Au cours d’une rencontre avec Akinwumi Adesina, le – probable – futur patron de la Banque mondiale, Ajay Banga, a insisté sur le renforcement du partenariat avec la Banque africaine de développement afin d’obtenir des résultats transformateurs.
Le candidat des États-Unis à la présidence du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, a effectué le 6 mars à Abidjan la première escale d’une tournée mondiale. Il a rencontré le président de la BAD (Banque africaine de développement), Akinwumi Adesina, sa haute direction et son conseil d’administration. L’occasion pour lui d’affirmer la nécessité de renforcer les liens décisionnels entre la BAD et la Banque mondiale ; et l’occasion pour la Banque africaine de rappeler les grands enjeux du développement.
« À l’échelle mondiale, il est nécessaire d’avoir une plus grande responsabilité pour lutter contre l’impact des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et protéger la biodiversité », rappelle Akinwumi Adesina.
Ajay Banga a souligné trois problèmes majeurs affectant de nombreuses régions du monde, qui le préoccupent. Il s’agit notamment des inégalités sociales, de la tension entre l’humanité et la nature et de la tendance à appliquer des solutions à court terme à des problèmes à long terme, ce qui ne donne que de « piètres résultats ». Il a rappelé combien les défis auxquels le monde est confronté se sont compliqués en raison de la pandémie de Covid-19, de la dégradation de l’environnement et de l’impact de la guerre russo-ukrainienne.
Le futur directeur général de la Banque mondiale, ancien PDG de Mastercard, considère que la technologie pourrait grandement contribuer à résoudre les défis auxquels le monde est confronté. Au cours de ses entretiens, il a longuement évoqué le rôle majeur du secteur privé dans la mobilisation des ressources en capital indispensables pour assurer un développement économique significatif. « Cela englobe les capitaux du secteur privé ainsi que son ingéniosité et sa capacité d’innovation, nécessaires pour relever les nombreux défis auxquels le monde est confronté », a-t-il déclaré. Ajay Banga devrait tenir un discours similaire auprès des pays prêteurs et emprunteurs qu’il visitera ces prochaines semaines.
De son côté, Akiwumi Adesina a déclaré que l’appel d’Ajay Banga pour un partenariat rénové faisait écho à ses propres idées. Il considère que les deux institutions devraient trouver une nouvelle manière de travailler ensemble. « Cela va au-delà de l’aspect financier. Il s’agit davantage de la façon dont nous travaillons ensemble pour optimiser les ressources en engageant les gouvernements, le secteur privé et d’autres parties prenantes à apporter des changements significatifs. »
Toutefois, Akinwumi Adesina juge pointe la menace existentielle la plus grave pour l’humanité : « Les changements climatiques déciment des vies, déplacent des personnes, créent des réfugiés et aggravent la pauvreté. » D’ailleurs, il a appelé à une nouvelle façon de mesurer la richesse des nations au lieu de la baser sur le PIB : « Cet indicateur ne tient pas compte de facteurs importants tels que la contribution d’un pays aux émissions de carbone et son impact sur la biodiversité », a-t-il déploré. « C’est ce que j’appelle le triangle des catastrophes : pauvreté croissante, chômage croissant des jeunes et dégradation de l’environnement, a mis en garde le président de la BAD qui voit là un terreau fertile pour le terrorisme. »
C’est pourquoi Akiwumi Adesina péconise l’établissement d’un conseil de sécurité mondial sur l’environnement et la biodiversité, deux préoccupations qui ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent par rapport à d’autres défis mondiaux tels que la guerre.
« À l’échelle mondiale, il est nécessaire d’avoir une plus grande responsabilité pour lutter contre l’impact des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et protéger la biodiversité. » Une pierre dans le jardin du président démissionnaire de la Banque mondiale, David Malpass, accusé par ses détracteurs de nier l’importance des questions environnementales.
Akinwumi Adesina souligné la nécessité d’accroître les opportunités économiques, en particulier dans les zones rurales où les investissements dans les infrastructures sont cruciaux. Des enjeux rappelés voici un mois au Sommet Dakar2 au cours duquel les États-Unis se sont engagés sur des pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture. Et au cours duquel les partenaires au développement avaient identifié des programmes de près de 52 milliards de dollars en soutien à l’agriculture et à la sécurité alimentaire pour la prochaine période de trois ans. Le président de la BAD a enfin appelé à une approche similaire pour résoudre le problème du manque d’énergie en Afrique.
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