La Commission européenne a adressé un avertissement à l’Etat du Sénégal, notamment par rapport aux pratiques liées à la pêche jugée illicite, alors même qu’un accord de pêche entre le pays et l’Union européenne (UE) expire en novembre.
En effet, dans un communiqué repris par nos confères du quotidien français le monde, l’exécutif européen a identifié le Sénégal comme « pays non coopératif » dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, « à la suite de plusieurs années de lacunes et d’un manque de coopération, affichant sa « tolérance zéro ».
Il est à noter qu’en cas de non-conformité prolongée et persistante, les pays visés par cet avertissement de l’union européenne, peuvent se voir attribuer un « carton rouge », entraînant des sanctions comme l’interdiction d’exporter leurs produits de la mer vers l’UE.
Pour l’heure, la commission va entamer « un dialogue formel » avec Dakar, afin de lui laisser la possibilité « de réagir et remédier à la situation dans un délai raisonnable ».
Il y a moins d’un mois, l’Etat du Sénégal avait décidé de procéder à une publication des titulaires de licence de pêche, une décision guidée par un principe de transparence des nouvelles autorités du Sénégal, notamment dans la gestion des ressources naturelles.
Cette décision faisait suite à la décision prise par le nouveau pouvoir sénégalais de faire un audit sur la gestion du défunt régime. Rappelons que les navires autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise sont estimés à 151 dont 132 nationaux et 19 internationaux.
Ces navires sont détenteurs de licences de pêche, avait indiqué lundi, 6 mai 2024, le ministre des pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf.
Certains acteurs de la société civile, qui s’intéressent au secteur de la pêche avaient salué cette mesure gouvernementale.
« Ça fait deux ans qu’on pousse (les autorités), pour que cette liste soit publiée. Enfin, elle est là. Ça permet aux parties prenantes de la lutte contre la pêche illicite, d’avoir une base pour faire le contrôle », avait déclaré dans le journal Le Quotidien Bassirou Diarra, le chargé de plaidoyer sur la thématique Océans chez Environmental justice foundation (EJF).
M.Diarra considérait que sans une liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises, on ne peut pas savoir, qui est où. A son avis, la liste des navires permet de savoir le nom du bateau, le nom du propriétaire, le TGB (tonneau de jauge brut), c’est-à-dire la capacité du bateau, la zone de pêche, l’option de pêche, la taille du filet utilisé, le début et la fin de la licence, entre autres éléments.
Dans son communiqué, la commission européenne déplore de « graves lacunes » dans les mesures du pays africain « pour se conformer à ses obligations internationales », pointant des « défaillances dans les dispositifs de suivi, contrôle et surveillance » pour les navires battant pavillon sénégalais dans les eaux extraterritoriales comme pour les navires étrangers au port de Dakar.
Par ailleurs, « des exportations illégales du Sénégal vers l’UE ont été détectées, ce qui compromet la fiabilité du système de traçabilité sur lequel repose la certification des produits de pêche », poursuit la Commission, regrettant « une volonté insuffisante de coopération » de Dakar. Pour autant, Bruxelles « reconnaît l’engagement du nouveau gouvernement sénégalais » du président Bassirou Diomaye Faye « à remédier aux lacunes ».
Idrissa GUEYE