Le Lac Rose fait partie des sites les plus visités au Sénégal. Après la reprise post-COVID des activités, les acteurs touristiques, qui y évoluent, avaient bon espoir. Cependant, la relance du tourisme au niveau de cette Destination a pris du plomb dans les ailes, à cause du trop-plein d’eau de pluie, reçu par le Lac Rose, qui ne l’est plus. Dans le désarroi, les acteurs touristiques appellent l’Etat au secours, afin que le tourisme puisse reprendre son envol.
D’un bleu azur, le Lac Rose a perdu sa couleur fétiche, son attractivité qui faisait courir les touristes. « Cette année, le Lac est submergé d’eau de pluie. L’on y a dévié beaucoup d’eau provenant des villages et écoles environnants : Keur Massar, Kounoune, Niague, Sangalkam, etc. », se désole Mor Guèye, président des Artisans du Lac Rose. La conséquence est que l’on a perdu la coloration rose du Lac et la forte teneur en sel qui permettait aux touristes de flotter sur l’eau. « Auparavant, avec la teneur en sel de 380 g / litre, l’on flottait sur l’eau en lisant son journal », explique-t-il. Le Lac avait 1,5 mètre d’eau et 1,5 mètre de sel. Aujourd’hui, il a 5 à 6 mètres d’eau. L’on ne peut plus se baigner encore moins flotter sur l’eau, renseigne-t-il.« La Destination du Lac Rose ne se vend plus. Toutes les réservations sont annulées au niveau des hôtels », se plaint cet opérateur économique, en faisant état de grosses pertes financières. « L’on est en pleine saison touristique et le Lac Rose est vide. Au mois de Décembre, on affichait le plein. Mais présentement, le vide total est perceptible », indique-t-il, la mine déconfite.
Scènes entre touristes et guides
Mor Guèye souligne que la relance du tourisme après la pandémie de COVID-19 suscitait un espoir. Mais au Lac Rose, cette année, l’eau de pluie, reçue du pompage des villages environnants, a gâché les affaires et retardé la relance du tourisme, fait-il observer. Le Village artisanal, des campements et des restaurants ont d’ailleurs été submergés par les eaux. « Durant l’hivernage, les autorités ont transformé le Lac Rose en bassin de rétention. Le Lac a perdu sa coloration rose. L’on assiste même à des scènes entre guides et touristes », informe Amadou Bocoum Diouf, président du Syndicat d’initiatives et de tourisme du Lac Rose, situé dans la Commune de Tivaoune Peulh-Niague. Des touristes accusent en effet les guides de les avoir arnaqués en les faisant venir visiter un Lac qui n’est plus rose. « Le Lac n’est plus attractif », mentionne cet hôtelier.
Activité au ralenti
A l’image des exploitants du sel, plusieurs acteurs touristiques autour du Lac Rose sont sinistrés. « Des touristes sont venus ici et lorsqu’ils ont vu le Lac, ils ont déploré l’absence de la couleur rose. Ils ont fait vigoureusement part de leur déception et ont crié à l’arnaque, en disant que ce n’est pas ce qu’on leur avait promis », relate Ngala Ndoye, membre de la coopérative des exploitants du sel au Lac Rose, qui côtoie les acteurs touristiques. Outre la perte de la coloration, le trop-plein d’eau a entrainé une cessation des ballades sur le cours d’eau. Du coup, la relance du tourisme est retardée, déclare le président du Syndicat d’initiatives du Lac Rose, Amadou Bocoum Diouf.
Pour lui, il faut faire en sorte que le Lac retrouve sa couleur rose et sa vocation touristique. En temps normal, il y a environ 4.000 personnes qui travaillent dans la chaîne de valeur touristique au niveau de cette Destination. Mais, selon lui, bon nombre d’entre eux sont au chômage aujourd’hui. « Le Lac Rose était sur la voie d’être classé Patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais la perte de la coloration rose va freiner le processus», estime-t-il. Le Lac Rose faisait partie des sites les plus visités au Sénégal, avec en moyenne 150.000 visiteurs par jour, révèle Amadou Bocoum Diouf. En guise de solution, il propose d’utiliser des motopompes pour évacuer le trop-plein d’eau vers la mer qui est à 700 mètres ou vers les dunes.
Esquisses de solutions
Cet acteur touristique est d’avis que l’Etat devrait prévoir des bassins de rétention en amont pour qu’ils puissent recueillir l’eau de pluie. Le président des Artisans du Lac Rose, Mor Guèye, abonde dans le même sens. « L’Etat doit essayer de dévier l’eau du pompage vers d’autres points de chute, durant l’hivernage. Il faut construire des bassins de rétention pour contenir l’eau de pluie au lieu de la dévier vers le Lac Rose », recommande cet acteur touristique. Dans la foulée, il invite vivement l’Etat à résoudre cette équation (le trop-plein d’eau dans le Lac Rose) pour la relance effective du tourisme au niveau de cette Destination spécifique.
Joseph SENE
(BIE)