ECONOMIE SENEGALAISE Une croissance sans contrôle

Les ministres Abdoulaye Daouda Diallo et Amadou Hott

La situation économique du Sénégal en ce moment ressemble fort à celle d’il y a 8 ans, avant la survenue de la seconde alternance politique. Les incertitudes liées à cette situation avaient conduit les concepteurs des politiques économiques du régime de Abdoulaye Wade  à envisager plusieurs scénarios, afin de ne pas être surpris, comme ils l’ont été, avec la crise qui a sévit dans le monde, entre 2008 et 2012. Cette crise avait très sérieusement affecté l’économie sénégalaise. Elle était caractérisée par des taux de croissance frôlant les 1%. Les grands agrégats macro-économiques étaient calculés alors en fonction de ces scénarios.

Seulement aujourd’hui, tel ne semble pas être le cas. Le gouvernement de Macky Sall, très optimiste, ne  prévoit qu’un seul scénario, celui dans lequel, notre économie fera une croissance de 5.2%, avec une maitrise de l’inflation, à 1.7 %. Cette attitude n’est-elle pas risquée ? Si l’on sait que la crise de la COVID 19, un facteur exogène a bien démontré que notre croissance économique n’était pas du tout solide. Pire, elle était fortement dépendante  de ce qui se passe à l’extérieur, en d’autres termes, des oscillations économiques internationales. Par exemple, le secteur touristique et celui des transports aériens ont un avenir incertain. Les principaux pays pourvoyeurs de touristes pour le Sénégal traversent actuellement une deuxième vague de la COVID 19, avec toutes ses conséquences.

En vérité, en dépit de ce que l’on veut bien nous faire croire, nous n’avons aucun contrôle sur cette croissance que l’économie sénégalaise a réalisé depuis 2014. Car, depuis 2012, il n’ya pas eu de secousse majeure (pas de hausse spectaculaire du prix du baril de pétrole, pas de hausse spectaculaire non plus  des prix des matières premières), ce qui permettait au navire Sénégal de voguer tranquillement  dans un océan économique plutôt calme. C’est la raison pour laquelle, le taux de 5.2% avancé pour 2021, alors que l’horizon n’est pas dégagé du tout, semble prétentieux et même populiste. D’autant plus qu’au niveau des ressources de l’Etat, les pertes de recettes occasionnées par cette crise sanitaire ont creusé un déficit budgétaire qui était en voie d’être maitrisé. Cette année en effet, le déficit budgétaire sera de 5% au lieu des 3% arboré fièrement ces dernières années par le gouvernement.

Donc, la prudence recommande d’envisager d’autres scénarios, pour ne pas avoir à revenir dire aux Sénégalais, c’est à cause de tel ou tel autre facteur que nos prévisions ne se sont pas réalisées. En réalité, il faut le reconnaître, on ne maitrise pas tout pour ne pas dire rien du tout !