Ecobank Nigéria fait face à des difficultés financières en raison de la non-conformité de son ratio de fonds propres. La banque cherche à gagner de temps pour mobiliser 200 millions $ et renforcer son capital de base.
Un nouveau risque émerge au Nigéria pour Ecobank Transnational Incorporated, le groupe bancaire panafricain, selon une analyse récente de Moody’s. Ecobank Nigéria a demandé aux créanciers d’une de ses obligations de 300 millions $ arrivant à maturité en 2026 de lui accorder un délai de six mois pour ramener son ratio de fonds propres à plus de 10 %, le seuil minimal contractuel qu’il s’est engagé à maintenir comme un gage de sa crédibilité. La banque a besoin de ce temps pour mobiliser 200 millions $ et renforcer son capital de base.
Dans certains accords de prêt sur les marchés internationaux, l’emprunteur, en particulier dans le secteur financier, doit maintenir un certain niveau de fonds propres pour garantir sa capacité à rembourser sa dette. Ecobank Nigéria a, selon Moody’s, fait savoir qu’il n’est plus en conformité avec cette exigence contractuelle depuis la fin du mois de juin 2024, et sollicite un moratoire de ses créanciers pour éviter une hausse des taux d’intérêt ou une demande de remboursement anticipé.
Cette situation contraint la holding bancaire basée à Lomé à surveiller de près l’évolution des événements, avec la possibilité d’intervenir si la filiale ne parvient pas à lever les fonds nécessaires ou si les créanciers décident d’appliquer les clauses du contrat. « Une extension de liquidité ou une injection de capital par ETI dans Ecobank Nigeria représenterait un besoin de liquidité important pour ETI dans un contexte mondial de financement relativement tendu », a déclaré Moody’s.
Le groupe continue de faire face à des défis malgré la solide performance de ses franchises, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et australe. Il doit également rembourser des emprunts arrivant à maturité en 2025 et 2026. En avril 2024, il a remboursé un Eurobond de 500 millions $, grâce à des prêts à long terme obtenus auprès d’institutions de financement du développement et à une partie d’un crédit relais de 250 millions $ contracté en mars, remboursable sur 12 mois.
À court terme, Ecobank doit s’assurer de parvenir à un accord avec les créanciers de sa filiale nigériane et de trouver des investisseurs prêts à apporter les fonds nécessaires dans les six mois, de préférence via une émission d’obligations convertibles ou une augmentation de capital.
Cette opération s’annonce difficile. La violation du ratio de fonds propres risque de décourager d’autres créanciers, et l’ouverture du capital pourrait être difficile à négocier.
Au premier semestre 2024, Ecobank Nigéria représentait 13,3 % de l’actif global du groupe, estimé à 26 milliards $. Cependant, trois indicateurs clés nécessitent des améliorations. Son coefficient d’exploitation (ratio des charges sur les revenus) s’est détérioré à 77,7 % contre 73,3 % à la même période en 2023, et son rendement des fonds propres est inférieur à 4 % dans un pays où l’inflation atteint 34 % et où le taux de change est instable.
Le Nigéria a depuis longtemps cessé d’être une place forte dans la répartition des secteurs géographiques d’Ecobank, même si sa filiale demeure la plus importante en termes d’actifs dans l’économie la plus peuplée d’Afrique, avec un fort potentiel pour le secteur bancaire.
Sur le premier semestre 2024, le Ghana avec ses 143 millions $ de produit net bancaire et 63,8 millions $ de bénéfices avant impôts et amortissements, semble désormais donner le rythme au sein du groupe.
(Agence Ecofin)