Le Sénégal répond à l’urgence et prépare l’avenir

Moussa Baldé, ministre de l’agriculture et de l’équipement rural du Sénégal

Le pays de la Teranga se dote d’un programme de moyen terme destiné à appuyer l’agriculture diversifiée et durable, afin d’atteindre sa souveraineté alimentaire. Et déploie, avec l’appui de la BAD, un plan d’urgence en aide aux petits producteurs touchés par la crise.

L’Afrique n’a pas besoin de blé mais de fertilisants, a déclaré Macky Sall lors du sommet annuel de l’IDA (Association internationale de développement), le 7 juillet 2022. Précisément, le Sénégal qu’il préside, doit répondre à l’urgence alimentaire tout en préparant le long terme. Le pays vient de se doter d’un « Programme agricole pour la souveraineté alimentaire durable » (Pasad). « Cette nouvelle politique agricole, à travers ce programme, repose sur une ambition claire pour construire une agriculture productrice, compétitive, diversifiée, durable et pourvoyeuse d’emplois décents à l’horizon 2025», explique Moussa Baldé, à la tête du ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer). Qui estime son coût à 1 021 milliards de F.CFA (1,56 milliard d’euros) jusqu’en 2025.

Le nouveau programme de moyen terme s’articulera autour du programme de renforcement de la riziculture, du programme de développement de l’horticulture et du programme de développement des céréales sèches.

Selon le président Macky Sall, le Sénégal produirait déjà 4 millions de tonnes de céréales cette année en concentrant les efforts sur la productivité agricole et le soutien aux petites exploitations.

Précisément, ces dernières viennent de recevoir un coup de pouce de la BAD (Banque africaine de développement) qui a accordé un prêt de 121 millions d’euros au Sénégal pour la mise en œuvre d’un programme agricole d’urgence au profit de 850 000 petits producteurs, dont 35% de femmes.

« La dépendance du Sénégal vis-à-vis de l’extérieur pour les produits de base et les denrées alimentaires, constitue un goulet d’étranglement et pose la problématique de la souveraineté́ alimentaire du pays, accentuée par la guerre russo-ukrainienne », explique Mohamed Chérif, représentant de la BAD au Sénégal. « Cette opération de la Banque vise à atténuer les chocs exogènes sur les plans financier, économique, social et climatique, et à maintenir la tendance haussière de la production céréalière observée ces dernières années, notamment en concentrant les efforts sur la disponibilité des principaux intrants auprès des producteurs (semences et engrais). »

Un programme en trois axes

Ce prêt est le premier qui lance la mise en œuvre sur le terrain de la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars élaborée par la BAD pour faire face à la crise alimentaire qui menace l’Afrique du fait de la guerre russo-ukrainienne. Le 20 mai, la BAD avait adopté la facilité qui fournira des semences agricoles à 20 millions de producteurs du continent. Les variétés concernées sont le blé, le maïs, le riz et le soja. L’objectif est de produire 38 millions de tonnes de nourriture supplémentaires d’une valeur de 12 milliards $ pour les deux prochaines années.

Dénommé « Programme de production alimentaire d’urgence », le programme se décline en trois axes : améliorer l’accès aux semences certifiées et l’appui conseil ; améliorer l’accès des exploitants agricoles aux engrais ; et améliorer la gouvernance et le déploiement des politiques publiques dans le secteur agricole.

S’agissant du premier axe d’intervention, le programme permettra d’acquérir 7 000 tonnes de semences céréalières, 3 000 tonnes de semences de niébé et 15 000 tonnes de semences de pomme de terre au profit des producteurs. Qui sont souvent des productrices.

En outre, une convention de partenariat entre le Maer et l’Institut sénégalais de recherches agricoles facilitera la fourniture de semences de prébase. Ainsi, au moins 850 multiplicateurs semenciers (dont 25% de femmes), se recevront des semences. Quelque 350 000 hectares supplémentaires seront ensemencés pour donner une production additionnelle de 600 000 tonnes de céréales (riz, maïs, mil) environ, 120 000 tonnes de niébé et 150 000 tonnes de pomme de terre.

Pour le deuxième axe, 118 000 tonnes d’engrais supplémentaires seront acquis en 2022 et 2023, et une étude-diagnostic sera menée pour la réforme globale du système de distribution des engrais et améliorer les procédures de subventions des intrants agricoles. Le programme accompagnera la numérisation de la distribution des intrants, dont la phase pilote ciblera 20 % des bénéficiaires d’engrais, dont 35 % de femmes.

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