Augmentation sélective du prix du supercarburant : Le gouvernement cherche-t-il à éviter une ébullition du front social ?

En décidant d’augmenter uniquement le prix du litre de supercarburant, le gouvernement semble vouloir éviter une situation qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur les résultats des élections législatives à venir. Toutefois, le choix opéré par l’Etat du Sénégal est-il la bonne démarche, surtout avec ces nombreuses incertitudes qui planent sur l’économie mondiale pour les mois à venir.

Le gouvernement du Sénégal a finalement pris la décision d’augmenter le prix du litre de supercarburant, qui passe de 775  à 890 FCFA, soit une hausse de 115 FCFA sur le litre.  Si on fait la comparaison sur les prix du litre du super dans les  autres pays de la sous-région, on constate qu’au Sénégal la grille de prix est beaucoup plus corsée. En Côte d’Ivoire, le litre de super est commercialisé à 735 FCFA, au Mali à  762 FCFA et au Togo à 625 FCFA. L’autre constat que l’on peut faire, c’est que le prix du litre de supercarburant au Sénégal était même plus coûteux  avant cette présente augmentation. A quoi cela est-il dû ? Comment un pays comme le Mali sous embargo, dont les produits pétroliers passent par le Sénégal peut-il appliquer des prix moins chers que le Sénégal ? Le président Macky Sall s’était posé la même question en 2012.   La même question peut se poser à propos de la Côte d’Ivoire, première économie de la zone.

Pour expliquer cette différence, les responsables du ministère du Pétrole et des Energies avancent comme arguments, que l’on ne peut pas faire la comparaison dans un tel cas de figure. Dans tous les cas, la hausse est finalement intervenue. Maintenant, pourquoi, ne concerne-t-elle que le supercarburant ? Pourquoi les autres catégories ne sont pas touchées ?  Nous savons que ce sont tous des produits dérivés du pétrole et que le prix de l’or noir a pris l’ascenseur. Cette hausse devrait normalement se répercuter sur tous  les prix  des produits des  hydrocarbures.

Les législatives : le facteur bloquant ?

La logique aurait voulu que le gouvernement en augmentant le prix du litre de super en fasse de même pour les autres produits pétroliers. Mais il a décidé de ne pas toucher à ces produits. Car, augmenter le prix du gas-oil (le carburant le plus utilisé) aura comme conséquences, l’augmentation des prix dans les transports en commun, ainsi que les transports des marchandises. Elle peut également entraîner une hausse sur le prix de certains produits de grande consommation comme le pain. En effet, dans le processus de fabrication du pain intervient le gas-oil. Le fuel Senelec de même que le gas-oil Senelec aurait dû connaître aussi des hausses. Ce qui aurait comme conséquences également une hausse des tarifs de l’électricité. Le gouvernement a ainsi opté pour un blocage des prix de certains produits pétroliers pour ne pas voir s’enchainer une augmentation des prix dans tous les segments de l’économie. Cela sans doute pour ne pas aggraver l’inflation qui a atteint un niveau très inquiétant. Ce choix du gouvernement est salutaire pour une population qui vit difficilement cette situation. Seulement voilà, il ne pourra certainement pas être respecté  dans le long terme. Car, le gouvernement n’a pas les moyens de continuer à subventionner. Il faudra tôt ou  tard arrêter ces subventions. Et cette décision risque d’intervenir tout juste après les élections législatives et quel que soit le vainqueur. Cette coalition aura la délicate tâche, de procéder à l’augmentation des prix, de tous les produits pétroliers et devra faire face à une situation que le gouvernement en place n’a pas voulu affronter, pour des raisons sans doute liées à ces joutes électorales, du 31 juillet 2022.

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