La croissance économique du Mali sera inférieure à son potentiel, ces prochaines années, prévoit la Banque mondiale. Qui constate pourtant des facteurs de résilience et de progrès, tandis que l’élevage peut bénéficier de mécanismes financiers innovants.
L’économie malienne montre des signes de résilience malgré les sanctions de la CEDEAO, l’inflation alimentaire élevée et les infestations parasitaires qui ont affecté la production de coton. Tel est le constat de la Banque mondiale qui publie la mise à jour de ses estimations, dans un rapport intitulé Renforcer la résilience financière des éleveurs face à la sécheresse.
Les zones susceptibles d’accueillir ces mécanismes innovants de financement abritent 63% du cheptel malien. Déjà, la partie centrale du pays est caractérisée par des unités totalement adaptées.
Selon des données encore provisoires, le PIB réel n’a augmenté que de 18% en 2022, tandis que le PIB par habitant a reculé de 0,9%. L’agriculture vivrière a repris, tandis que les secteurs aurifères et des télécommunications ont fait preuve de résilience. En revanche, l’agriculture d’exportation (la production de coton) a diminué de près de 30 %, en raison d’infestations parasitaires et des chocs affectant les coûts et la disponibilité des engrais. De plus, l’inflation a atteint 9,7 % en 2022, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires.
La croissance devrait rebondir à 4 % en 2023 et atteindre une moyenne de 4,5 % en 2024-2025, soutenue par une reprise continue de l’agriculture et des services, jugent les économistes. Qui regrettent : « La croissance du PIB devrait rester inférieure au potentiel du pays (5 %) en raison de l’incertitude entourant la transition politique, de l’insécurité et de la réduction de la marge de manœuvre budgétaire pour les investissements publics destinés à stimuler la croissance. » La hausse des coûts de financement en UEMOA, compte tenu de l’importance des besoins de financement du Mali, constitue un risque important qui est apparu au cours des douze derniers mois.
En effet, le resserrement de la politique monétaire a entraîné une hausse des taux d’intérêt à court et moyen terme, pour tous les pays ouest-africains. « Les risques de liquidité et de refinancement et les difficultés des finances publiques qui en découlent pourraient peser sur l’économie au sens large et sur la société en réduisant les dépenses sociales et les investissements et en augmentant potentiellement l’accumulation des arriérés », prévient la Banque mondiale.
Fournir un financement opportun
Un important chapitre du rapport se concentre sur le financement des risques de catastrophe et les instruments d’assurance conçus pour réduire les impacts sociaux et économiques des chocs climatiques. Il note que le Mali a subi au moins 40 chocs climatiques majeurs entre 1970 et 2020 et que chaque année, les sécheresses auraient affecté environ 400 000 personnes et réduit les revenus des récoltes de 9,5 millions de dollars. Toutefois, le pays a les moyens de renforcer sa résilience financière face à la sécheresse, en se dotant d’instruments visant à protéger des secteurs clés tels que le pastoralisme et l’agriculture.
Le financement des risques de catastrophe et l’assurance constituent des mécanismes visant à réduire les effets socio-économiques négatifs des chocs climatiques. « Ces mécanismes peuvent fournir un financement opportun et ciblé en réponse à un choc ou en prévision de celui-ci. Environ 15 % de la superficie du Mali se prête idéalement au financement et à l’assurance indexés des risques de catastrophe pour les éleveurs, tandis que 10 % supplémentaires pourraient être jugés appropriés après une analyse approfondie », résume Daniel Pajank, économiste principal de la Banque mondiale.
En effet, ces dernières années, la sécheresse associée au surpâturage a entraîné des pertes dans la structure des savanes, la couverture végétale et la productivité. Alors qu’il existe des initiatives de gestion des risques et de financement axées sur les agriculteurs, les pasteurs et les agro-pasteurs constituent un groupe souvent négligé qui est extrêmement vulnérable à l’impact des chocs climatiques. Les éleveurs se trouvent généralement dans les zones arides et semi-arides du nord, où les précipitations sont inférieures à 400 mm par an. Les agropasteurs sont concentrés dans le sud, où les précipitations sont supérieures à 400 mm par an. Les pasteurs (et les agro-pasteurs) font partie des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables de la population. Leur vulnérabilité résulte d’une surexposition et d’une moindre capacité à faire face aux chocs qu’ils subissent et à s’en remettre.
Dans ce contexte, le financement et l’assurance des risques de catastrophes (DRFI) fournissent des mécanismes qui visent à réduire les impacts socio-économiques négatifs des chocs climatiques. Ces mécanismes peuvent fournir un financement opportun et ciblé en réponse à un choc ou en prévision de celui-ci.
Des analyses plus fouillées sont nécessaires
Les approches de DRFI comprennent des instruments basés sur le marché (par exemple, les régimes d’assurance, les obligations et les swaps de catastrophe), le financement contingent (par exemple, le crédit) et les outils budgétaires (par exemple, un fonds de réserve dédié ou un budget de contingence).
Les zones susceptibles d’accueillir ces mécanismes abritent 63% du cheptel national. Déjà, la partie centrale du pays est caractérisée par des unités totalement adaptées. Les zones où coexistent des cultures arables et des productions animales, sont principalement situées dans les régions du centre ouest et nécessiteraient une évaluation plus poussée. De plus, les zones de révision des fourrages, principalement situées dans le Nord, devraient faire l’objet d’une analyse plus approfondie afin d’évaluer l’étendue des zones de pâturage pour la production animale. Les terres de parcours et les zones fourragères répondent à tous les critères techniques et doivent être examinées plus en détail pour confirmer leur aptitude à l’élevage extensif de bétail.
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