des données RNB disponibles pour sept pays). L’USAID fournissant 30 % de ce soutien, le gel pourrait créer un déficit équivalent à plus de 3 % du RNB, ce qui pourrait constituer un choc économique majeur pour des pays qui comptent 410 millions d’habitants. »
Dans tous ces pays, sauf deux, l’USAID se concentre sur les « interventions d’urgence », certaines pour des crises prolongées, ce qui suggère que l’aide est utilisée pour répondre à des besoins aigus, écrivent les auteurs.
Michael Shurkin, directeur des programmes mondiaux chez 14N Strategies et chercheur associé au RUSI, basé au Royaume-Uni, considère qu’il est difficile de résumer l’ampleur des coupes pour les pays récipiendaires, tandis que l’impact politique sera limité aux États-Unis.
« La programmation de l’USAID est si massive et si diversifiée qu’il est presque impossible de comprendre les immenses ramifications de ces coupes. Mais peu ou pas d’effets négatifs sont ou seront visibles pour la plupart des Américains, qui hausseront les épaules et diront : « bon travail ! » »
Parmi ceux qui ont dénoncé la décision, Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, et directeur du Freeman Spogli Institute de l’université de Stanford. Il a qualifié la série de coupes budgétaires d’« énorme erreur ».
La santé première victime
« Nous avions besoin d’une réforme de l’USAID, pas d’un démantèlement. La Chine ne met pas fin à ses programmes d’aide à l’étranger. À l’heure de la compétition entre les grandes puissances, l’administration Trump détruit unilatéralement l’un de nos meilleurs instruments d’influence de soft power. »
Dans un article publié dans African Business avant la confirmation des coupes, des membres de la société civile africaine, qui œuvrent principalement dans le domaine de la santé, expliquaient que le gel du financement de l’USAID entraînerait une perte de services de santé, de nutrition et de protection de l’enfance, une perturbation de l’éducation et une augmentation de la violence sexiste pour les familles africaines.
Une enquête lancée peu après l’ordre de gel indique que 80 % à 90 % des enfants et des familles africains avec lesquels les membres de leurs organisations travaillent devraient être directement touchés. Cela inclut la perte de soins de santé, de nutrition, de services de protection de l’enfance, la perturbation de l’éducation et une augmentation de la violence sexiste. En outre, 88 % du personnel travaillant pour ces organisations africaines locales sont susceptibles d’être touchés.
Un autre facteur, constataient-ils, est que les entreprises africaines voient des sociétés internationales, en particulier dans l’industrie minière, se soustraire totalement aux activités de RSE.
Le Magazine de l’Afrique