Le FMI approuve le décaissement de 1,8 milliard de dollars en faveur du Sénégal, constatant les déséquilibres de court terme de sa balance des paiements et des actions entreprises par le pays en faveur d’une croissance économique plus pérenne.
Une victoire ou un petit cadeau pour Macky Sall, dont le Sénégal attend la décision concernant son avenir politique ? Toujours est-il que le FMI vient d’approuver une « FEC » (Facilité élargie de crédit) et un « MEC » (Mécanisme élargi de crédit), apportant 1,51 milliard de dollars au pays, ainsi qu’une autre Facilité pour 324 millions $.
“Une gestion prudente de la dette et une surveillance renforcée d’emprunt des entreprises publiques et des PPP sont essentielles pour atténuer les risques pesant sur la viabilité de la dette”.
Une bouffée d’oxygène qui aidera le pays à répondre aux « besoins prolongés » de sa balance des paiements et à remédier aux déséquilibres macroéconomiques. Les priorités politiques portent sur la réduction des vulnérabilités de la dette à travers un assainissement budgétaire favorable à la croissance, le renforcement de la gouvernance et la mise en œuvre de réformes pour une croissance plus inclusive et plus riche en emplois.
Il s’agit parallèlement pour le Sénégal de relever les défis structurels à plus long terme liés au changement climatique et à la mise en œuvre des politiques climatiques. Donc de financer des objectifs d’atténuation du changement climatique du Sénégal, et d’accélérer l’adaptation du pays à ce changement. Le tout, sans affecter davantage le précaire équilibre budgétaire.
Le FMI considère que le programme qu’il soutient « aidera à remédier aux déséquilibres macroéconomiques en réduisant les vulnérabilités de la dette, à renforcer la gouvernance et à assurer une croissance plus inclusive et riche en emplois ».
L’économie sénégalaise a été « durement touchée » par différents chocs, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le resserrement des conditions financières, la faiblesse de la demande extérieure et l’appréciation du dollar. Le pays fait également face à de multiples défis, notamment une insécurité régionale accrue et des tensions sociopolitiques croissantes à l’approche des élections présidentielles de l’année prochaine. En conséquence, l’année 2022 a été u difficile. La croissance a ralenti à 4,0 %, l’inflation s’est accélérée à 9,7 % et les déficits budgétaire et courant ont augmenté.
Du pain sur la planche
« Malgré ces défis, les autorités sont déterminées à entreprendre un assainissement budgétaire favorable à la croissance afin de contenir le déficit budgétaire à 3 % du PIB d’ici 2025 », salue le FMI. Pour cela, elles entendent redoubler d’efforts pour augmenter les recettes et améliorer l’efficience des dépenses, notamment en supprimant progressivement les subventions dans le secteur de l’Énergie. « Ces efforts devraient contribuer à reconstituer les cousins budgétaires et à permettre à la dette publique d’être sur une trajectoire résolument descendante à moyen terme. » Dans le même temps, les autorités s’engagent à renforcer les cadres de gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption.
On le sait, les perspectives de croissance du Sénégal, à moyen terme, semblent plus favorables avec le démarrage en 2024 de la production de pétrole et de gaz. Cependant, « les risques pesant sur les perspectives restent élevés et fortement orientés vers la baisse », prévient l’organisation de Washington. Qui cite pêle-mêle une croissance mondiale plus faible, des conditions financières plus resserrées, une guerre en Ukraine plus intense et prolongée, et une appréciation du dollar plus prononcée. Sans oublier les risques climatiques et politiques.
Le Sénégal a donc du travail : « Du côté des recettes, la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation de recettes à moyen terme devrait être accélérée pour améliorer la mobilisation des recettes, notamment par la rationalisation des exonérations de TVA et l’élargissement de l’assiette fiscale », recommande Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI.
Du côté des dépenses, si l’élimination progressive des subventions énergétiques non ciblées constitue « une priorité », elle doit s’accompagner « de mesures visant à renforcer les filets de sécurité sociale existants ». Une gestion prudente de la dette et une surveillance renforcée d’emprunt des entreprises publiques et des opérations de partenariat public-privé sont essentielles pour atténuer les risques pesant sur la viabilité de la dette.
Le FMI encourage enfin le Sénégal à mener « des actions urgentes » en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, « afin d’éviter d’éventuelles répercussions macroéconomiques et de réputation négatives et de sortir de la liste grise du GAFI ».
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