Conjoncture : Résilience à court terme et difficultés persistantes Conjoncture : Résilience à court terme et difficultés persistantes

Le FMI a légèrement ajusté en hausse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale, prévenant que les incertitudes restent élevées. Les tensions inflationnistes restent vives, mais l’assagissement des prix pourrait, cette fois, être plus rapide que redouté.

 

La croissance mondiale devrait passer de 3,5% en 2022 à 3% en 2023 et 2024, pronostique désormais le FMI. L’institution, qui actualise ce 25 juillet ses Perspectives de l’économie mondiale publiées en avril, relève donc légèrement ses prévisions pour l’année en cours. Toutefois, les économistes ne témoignent pas un enthousiasme excessif. Ils rappellent que ces prévisions restent bien en deçà de la croissance potentielle prévue historiquement. Si les nouvelles sont plutôt rassurantes du côté de la pandémie de la Covid-19, la hausse des taux directeurs appliquée par les banques centrales pour lutter contre l’inflation continue de peser sur l’activité économique.

“De son côté, la croissance en Afrique subsaharienne est attendue à 3,5% en 2023 et 4,1% en 2024, un glissement de 0,1 point par rapport aux prévisions d’avril. Les prévisions pour le Nigeria (+3,2% et +3,0%) sont pourtant inchangées.”

Sur ce point, le FMI pronostique un modeste ralentissement de l’inflation en 2023, à 6,8% (contre 8,7% en 2022), puis 5,2% en 2024. Hors énergie et alimentation, le ralentissement de l’inflation serait plus graduel. Sur le plan de l’équilibre du système financier mondial, en revanche, le FMI fait part de sa sérénité, après les turbulences du début d’année autour des banques américaines et suisses.

Bien sûr, ces pronostics sont assortis de commentaires plus négatifs sur les facteurs de risque qui menacent à l’horizon, y compris pour la sphère financière : le premier étant lié à l’intensification de la guerre en Ukraine. Le deuxième est l’accélération des phénomènes météorologiques extrêmes.

En Chine, la reprise pourrait ralentir, à cause de problèmes non résolus dans le secteur immobilier, ce qui engendrerait des effets de contagion en dehors du pays. À l’inverse, le FMI n’exclut pas un ralentissement plus rapide que prévu de l’inflation. De quoi permettre aux banques centrales de ne pas peser exagérément sur le loyer de l’argent.

Pour 2023, le FMI prévoit une croissance de 1,5% aux États-Unis, de 0,9% seulement dans la zone euro, l’Allemagne pouvant enregistrer une légère récession (-0,3%). De leur côté, les pays dits émergents, ou en développement devraient afficher une croissance 4% cette année et de 4,1% l’an prochain, pronostique le FMI qui n’a que faiblement ajusté ses pronostics, ici.

De son côté, la croissance en Afrique subsaharienne est attendue à 3,5% en 2023 et 4,1% en 2024, un glissement de 0,1 point par rapport aux prévisions d’avril. Les prévisions pour le Nigeria (+3,2% et +3,0%) sont pourtant inchangées. Le pays reste sous la menace « de problèmes de sécurité dans le secteur pétrolier ».

Une difficile équation

De son côté, l’Afrique du Sud devrait n’afficher qu’une modeste de croissance de 0,3% cette année, en raison des pénuries d’électricité. Toutefois, le FMI salue « la résilience de l’activité dans le secteur des services au premier trimestre ».

Les révisions en baisse sont un peu plus sensibles pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord : 2,6% en 2022 (-0.5 point) et 3,1% en 2024 (-0,3 point) ; le FMI a notamment revu en forte baisse la croissance de l’Arabie saoudite, en raison des réductions de production de pétrole annoncées par l’OPEP.

Pour le FMI, donc, priorité doit être donnée à la maîtrise de l’inflation ; ce, par l’action des banques centrales, bien sûr, mais également par la maîtrise budgétaire des États, – réduction des dépenses ou hausses d’impôts – qui renforce la crédibilité des politiques désinflationnistes et allège la dette. Équation difficile, sans doute, car les pays doivent aussi reconstituer leurs réserves budgétaires et protéger les populations vulnérables. Il semble juste au FMI d’améliorer l’offre de travail et d’accroître la résilience face au changement climatique. Enfin, il est nécessaire d’enrayer la pénurie de financement pour les pays en développement et les pays à faible revenu, reconnaît le FMI, qui constate d’importants écarts de taux d’intérêt avec les pays développés. Les économistes distinguent 18 pays pour lesquels les écarts de taux se situent « à des niveaux préoccupants ». En 2023, ces écarts élevés ont rendu très difficile jusqu’à présent l’émission de nouveaux titres de créance en monnaie forte pour les pays préémergents.

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