La Grande muraille verte, dans la région du Sahel, a reçu, ce lundi, un appui majeur de la part de la Banque africaine de développement, qui s’est engagée, lors d’un forum co-présidé par le président français Emmanuel Macron et Son Altesse Royale le Prince de Galles, à aider à mobiliser jusqu’à 6,5 milliards de dollars américains sur cinq ans, pour faire progresser cette initiative historique.
Ces ressources permettront de mettre en œuvre une série de programmes de soutien à la Grande muraille verte, en s’appuyant sur des sources de financement internes et externes, entre autres, le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA), le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Des partenaires multilatéraux de développement se sont joints à la Banque pour aider à mobiliser un financement en faveur de cette initiative promue par l’Afrique, qui vise à restaurer les paysages désertiques actuels de l’Afrique, en assurant la sécurité alimentaire, en créant des emplois et en incitant des millions d’Africains, du Sénégal à Djibouti, à rester dans la région du Sahel. Le forum se tenait en marge du One Planet Summit.
« Au moment où nous remontons la pente face au coronavirus et à ses répercussions sur notre monde, nous devons réajuster notre modèle de croissance. Nous devons prioriser la croissance qui protège l’environnement et la biodiversité, et cesser de privilégier celle qui compromet notre bien commun », a déclaré le président de la Banque, Akinwumi A. Adesina.
S’exprimant en visioconférence depuis Abidjan, Adesina a prévenu les participants : « La Grande muraille verte fait partie du système de défense de l’environnement en Afrique‑ Un bouclier contre les assauts de la désertification et de la dégradation (de l’environnement). L’avenir de la région du Sahel en Afrique dépend de la Grande muraille verte. Sans elle, le Sahel risque de disparaître sous l’effet du changement climatique et de la désertification. »
Le changement climatique est la cause de températures extrêmes, de précipitations fluctuantes et de la sécheresse au Sahel, une région où vivent 250 millions de personnes dans dix pays, dont les moyens de subsistance et les progrès durement acquis en matière de développement sont menacés.
Le plan de la Grande muraille verte consiste à planter une mosaïque d’arbres, de prairies, de végétation et de plantes sur 8 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large à travers le Sahara et le Sahel pour restaurer les terres dégradées et aider les habitants de la région à produire une nourriture adéquate, à créer des emplois et à promouvoir la paix.
« La Grande muraille verte est un mur qui vaut la peine d’être construit. Un mur qui rassemble les populations, et non un mur qui les sépare. Un mur qui met à l’abri, et non un mur qui isole. Un mur qui protège notre existence collective. Un mur pour l’environnement – un mur pour la planète », a plaidé Adesina.
Le manque de financement a représenté la principale contrainte du projet pour réaliser son objectif de créer dix millions d’emplois, séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées dans les onze pays de la région sahélo-saharienne.
La Banque a fait de la région du Sahel une priorité absolue en matière d’investissement et de mobilisation de nouvelles sources de financement pour faire progresser les opportunités climatiques de l’Afrique. C’est le cas du programme « Desert to Power » destiné à créer la plus grande zone d’énergie solaire au monde.
Le programme fournira de l’électricité à 250 millions de personnes dans onze pays du Sahel et contribuera à protéger la Grande muraille verte. Au cours des cinq prochaines années, « Desert to Power » s’attellera à mobiliser jusqu’à deux milliards de dollars américains pour des projets ciblés dans le cadre de l’initiative de la Grande muraille verte.
Le manque de ressources pour adapter les économies de la région aux conséquences du changement climatique représente également un des principaux défis de développement du Sahel. Le Centre mondial sur l’adaptation (GCA en anglais), hébergé par la Banque africaine de développement, vise précisément à mobiliser des ressources et trouver des solutions qui stimulent les progrès de l’Afrique en matière d’adaptation au changement climatique.
« La création de GCA Afrique marque une étape cruciale dans notre tentative pour accélérer et renforcer nos efforts visant à relever le triple défi de la perte de la biodiversité, de la dégradation des terres et de l’adaptation au changement climatique sur le continent. Nous développerons et mettrons en œuvre des programmes conjoints qui mobiliseront des ressources à grande échelle pour soutenir la Grande muraille verte », a déclaré Kevin Kariuki, vice-président de la Banque africaine de développement, chargé de l’Énergie, du Changement climatique et de la Croissance verte.
Le programme « Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique », (TAAT en anglais), est une autre initiative clé de la Banque pour transformer le Sahel en une terre d’opportunités et de croissance verte inclusive. Son objectif est d’augmenter la production alimentaire en Afrique de 100 millions de tonnes et de sortir 40 millions de personnes de la pauvreté d’ici à 2025 en exploitant des technologies éprouvées à fort impact pour accroître la productivité, atténuer les risques et promouvoir la diversification et la transformation. TAAT a, par exemple, permis aux agriculteurs soudanais d’avoir accès à un maïs résistant à la sécheresse.
Dans une déclaration solennelle, le président français Emmanuel Macron a nommé le président Akinwumi A. Adesina comme Champion de la Grande muraille verte. Adesina a été reconnu pour son engagement personnel dans la lutte contre le changement climatique en Afrique. Cette distinction permettra au président de la Banque de jouer un rôle important dans la mobilisation du soutien politique et économique en faveur de l’initiative.
D’autres engagements ont été pris au cours du forum, parmi lesquels 1 milliard d’euros de la Banque européenne d’investissement pour un nouvel appui financier et technique à l’agriculture durable, au financement de l’énergie propre, à l’eau, aux infrastructures et au secteur privé dans 11 pays du Sahel, et 600 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD).