Formalisation du secteur informel : Dr Mbaye Chimère, apporte des pistes de solutions

La chambre de commerce de Dakar a célébré le 12 décembre 2024, sa journée, à la 32éme édition de la Foire internationale de Dakar. Une occasion, pour le président de la CCIAD, Abdoulaye Sow et ses équipes d’apporter leur  contribution,  dans la réflexion sur la problématique du secteur informel. C’est  le Secrétaire général de l’institution consulaire,  Dr Mbaye Chimère Ndiaye a qui revenait la lourde tâche de traiter, lors d’un panel organisé à cet effet, cette problématique d’une brûlante actualité, sous  le thème : « Transformation de l’économie informelle : La contribution de la Chambre de commerce ». 

Devant un public composé d’éminents invités, dont  l’ambassadeur d’Ethiopie au Sénégal, la présidente de la Chambre de commerce d’Ethiopie, des membres du bureau de la CCIAD et d’acteurs économiques, Dr Mbaye Chimère Ndiaye a traité cette problématique ô combien importante pour l’économie nationale.  Dans son exposé, Dr Mbaye Chimère Ndiaye a d’abord partagé avec le public, les définitions que les économistes donnent à ce phénomène. Secteur informel, économie informelle, économie souterraine.

Pourquoi tous ces concepts ? Mbaye Chimère Ndiaye a expliqué que  ces économies  échappent à la régulation de l’État. Elles échappent également à la comptabilité nationale. C’est la raison pour laquelle, on parle d’économie souterraine, d’économie informelle selon l’économiste. Car, il n’y a pas de formalisation derrière.

Le secteur informel est d’après  Dr Mbaye Chimère Ndiaye caractérisé comme l’ensemble des activités non agricoles, n’ayant pas de comptabilité. Le  secteur informel est également décrit comme un secteur  ne payant ni patentes, ni impôts.Donc, en termes de définition, le secteur informel  est caractérisé par les activités économiques qui se réalisent en marge de la législation pénale, sociale, fiscale et échappent à la comptabilité nationale. Il s’agit selon le SG de la CCIAD  de toute entreprise qui n’est pas connue dans la comptabilité publique.

Les entreprises formalisées mais considérées comme informelles

Beaucoup  d’entreprises  sont en principes  formalisées car, elles  ont le registre de commerce, le NINEA, mais sont considérées  toujours comme faisant parties du secteur informel.  C’est que a fait savoir M. Ndiaye, la formalisation ne se limite pas seulement  à détenir un registre de commerce et un NINEA. Elle va  au-delà.

 Accompagnement du secteur informel

Par rapport à la contribution que le secteur informel apporte à la constitution du produit intérieur brut, l’État a intérêt selon Mbaye Chimère Ndiaye à accompagner ce secteur informel vers une formalisation adaptée. Il a indiqué que L’ANSD, de par ses études en 2022, avait trouvé que 40% de la valeur ajoutée nationale provient du secteur informel. C’est donc, un secteur très important pour le Sénégal, qui doit selon lui être   encadré, formé. Il faut aussi lui permettre d’être compétitif par rapport à l’économie internationale note aussi le conférencier.C’est un secteur qui doit être compétitif aujourd’hui, car affirme M. Ndiaye, « on ne peut pas le sortir de notre pays ». C’est un secteur qui contribue beaucoup en termes de création d’emplois, de valeur ajoutée et à la réalisation du  PIB.

Les étapes vers la formalisation

La formalisation est donc très importante pour les entreprises. Mais  que faut-il  faire ? Il faut d’abord, une formalisation juridique. Toutefois là, n’est pas le problème. Les chambres consulaires jouent un rôle déterminant à ce niveau. La formalisation juridique, c’est accompagner les entrepreneurs, les porteurs d’idées de projets, les former, les orienter vers les créneaux porteurs et les accompagner à accomplir toutes les formalités nécessaires pour avoir leur Registre de commerce, leur NINEA, leur carte de commerçant, carte import-export. En principe, il  n’y a  pas de difficulté majeure, pour la  formalisation juridique.

Cependant, il y a  d’autres formalisations qui doivent être effectuées. Il s’agit de la formalisation économique et sociale et la  formalisation comptable. Concernant ce point, l’économiste Mbaye Chimère Ndiaye a demandé aux entrepreneurs de  tenir une comptabilité même si elle est  simplifiée. A l’en croire, l’administration fiscale reconnaît cette comptabilité simplifiée.

La formalisation fiscale:principal point de blocage

La formalisation la plus cruciale, la plus difficile, c’est la formalisation fiscale selon Mbaye Chimère Ndiaye. C’est le principal facteur de blocage pour les entrepreneurs. Mbaye Chimère Ndiaye a conseillé aux entrepreneurs, d’aller au niveau de l’administration fiscale, pour déclarer leur activité.

C’est la formalisation fiscale qui est la cause principale du développement du secteur informel. C’est pourquoi, « on doit revoir notre politique fiscale, comment taxer les entreprises » a martelé Dr Ndiaye. « Une entreprise qui vient de démarrer, vous lui demandez un impôt minimum forfaitaire de 500.000 alors qu’elle peine à gagner 200.000, ça peut poser problème » déplore M. Ndiaye. Pour le conférencier, il faut  demander aux autorités d’avoir une bonne politique fiscale, pour accompagner notre secteur informel.

Les recommandations

Pour réussir à transformer  l’économie informelle, Mbaye Chimère Ndiaye recommande d’abord, de jouer à fond l’enseignement. Il pense que la formation technique et professionnelle devrait permettre de réduire de manière drastique l’économie dite informelle. Il faut ensuite mettre  en place un système fiscal incitatif. Par exemple, quand vous voulez vous formaliser, l’Etat peut du point de vue de M. Ndiaye  vous donner un ticket de bienvenue. Pour lui, c’est pour accompagner. Il recommande également de mettre en place un mécanisme pour permettre à ce secteur informel, une fois formalisé, d’être en priorité par rapport au financement.

Il propose aussi la réduction  de manière drastique les formalités administratives. Il faut aussi penser, en collaboration avec les chambres de commerce, comment créer des guichets publics par rapport à cette formalisation du secteur informel.

Dr Mbaye Chimère Ndiaye recommande enfin concernant les marchés publics, la création d’un nouveau mécanisme pour inciter le secteur informel à se formaliser. Il a donné l’exemple de ce que  l’État a fait par rapport aux artisans sur le mobilier national.

 

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