Rapport d’octobre 2023 : Le FMI présente les Perspectives économiques mondiales

Le Fonds Monétaire Internationale (FMI) a procédé à la présentation de l’édition d’octobre 2023 du rapport sur les Perspectives économiques mondiales (World Economic Outlook, WEO) à l’auditorium de l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Analyse Economique (ENSAE-Pierre NDIAYE), le mercredi 18 octobre 2023. Il s’agit d’une publication de référence d’analyse de l’économie au niveau mondial et des projections des services du FMI. Pour une première fois, l’Institution financière a effectué le lancement dudit document en Afrique. Après avoir mis en avant la résilience de l’économie mondiale, les spécialistes sous la houlette du conseiller économique Pierre-Olivier Gourinchas, ont relevé les risques et recommandé des mesures à prendre.

Les experts informent que malgré des perturbations sur le marché de l’énergie et des produits alimentaires provoquées par la guerre, ainsi que le durcissement sans précédent des conditions monétaires mondiales pour lutter contre une inflation qui n’avait jamais été aussi élevée depuis des décennies, l’économie mondiale a ralenti, mais n’est pas au point mort.
D’après eux, la croissance est lente et inégale, les disparités s’accentuent entre les pays. L’économie mondiale avance tant bien que mal, mais n’est pas prête à se lancer dans un sprint, précise le rapport.
En outre, l’activité mondiale a atteint son point le plus bas à la fin de l’année dernière tandis que l’inflation, aussi bien globale que sous-jacente (hors énergie et alimentation), est peu à peu maîtrisée. Toutefois, un retour à la situation antérieure à la pandémie de COVID-19 semble de plus en plus hors de portée, en particulier dans les pays émergents et les pays en développement.

Ralentissement

D’après les dernières projections du FMI, la croissance mondiale va ralentir et passer de 3,5 % en 2022 à 3 % cette année, puis à 2,9 % l’année prochaine, ce qui représente une révision à la baisse de 0,1 point de pourcentage pour 2024 par rapport aux projections de juillet. Ces chiffres restent très inférieurs à la moyenne historique.
Les spécialistes indiquent que le ralentissement est plus prononcé dans les pays avancés que dans les pays émergents et les pays en développement.
Trois forces entrent en jeu au niveau mondial. Premièrement, dans le secteur des services, la reprise est quasiment achevée.
Deuxièmement, ce ralentissement s’explique en partie par le durcissement de la politique monétaire nécessaire pour réduire l’inflation, qui commence à faire sentir ses effets, bien que sa transmission soit inégale selon les pays.
Troisièmement, l’inflation et l’activité subissent l’incidence du choc de l’année dernière sur les prix des produits de base.
Malgré des signes de fléchissement, les marchés de l’emploi restent dynamiques dans les pays avancés, les taux de chômage historiquement bas contribuant à soutenir l’activité.

Les risques encourus

Le FMI note que certains risques extrêmes tels qu’une grave instabilité du système bancaire se sont atténués depuis avril, mais le solde des facteurs qui influent sur les perspectives reste négatif.
En premier lieu, la crise de l’immobilier pourrait s’aggraver en Chine, et présenterait alors un risque important pour l’économie mondiale.
En deuxième lieu, les prix des produits de base pourraient devenir plus instables en cas de regain des tensions géopolitiques et des perturbations liées au changement climatique.
Troisièmement, l’inflation sous-jacente et l’inflation globale ont certes baissé, mais elles demeurent excessivement élevées.
Quatrièmement, la marge de manœuvre budgétaire s’est érodée dans de nombreux pays, qui connaissent un endettement élevé, des coûts de financement en hausse, un ralentissement de la croissance et une asymétrie de plus en plus prononcée entre une sollicitation croissante des pouvoirs publics et les moyens budgétaires à leur disposition.
Enfin, malgré le durcissement de la politique monétaire, les conditions de financement se sont assouplies dans beaucoup de pays.

Les mesures à prendre

Le FMI recommande un certain nombre de mesures à prendre. Dans son scénario de référence, l’inflation poursuit son recul tandis que les banques centrales maintiennent une politique restrictive.
De nombreux pays approchant le sommet de leur cycle de resserrement, seul un faible durcissement supplémentaire s’impose.
La politique budgétaire doit soutenir la stratégie monétaire et faciliter le processus de désinflation. En 2022, les politiques budgétaire et monétaire tiraient dans la même direction alors que nombre de mesures budgétaires d’urgence prises face à la pandémie de COVID-19 étaient levées. En 2023, ces politiques sont moins alignées.

Perspectives de croissance

Les perspectives de croissance à moyen terme sont maussades, en particulier pour les pays émergents et les pays en développement.
Les conséquences sont profondes : une convergence beaucoup plus lente vers le niveau de vie des pays avancés, une marge de manœuvre budgétaire réduite, une vulnérabilité liée à la dette et une exposition aux chocs plus élevées, et des possibilités moindres de surmonter les séquelles de la pandémie et de la guerre.
Alors que la croissance ralentit, que les taux d’intérêt augmentent et que l’espace budgétaire se restreint, les réformes structurelles deviennent essentielles.
Une coopération multilatérale peut aider l’ensemble des pays à atteindre de meilleurs résultats en matière de croissance.

Onass Mendy (BIE)

 

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