Les avertissements prononcés par le FMI sont le plus souvent adressés aux pays du sud, notamment ceux d’Afrique subsaharienne. Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui c’est un pays développé qui est ciblé, avec des demandes claires de procéder à des ajustements structurels.
La France, l’un des principaux partenaires de l’Afrique, a récemment reçu des « avertissements » du Fonds Monétaire International à propos de la qualité de ses dépenses publiques. L’institution estime en effet, que bien que la réponse budgétaire de la France aux chocs successifs de la période 2020 à 2022 ait été rapide et efficace, elle a été coûteuse, ce qui a réduit son espace budgétaire et accru sa dette publique en comparaison avec d’autres pays de même importance dans la zone euro.
Dans un rapport daté du 28 février 2023, les experts du FMI soulignent aussi, que l’augmentation des dépenses pour des secteurs comme la santé, la sécurité sociale ou encore l’éducation au cours des trois dernières décennies, laisse la France avec le ratio de dépenses le plus élevé en Europe. Ils recommandent ainsi à la France d’inverser cette tendance avec des réformes structurelles pour reconstruire les tampons fiscaux qui ont été érodés par la forte réponse budgétaire aux chocs successifs de 2020-2022.
En résumé, le FMI reproche à la France de dépenser plus que ce que son économie produit, et cette situation risque de ne pas changer à court terme. Les prévisions économiques de 2023 pour le pays sont préoccupantes : la croissance économique sera très faible à 0,7%, le déficit budgétaire sera le plus élevé d’Europe à 5% (au-dessus de la norme de convergence de la zone euro de 3%), et le déficit commercial a atteint en fin décembre 2022 son niveau le plus élevé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, à savoir 164 milliards €.
Même si les termes sont soigneusement choisis, le FMI demande à la France de procéder à des ajustements structurels, comme la réforme difficile des retraites, pour maintenir une politique budgétaire viable. Cette demande est soutenue par une préoccupation croissante en France pour la restructuration des dépenses publiques.
Selon un sondage publié par l’organisation Kantar Public en décembre 2022, 34% des Français étaient favorables à une réduction des dépenses publiques. Le 9 mars 2023, les membres de la Cour des Comptes en France ont également invité le gouvernement à engager un « redressement résolu » des finances publiques.
Pour l’instant, aucune implication de cette situation n’affecte les économies africaines. Toutefois, dans un scénario extrêmement négatif, des défis budgétaires en France pourraient entraîner des conséquences sur sa capacité à maintenir globalement ses engagements en matière d’aide au développement ou encore à poursuivre ses nouvelles ambitions d’investissements sur le continent.