La catastrophe sanitaire n’a pas eu lieu, mais le choc économique est bien là. La recrudescence de l’émigration clandestine en est une parfaite illustration. La jeunesse quitte de nouveau le pays pour un horizon meilleur. Même si, ils n’ont aucune certitude sur ce qu’ils vont trouver là-bas. C’est ça le plus inquiétant !
Au tout début de la pandémie de la COVID 19, le tableau esquissé pour l’Afrique était bien sombre. Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Gutierrez, avait même dans une sortie malheureuse déclaré que les Africains allaient mourir par millions, à cause de cette maladie, venue de Chine.
Dix mois plus tard, il faut bien se rendre compte que la catastrophe sanitaire annoncée n’a pas eu lieu. Les pays africains dans leur ensemble ont pu faire face, malgré des plateaux médicaux moins performants que ceux des occidentaux. Certains observateurs avancent une bonne gestion de la crise par les gouvernements et organisations africains, d’autres invoquent la jeunesse des populations, ou encore un climat qui n’est pas favorable à un développement de la maladie pour expliquer ce phénomène. En tout cas, c’est quelques milliers de morts qui ont été dénombrés (48. 692, il y a quelques jours). Alors qu’en Occident et dans les autres parties de la planète, le bilan est très lourd.
Heureusement pourrait-on soupirer nous autres Africains. Si la catastrophe prédite s’était réellement produite, le continent aurait eu beaucoup de mal à se relever. Toutefois, sur le plan économique, le désastre est bien là. En réalité, malgré les efforts des gouvernants, la situation est très préoccupante. Au Sénégal, la croissance du produit intérieur brut va tomber à -0.7%. Peut-être que la bonne pluviométrie de cette année inversera légèrement la tendance.
La courbe de croissance du Sénégal a toujours évolué vers le haut ces dernières années. Elle avait atteint même une moyenne honorable de 6%, faisant de l’économie sénégalaise l’une des plus dynamiques du continent africain.
Cette situation économique difficile n’est-elle pas aggravée par la perception qu’ont les populations à propos des pourparlers entre les hommes politiques ? Il est très difficile de ne pas croire que les dernières évolutions dans ces relations entre politiques ne montrent pas que ces derniers ne se préoccupent guère du sort des populations.
Le plan de résilience financé à hauteur de 1000 milliards de FCFA, selon les chiffres communiqués par les deux départements, en charge de cette question a certes eu des effets positifs. Il a permis à certains secteurs de résister à cette crise. Par contre, d’autres se sont carrément effondrés. Cela se sent de plus en plus avec une jeunesse qui commence à fuir le pays. Ce sont en effet les jeunes qui ont le plus souffert de cette situation. D’ailleurs, ils ont été les premiers à marquer leur ras-le-bol, quant aux mesures de restrictions prises par le gouvernement, pour gérer l’évolution de la pandémie dans le pays. Il semble qu’ils ne sont pas convaincus par les milliards de FCFA annoncés et qui seront déployés pour la réussite du Plan de Relance économique. N’ont-ils pas raison ? Le déficit budgétaire maitrisé depuis quelques années sera de 5%, en 2021. Le gouvernement devra trouver les moyens pour combler ce gap. Comment vont-ils faire ?
Le discours mielleux servi par les responsables d’Agences en charge des questions de l’emploi et du financement des projets de jeunes, du genre « nous allons trouver du travail à la jeunesse », « nous allons leur trouver des financements », comme s’ils pouvaient réinventer la roue, ne passe pas. Cette préfèrent apparemment affronter la terrible traversée de la méditerranée, pour aller tenter leur chance dans un Eldorado hypothétique.