Par Balkissa Idé Siddo, Directrice des politiques publiques en Afrique subsaharienne
La 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) s’est tenue cette année dans un contexte socio-économique complexe qui persiste à travers le monde dû à des économies encore déstabilisées par la Covid-19. A seulement huit années de l’échéance pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), il devient urgent de trouver des solutions ciblées aux problématiques telles que l’éradication de la pauvreté, l’ajustement aux changements climatiques et l’atteinte de l’égalité pour tous.
Ces problématiques mondiales, pour être résolues, nécessitent de la coordination, du temps et la diligence de toutes les parties prenantes.. L’Afrique compte des économies affichant les plus fortes croissances dans le monde, où des startups et des créateurs mènent une révolution numérique qui présage d’un impact positif à l’international. En développant la technologie qui pourrait un jour façonner le Metaverse, les dirigeants africains ont désormais l’opportunité de faire progresser le monde vers l’atteinte des ODD.
Le thème de l’Assemblée Générale des Nations Unies de cette année – “Un moment décisif pour des solutions transformatrices à des défis interdépendants” – est un rappel d’urgence quand au chemin qui reste à parcourir en nous assurant que personne ne soit laissée pour compte pendant que nous œuvrons pour un avenir durable. Les efforts d’innovation technologique de l’Afrique peuvent aider à développer les solutions transformatrices nécessaires.
Le prochain chapitre de l’Internet évolue rapidement et transforme le développement à très grande échelle, impactant ainsi l’économie mondiale.
Œuvrer pour un avenir durable
Bien que le Metaverse prendra des années à se développer, nous pouvons déjà entrevoir son potentiel pour atteindre les ODD.
Les réalités virtuelles et augmentées peuvent accompagner une variété d’objectifs mondiaux, de la formation à distance des médecins en faveur du développement de la santé et du bien-être (ODD 3) à l’accompagnement des dirigeants locaux à défendre les différentes actions pour atténuer les effets du changement climatique (ODD 13). Le potentiel du Metaverse à travers le continent africain pourrait contribuer à ces objectifs en promouvant des stratégies qui améliorent la santé, réduisent les inégalités et stimulent la croissance économique nécessaires pour améliorer la qualité de vie.
Nous sommes convaincus que l’Afrique peut jouer, et jouera certainement un rôle essentiel dans le Metaverse en créant de nouvelles opportunités pour les marques africaines afin de raconter leurs histoires singulières et d’exporter une culture et de nouvelles expériences immersives pour les consommateurs. Cette réalité n’est plus une fiction car la population africaine deviendra la plus grande main-d’œuvre du monde d’ici 2035.
La digitalisation occupe le devant de la scène à travers le continent et transforme la manière dont nous travaillons, créons des emplois, communiquons avec nos amis et nos familles, et accédons aux services publics. L’écosystème florissant des startups en Afrique a été une belle démonstration de cette croissance émergente, inspirant ainsi une vague d’innovations à travers le continent.
Cet écosystème de startups continue de renforcer une communauté numérique et anticipe le potentiel de l’Afrique dans le futur de l’internet, qui n’est autre que le Metaverse. Une étude récente réalisée pour Meta par le cabinet de conseil économique indépendant Analysis Group estime que si l’adoption du Metaverse commençait aujourd’hui et se développait à la même vitesse que la technologie mobile en Afrique subsaharienne, elle pourrait être associée à une contribution de 1,8 % au PIB régional dans les 10 prochaines années, soit 40 milliards de dollars d’ici 2031.
Alors, comment l’Afrique peut-elle rejoindre le mouvement et développer des solutions non seulement pour le continent, mais pour tout l’écosystème du développement durable ?
Le Metaverse se construit aussi en Afrique
À bien des égards, le Metaverse sera l’évolution naturelle de l’internet. Nous sommes passés des services web principalement basés sur du texte, à des services basés sur la parole et la vidéo. Le Metaverse est la génération d’après – une expérience 3D plus immersive, caractérisée par un sentiment de présence comme si vous étiez ailleurs avec une autre personne. Cela se traduit par une expérience plus humaine de l’internet que celle que nous connaissons aujourd’hui. En effet, cette dernière sera plus physique, interactive et basée sur la parole plutôt que sur des écrans plats, remplis de textes et d’images. Le Metaverse aura donc le potentiel d’ouvrir un monde d’opportunités pour les populations africaines.
Bien que notre vision du Metaverse soit encore lointaine, nous constatons que les entreprises ainsi que les innovateurs africains commencent d’ores et déjà à bâtir les bases de cet avenir commun, avec une volonté et un engouement constant de donner vie à ce projet, ici en Afrique.
Afin de donner un aperçu de la réalité actuelle, le continent occupe pleinement son siège à la table du Metaverse grâce à ses nombreux talents créatifs. Le Nigérian Mosope Olaosebikan, fondateur du premier musée numérique d’Afrique, façonne à sa manière le récit culturel et humain en utilisant des méthodes immersives et innovantes de préservation du patrimoine, telles que la RA et la RV. Pixel Chefs, agence créative Sud-Africaine innovante, utilise les nouvelles technologies numériques pour créer des expériences immersives et impactantes pour ses clients locaux et internationaux. Enfin, l’entreprise Kényane Black Rhino VR, entreprise de production de réalité virtuelle située à Nairobi, crée des solutions et des contenus RV et RA sur mesure, adaptables et pertinents pour le marché africain et international.
Bien que les entreprises tech telles que Meta participent activement à la construction du Metaverse sur le continent en investissant dans des programmes comme que le projet 2Africa, dont l’objectif est d’accélérer l’accès à un internet rapide et fiable en Afrique, il reste encore beaucoup à faire afin de mettre en place des collaborations constructives et durables pour le Metaverse en Afrique.
La réalisation effective de ce projet nécessitera des alliances pertinentes entre les entreprises, les développeurs, les créateurs et les décideurs politiques. Nous devons travailler ensemble pour construire un Metaverse inclusif pour l’Afrique qui réduira la fracture numérique et assurera une représentation équitable de toutes les populations au niveau mondial, ainsi que sur le continent.
La diversité et le dynamisme du continent africain favorisent la créativité, l’agilité, l’innovation et la liberté ; éléments nécessaires pour construire un Metaverse au service du développement durable de l’Afrique.