Au sein de l’UEMOA, où les économies fournissent peu d’informations et surtout de garanties, les banques commerciales doivent continuer de faire des arbitrages sur l’allocation de leurs ressources, qui sont désormais plus chères. Le risque étatique dans ce cas devient le moins mauvais.
L’évolution des bilans des banques commerciales de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est marquée par une croissance continue de la part des titres émis par les Etats de la sous-région pour leurs emprunts, connus sous le nom de « titres publics ». Selon le rapport de politique monétaire, cette part a dépassé les 27,0% en 2021, contre 20,8% en décembre 2019.
Le premier trimestre 2023 a mis en lumière deux facteurs clés. D’une part, les émissions nettes ont affiché un déficit de plus de 315 milliards FCFA, indiquant que les Etats ont emprunté moins tout en remboursant davantage leurs dettes précédentes. D’autre part, on a assisté à une augmentation des engagements sur les bons du Trésor, soit des titres d’emprunts à court terme.
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) explique cette baisse du taux de couverture par une forte exposition des banques au risque souverain, réduisant ainsi leur attrait pour les effets publics émis sur le marché financier régional. Mais on peut relever que cette période aura également été marquée par une succession de quatre hausses des taux par la Banque centrale, une augmentation des coûts de l’argent sur le marché interbancaire, et des tensions de liquidités dans la sous-région.
Ainsi, les banques, sur la période, ont accru leurs investissements dans les bons du Trésor à court terme, dont la part sur les emprunts publics a atteint 715 milliards FCFA, contre 572,5 milliards FCFA un an plus tôt, alors que l’encours des emprunts sur des termes plus longs a baissé.
Le début du deuxième trimestre présente toutefois de nouveaux indicateurs à prendre en compte.
En mai 2023, les banques ont recommencé à accroître leurs avances aux Etats, tandis que la croissance des crédits au secteur privé a légèrement ralenti. Malgré l’union économique en place, les banques commerciales, y compris les grands groupes comme Ecobank, opèrent sur des marchés fragmentés, avec des réalités économiques qui peuvent varier considérablement.
Or dans le même temps, la Banque centrale poursuit une politique monétaire commune qui s’applique uniformément sur l’ensemble du territoire. L’inflation est projetée à 3,6% d’ici la fin 2023, un niveau plus élevé que le seuil de référence de 1 à 3%. Cette estimation repose sur une variable difficile à mesurer : l’amélioration de la production agricole dans la sous-région.
Comme dans de nombreuses économies africaines, le secteur bancaire dispose de peu d’informations statistiques publiques pour orienter ses stratégies. Les données microéconomiques comme la création d’emplois ou l’acquisition de nouvelles propriétés immobilières sont insuffisantes. De plus, les banques s’appuient principalement sur les informations collectées auprès de leur clientèle pour gérer les risques et saisir les opportunités offertes par les Etats et le secteur privé.
(Agence Ecofin)