Le Niger tente de rattraper son retard. Depuis avril 2024, le pays a mobilisé plus de 645 milliards FCFA, alors que les bailleurs de fonds reprennent peu à peu leur coopération avec ce pays, dont le budget dépend fortement de ressources extérieures (près de 34%).
Depuis sa réintégration active sur le marché des titres publics par adjudication, le Niger a déjà levé un montant total de 645 milliards FCFA (plus d’un milliard $), comme le révèlent les données compilées par l’Agence Ecofin à partir des informations fournies par Umoa-titres, l’organisme responsable du marché des titres publics au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Cet afflux de capitaux se répartit entre 414,7 milliards FCFA de bons du Trésor, instruments à court terme, et 230,3 milliards FCFA via des obligations de moyen et long termes.
Ce niveau de mobilisation contraste cependant avec ce qui était prévu au budget de l’État nigérien. La loi de finances pour l’exercice 2024 projette une émission d’environ 253 milliards de FCFA en obligations du trésor. Toutefois, en raison du coup d’État contre Mohamed Bazoum durant le second semestre 2023, Niamey qui avait été exclu du marché financier, a été contraint en avril d’utiliser ses premières levées de fonds sur le marché régional pour régler ses arriérés de dette accumulés pendant la période de sanctions imposées par la CEDEAO.
À la date du 20 juin, l’État sahélien avait honoré des remboursements d’un montant de 184 milliards FCFA en principal, auxquels s’ajoutaient 62 milliards FCFA d’intérêts, portant ainsi à 256 milliards FCFA le total versé aux investisseurs. Ces versements correspondent à des échéances normales, soit pour des emprunts arrivant à maturité, soit pour des paiements périodiques de coupons, et ne sont pas liés à des arriérés de dette.
Autre chose, les rendements offerts par ces titres restent élevés, souvent supérieurs à 9%, et ont atteint 10,31% sur des échéances d’un an lors de la dernière émission la semaine dernière. Selon plusieurs analystes financiers, ces taux élevés pourraient traduire une perception du risque plus importante par les marchés ou un besoin plus pressant de financement de la part du gouvernement nigérien.
Pour les observateurs du marché, le niveau élevé de ces rendements, bien qu’attrayant pour les investisseurs en quête de profits, signale également les défis économiques auxquels le pays est confronté.
Pour rappel, cette année, le budget de l’Etat devrait atteindre plus de 2 653 milliards FCFA (4,4 milliards de dollars).
(Agence Ecofin)