Cette diminution des réserves libres a touché l’ensemble des pays de la sous-région, bien que la Côte d’Ivoire et le Sénégal maintiennent un excédent de ressources supérieur à 100% par rapport aux réserves obligatoires. En revanche, le Togo, le Burkina Faso et le Bénin ont connu une forte baisse.
À la fin du mois de mars 2023, les réserves libres des banques opérant au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont enregistré une diminution de 116,4% sur une période de 12 mois, pour atteindre un niveau de 1 049,9 milliards FCFA (1,7 milliard $), contre 2 272,1 milliards FCFA un an auparavant, d’après la récente note de conjoncture de la Banque centrale (BCEAO). Elles représentent désormais 91% des réserves obligatoires, contre 221% précédemment.
Les réserves libres correspondent aux fonds excédentaires détenus par les banques au-delà des réserves obligatoires. Leur constitution relève de la discrétion des banques et n’est pas soumise à des exigences réglementaires spécifiques. Elles sont généralement utilisées pour répondre aux besoins quotidiens de liquidités des banques et pour gérer les opérations interbancaires.
La BCEAO n’a pas fourni d’explications détaillées concernant cette dynamique. Les premières observations révèlent que cette diminution des réserves libres a touché l’ensemble des pays de la sous-région, bien que la Côte d’Ivoire et le Sénégal maintiennent un excédent de ressources supérieur à 100% par rapport aux réserves obligatoires. En revanche, le Togo, le Burkina Faso et le Bénin ont connu une forte baisse, passant respectivement de 145,5%, 180,9% et 118,3% à -18,2%, 12,8% et 65,8%. L’augmentation des dépôts de plus de 4 000 milliards FCFA constitue peut-être une piste d’analyse. Cependant, même avec cette hausse, les réserves libres n’ont pas été absorbées à un tel niveau.
Par ailleurs, cette diminution des réserves libres survient alors que le taux de constitution des réserves obligatoires est resté inchangé par la Banque centrale à 3%. Néanmoins, il est à noter que les taux moyens sur le marché interbancaire, qui étaient pratiquement stables à 2%, selon la Banque centrale, entre juin 2020 et juin 2022, ont recommencé à augmenter pour atteindre 2,21% à la fin de mars 2023. Il est donc possible que plusieurs banques aient puisé dans leurs réserves disponibles afin de financer leurs interventions à court terme.
Face aux chocs successifs que connaît l’économie mondiale, la BCEAO a décidé de rendre l’accès aux liquidités à long terme plus difficile en augmentant ses taux directeurs. Parallèlement, elle poursuit une stratégie d’injection de liquidités à court terme en créant une concurrence entre les banques pour les obtenir avec des taux flottants. Le marché des titres publics a également montré des signes de difficulté en mars, avec des gouvernements ayant du mal à emprunter. Cette pression sur les réserves libres pourrait être le signe que le secteur bancaire a atteint un seuil critique.
Avec la diminution des prix des principaux produits exportés par les pays de l’union et une hausse progressive des prix de certains produits de première nécessité, la pression risque de s’accentuer sur les administrations et les autres acteurs économiques, mettant davantage à l’épreuve la capacité des banques de l’UEMOA à répondre aux besoins de financement qui leur sont présentés.