La difficulté pour l’Afrique d’accéder aux marchés financiers classiques constitue une opportunité de croissance pour la finance islamique sur le continent. Le secteur croît rapidement dans le monde, mais avec ses 53% de musulmans, l’Afrique peine à en tirer profit.
Les actifs de la finance islamique pourraient atteindre 3700 milliards $ d’ici 2024, apprend-on d’une estimation faite par la Société islamique de financement du développement et Refinitiv, la branche du groupe Reuters spécialisée dans les données.
Déjà à fin 2019, la valeur globale de ces actifs gouvernés par les lois économiques de la religion musulmane atteignait 2875 milliards $, dont 69% concentrés dans le cadre du secteur bancaire.
Sur la période allant de 2012 à 2019, les actifs financiers islamiques ont bondi de 63,25%. Après les banques, les éléments qui comptent dans le secteur sont les obligations (titres d’emprunts) émises selon les règles islamiques.
Elles absorbent 16% du total des actifs. Mais il existe une opportunité de croissance en matière de fonds d’investissement islamique. Ils ne pèsent que pour 5% de l’actif global de 140 milliards $. Le secteur du takaful (assurance islamique) est le petit dernier, avec une part de 3% pour seulement 51 milliards $ d’actifs.
A fin 2019, on retrouvait les activités de finance islamique dans une cinquantaine de pays particulièrement du Moyen-Orient et d’Afrique, où existe une régulation sur les produits financiers qui y sont conformes. Le secteur est de plus en plus couvert dans les médias. Près de 13 000 actualités parlant de finance islamique ont été recensées en 2019.
Ce développement peut être perçu comme une opportunité pour l’Afrique qui peine à canaliser suffisamment de ressources financières sur les marchés financiers occidentaux ou asiatiques. Selon la firme de conseil juridique White & Case, le continent noir est prédisposé à accueillir ce modèle de financement.
« L’Afrique, en particulier, est une région dans laquelle la finance islamique pourrait et en fait, devrait prospérer. Le continent compte une population musulmane d’environ 636 millions, soit près de 53% des Africains », a-t-elle fait remarquer dans une analyse effectuée en septembre 2018.
Cependant, la marge de croissance demeure importante. « La banque islamique a peu progressé en Afrique malgré l’importante population musulmane du continent. L’Afrique subsaharienne compte environ 16% de la population musulmane mondiale, mais ses actifs bancaires conformes à la charia ne représentent qu’environ 1% des actifs bancaires islamiques mondiaux », a fait remarquer l’agence de notation Moody’s, dans un rapport publié le 2 novembre 2020.
Parmi les défis de la finance islamique en Afrique, on retrouve de faibles niveaux d’inclusion bancaire, une faible sensibilisation du public, une épargne intérieure limitée et – jusqu’à récemment – une faible attention des gouvernements.
Mais les choses changent toujours, selon Moody’s. Dans des pays comme le Sénégal, le Maroc, le Soudan, le Nigeria, l’Egypte ou encore l’Afrique du Sud, une population fortement islamisée constitue une niche de croissance.
Source : (Agence Ecofin)